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Vos questions — 15 minutes

Pelletage: mode d’emploi pour le cœur

Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique

Chaque année, l’hiver nous ramène son lot de beaux paysages blancs, mais aussi de bordées de neige qu’il faut pelleter. Bien que cette activité permette de bouger et de prendre l’air, elle peut être éprouvante pour le cœur. Le risque d’hospitalisations pour un infarctus du myocarde serait plus élevé au lendemain d’une tempête, et il augmenterait à mesure que la température baisse. Mais il est possible de limiter les effets néfastes du pelletage et de profiter de ses bons côtés en posant quelques gestes simples.

Pelleter, une activité exigeante

Le pelletage est bel et bien considéré comme une activité physique intense. Imaginez: en déplaçant 5 kg de neige (une pelletée moyenne) toutes les 5 secondes, vous déplacez 60 kg de neige en 1 minute. Après 20 minutes, cela représente quelque 1 200 kg de neige [1]. Une tâche pour le moins impressionnante!

Les effets du pelletage sur le cœur

Les efforts requis pour manier la pelle pourraient se comparer à ceux d’une course à pied d’allure moyenne, soit de 6 à 9 km/h selon le poids de la neige et le rythme de pelletage [2]. Et comme toute activité exigeante, pelleter de la neige peut mettre le système cardiovasculaire à rude épreuve. Que se passe-t-il au juste?

  1. Le rythme cardiaque s’accélère rapidement. Certaines personnes peuvent atteindre leur fréquence cardiaque maximale en moins d’une minute.
  2. La pression artérielle augmente, ce qui entraîne une déformation des vaisseaux sanguins, qui reviennent à la normale lorsque la pression diminue.
  3. Chez les personnes moins en forme, cette déformation peut causer la rupture d’une plaque d’athérome (amas graisseux sur les parois des artères coronaires) et mener à une crise cardiaque [4].
La neige, un indice de crise cardiaque 

Une des rares études épidémiologiques statistiquement significatives sur les liens entre les précipitations de neige et les risques d’infarctus du myocarde (IDM) a conclu que le nombre d’IDM augmente les jours de tempête de neige, principalement chez les hommes [3]. Cependant, on ne sait pas si c’est parce que les hommes pellettent davantage ou parce que les femmes le font de façon plus sécuritaire.

Il faut noter que l’étude n’établit pas de lien direct entre le pelletage et l’IDM, mais les auteurs sont d’avis que le pelletage suivant une tempête de neige est l’une des causes les plus plausibles de l’IDM. Fait surprenant, le risque accru d’IDM pendant les tempêtes de neige n’était pas associé à l’âge ou à des facteurs identifiés de risques cardiovasculaires.

Quand le froid s’en mêle

L’exposition à des températures froides affecte aussi le système cardiovasculaire, car l’organisme a besoin de plus d’énergie et d’oxygène pour maintenir la température du corps, ce qui augmente le stress sur le cœur et les artères. Lorsque le froid est combiné à l’exercice, le cocktail peut se révéler encore plus nocif.

Les effets du froid sur le cœur

L’exposition à l’air froid provoque la contraction des vaisseaux sanguins, ce qui prévient les pertes de chaleur. Comme on l’a vu plus haut, cela peut causer la rupture d’une plaque sur la paroi des artères et occasionner une crise cardiaque. De plus, le froid a tendance à augmenter le fibrinogène, une protéine qui favorise la coagulation du sang et peut causer des caillots responsables d’infarctus [4].

Plus il fait froid, plus les risques augmentent

Plusieurs études associent l’exposition à des températures froides à une augmentation des malaises cardiaques (angine, arythmies) et à un risque accru d’infarctus du myocarde. Par exemple, une étude suédoise a montré une plus grande incidence d’infarctus du myocarde à des températures sous 0 °C [5] alors que des chercheurs britanniques ont estimé que chaque diminution de 1 °C sous une certaine température augmente de 2% le risque d’infarctus du myocarde dans les 28 jours suivants [6].

Pour pelleter de bon cœur

Bien qu’il cause parfois des malaises et des blessures, le pelletage offre plusieurs avantages. Comme toute autre activité physique, il est bon pour notre humeur et notre forme, sans compter qu’il nous permet de brûler quelques calories. Pour limiter les risques associés à cette activité hivernale et épargner votre cœur, assurez-vous de prendre quelques précautions.

  1. Avant de pelleter, échauffez-vous en allant marcher un peu ou en sautillant sur place.
  2. Évitez de pelleter après avoir mangé et buvez de l’eau régulièrement.
  3. Prenez de petites pelletées et évitez de lancer la neige trop haut. La pousser demandera moins d’effort.
  4. Réduisez le rythme ou arrêtez en cas d’essoufflement. Vous devriez être capable de parler en pelletant.
  5. Surveillez les signes de malaise et arrêtez toute activité si une douleur persiste.
Infarctus: que faut-il surveiller?

Voici quelques-uns des symptômes d’un infarctus [7]:

  • Douleur à la poitrine, pouvant s’accompagner de sensations d’inconfort, de serrement, de pression, de lourdeur, de ballonnement, de brûlure
  • Douleur qui irradie de la poitrine
  • Douleur dans le haut du corps : cou, mâchoires, épaules, bras
  • Essoufflement
  • Pâleur, sueurs et faiblesse générale
  • Nausées, vomissements et parfois indigestion
  • Peur et anxiété

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Sources7
  1. Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail. « Pelletage Neige », Fiches d’information Réponse SST (mise à jour le 4 août 2016), https://www.cchst.ca/oshanswers/ergonomics/snowshovelling.html.
  2. Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa. « Réadaptation cardiaque : activité physique », Guides à l’intention des patients, https://www.ottawaheart.ca/fr/réadaptation-cardiaque-activité-physique/facteurs-saisonniers. Consulté en ligne le 15 décembre 2022.
  3. N. Auger, B.J. Potter, A. Smargiassi et coll. « Association between quantity and duration of snowfall and risk of myocardial infarction », CMAJ, vol. 189, no 6 (13 février 2017), p. e235-e242, https://www.cmaj.ca/content/cmaj/189/6/E235.full.pdf.
  4. Gouvernement du Canada. « Cet hiver, pensez à votre cœur », Agence de la santé publique du Canada, https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies-chroniques/maladie-cardiovasculaire/hiver-pensez-a-votre.html. Consulté en ligne le 15 décembre 2022.
  5. Moman A. Mohammad, Sasha Koul, Rebecca Rylance et coll. « Association of Weather With Day-to-Day Incidence of Myocardial Infarction. A SWEDEHEART Nationwide Observational Study », JAMA Cardiology, vol. 3, no 11 (2018), p. 1081-1089, https://jamanetwork.com/journals/jamacardiology/article-abstract/2706610.
  6. Krishnan Bhaskaran, Shakoor Hajat, Andy Haines, Emily Herrett, Paul Wilkinson, Liam Smeeth. « Short term effects of temperature on risk of myocardial infarction in England and Wales: time series regression analysis of the Myocardial Ischaemia National Audit Project (MINAP) registry », British Medical Journal, vol. 341 (10 août 2010), c3823, https://www.bmj.com/content/341/bmj.c3823.
  7. Gouvernement du Canada. « Comment savoir si je fais une crise cardiaque », Agence de la santé publique du Canada, https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies-chroniques/maladie-cardiovasculaire/comment-savoir-fais-crise-cardiaque.html. Consulté en ligne le 15 décembre 2022.
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique
Pendant une cinquantaine d’années, Raymond Lepage a agi comme biochimiste clinique responsable de laboratoires tant publics que privés. Professeur agrégé de clinique à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et professeur associé à l’Université de Sherbrooke, il a également été consultant, chercheur, expert juriste et conférencier. Auteur ou coauteur de plus de 100 publications parues dans des congrès et des revues scientifiques, il consacre désormais une partie de sa semi-retraite à la vulgarisation scientifique.