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L'andropause et l'influence de la testostérone sur le leadership
La virilité et le leadership sont souvent associés à la testostérone. On imagine ainsi le mâle alpha en chef de meute, rempli de cette hormone si masculine. Mais, qu’en est-il réellement? Existe-t-il un lien étroit entre un surplus de testostérone et l’accès au pouvoir? Et quelles sont les répercussions sur l’homme à l’âge de l’andropause lorsque le taux de testostérone diminue?
La testostérone : synonyme de virilité et de leadership?
Une étude tend à démontrer qu’un fort taux de testostérone chez l’homme pourrait avoir un lien avec l’accès à des fonctions professionnelles importantes. Elle a cependant été réalisée sur un faible panel de 78 cadres masculins en formation à Harvard et doit donc être reçue avec réserve. L’étude établit ainsi que :
- Les participants avec des taux de testostérone plus élevés sont responsables d’un plus grand nombre d’employés;
- Ces leaders possèdent un plus faible taux de cortisol (l’hormone du stress) par rapport à leurs collègues.
Ce serait donc l’association de ces deux phénomènes qui expliquerait la « réussite » de ces participants. De fait, la combinaison d’un fort taux de testostérone à un faible taux de cortisol pourrait accentuer la tolérance au stress et donc la faculté de mieux diriger.
Si l’on sait que l’excès de testostérone entraîne souvent une gestion du pouvoir axée sur la domination, il semblerait donc qu’un taux de cortisol bas aide les hommes à tempérer leur agressivité. Ils seraient ainsi plus à même d’exercer leur fonction en évitant les affrontements.
Bien entendu, ce ne sont actuellement que des pistes de réflexion pour les chercheurs et il faudra attendre quelques années encore pour obtenir des études plus sérieuses sur le sujet. Il est aussi important de préciser qu’aucun point de comparaison n’a été établi avec les capacités de management des femmes et qu’il serait pour le moins prématuré d’en tirer quelque conclusion que ce soit.
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L’âge de l’andropause, lorsque le taux de testostérone diminue
L’andropause, autrement appelée hypogonadisme d'apparition tardive, se traduit chez les hommes par une baisse faible et régulière de la production de testostérone et d’autres hormones. Les conséquences sur la santé sont nombreuses et souvent peu spécifiques. On remarque en tout cas que cette baisse de production de testostérone apparaît généralement vers la quarantaine et qu’elle s’étend sur une période d’une vingtaine d’années, voire plus.
Elle est aussi parfois comparée, à tort, au cas de la ménopause chez les femmes. En effet, la ménopause apparaît brusquement et consiste en une chute d’hormones très prononcée sur un laps de temps plus court. Cette situation engendre la fin de l’ovulation et donc de la fertilité féminine, ce qui n’est pas le cas pour l’homme. [1]
Comment reconnaître les symptômes?
Dans les faits, seulement 15 à 20 % des hommes sont confrontés à l’andropause au cours de leur vie. Généralement, la baisse de testostérone liée à l’âge est de l’ordre de 1 % par année à partir de 40 ans. Ce n’est donc que vers l’âge de 65 ans et plus que la gent masculine s’aperçoit véritablement d’un changement dans son état de santé générale. [2]
Pour une minorité des hommes en revanche, les symptômes apparaissent à un plus jeune âge. Ils se manifestent généralement par une baisse du désir sexuel, une diminution de l’énergie et des compétences sportives, voire par des bouffées de chaleur excessives. Il est aussi important de préciser que si l'hypogonadisme peut affecter le désir, il n’a pas d’influence directe sur l’appareil reproducteur et n’est pas synonyme d’impuissance.
Ces manifestations peuvent créer une certaine détresse et aboutir à des changements d’humeur et à une forme de dépression. Il est donc primordial de savoir détecter les symptômes éventuels de l’andropause.
Reconnaître et vivre avec l’andropause
Établir un diagnostic
En cas de doute, il est possible d’effectuer des tests hormonaux qui peuvent donner de premières indications. Cependant, comme le taux d’hormone varie passablement d’un homme à l’autre, un test ne suffit pas à poser un diagnostic précis. Il est donc également important de connaître les habitudes de vie de chacun, afin de déterminer si les changements physiologiques perçus peuvent être liés à d’autres causes. [3]
Le diagnostic d’hypogonadisme se base sur divers signes évoquant un déficit en testostérone. Ces symptômes sont décrits dans deux questionnaires. Les réponses sont ensuite évaluées par le médecin et lui permettent de déterminer la nécessité d’effectuer des tests plus poussés en laboratoire, comme le dosage de la testostérone.
Les médecins utilisent des questionnaires pour les aider à diagnostiquer l’andropause. Les deux les plus utilisés sont ceux d’ADAM (Androgen Deficiency in the Aging Male) et d’AMS (Aging Male Symptom Score). Voici le genre de questions posées dans ces questionnaires :
- Éprouvez-vous une baisse de votre libido?
- Éprouvez-vous une diminution de votre joie de vivre?
- Éprouvez-vous un manque d’énergie?
- Éprouvez-vous une baisse de votre force musculaire ou de votre endurance?
- Éprouvez-vous une diminution de vos capacités sportives?
- Est-ce que votre taille (grandeur) a diminué?
- Vos érections sont-elles moins fermes?
- Êtes-vous triste ou maussade?
- Vous endormez-vous après avoir mangé?
- Votre rendement professionnel s’est-il dégradé dernièrement?
Si le patient répond oui aux questions 1 ou 7 OU à trois questions, il y aurait lieu de procéder à des épreuves biochimiques.
Traitements possibles
L’andropause est un phénomène complexe et nécessite un portrait global de la situation de l’individu afin de lui proposer des solutions adaptées. Dans certains cas, l’administration de testostérone constitue un remède efficace. Une évaluation préalable de la prostate devra être effectuée puisque le traitement est incompatible avec toute anomalie de cet organe. Dans d’autres situations, il est préférable de chercher plutôt à modifier certaines habitudes de vie.
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L’importance de savoir observer les changements
Comme évoqué précédemment, l’andropause ne se traduit pas de la même manière chez tous. Ainsi, des symptômes incorrectement associés à l’hypogonadisme peuvent être dus à des causes très éloignées, telles que de mauvaises habitudes de vie ou des événements perturbateurs récents. Il est donc important de bien analyser certains facteurs physiques et psychologiques et de faire un bref historique de chacun avant de poser un diagnostic.
L’andropause peut également avoir des répercussions sur le style de leadership de l’individu et lui imposer une nouvelle manière d'aborder ses responsabilités d'encadrement. Quoi qu’il en soit, il s’agit souvent d’une période difficile, comparable au deuil de la jeunesse et des meilleures années physiques. Par contre, ce peut être un moment propice à la réinvention de soi, à la définition de nouveaux objectifs et à l’exploration de nouvelles voies. Ainsi pour le psychologue Yvon Dallaire [4], il s’agit d’« une transition vers l’âge d’or » qu’il convient sans doute de savoir apprivoiser tant dans la sphère privée que professionnelle.
Pour du soutien professionnel, nous sommes là.
Nous offrons des services qui peuvent aider votre médecin à diagnostiquer l’andropause et à déterminer le traitement le plus adapté.
- Testostérone totale: représente généralement bien l’activité biologique de la testostérone naturelle ou médicamenteuse au niveau des tissus.
- SHBG: aide à l’interprétation de taux anormaux de testostérone.
- Testostérone biodisponible: des taux de testostérone biodisponible abaissés sont compatibles chez l’homme avec un hypogonadisme primaire ou secondaire à un problème hypophysaire
- Testostérone libre: des taux de testostérone libre abaissés sont compatibles chez l’homme avec un hypogonadisme primaire ou secondaire à un problème hypophysaire.
- Ostéodensitométrie: mesure de la densité osseuse
Vous avez une ordonnance médicale en main pour l’un de ces tests? Prenez rendez-vous en ligne ou joignez le service à la clientèle de Biron Groupe Santé au 1 833 590-2712.
Clinique Mayo. (2020, 20 juin). Male menopause: Myth or reality? https://www.mayoclinic.org/healthy-lifestyle/mens-health/in-depth/male-menopause/art-20048056
Genecand-Le Temps, M.-P. (2017, 10 avril). L’andropause, la vieillesse en pente douce. Le Devoir. https://www.ledevoir.com/societe/sante/495997/la-chute-hormonale-peut-aussi-affecter-les-hommes-de-facon-importante
ibid
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