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Science  —  8 minutes

La maladie de Lyme

10 mai 2024
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique
maladie du lyme insecte

Qu’est-ce que la maladie de Lyme?

La maladie de Lyme porte le nom de la petite ville du Connecticut où l’on a observé une explosion de cas d’arthrite rhumatoïde chez un grand nombre d’enfants en 1975. Ce n’est que sept ans plus tard qu’on a confirmé que ces cas étaient attribuables à la bactérie B. Burgdorferi, transmise par une seule variété de tiques : la tique à pattes noires, aussi appelée tique à chevreuil.

Les régions les plus touchées

Nous retrouvons la tique à pattes noires dans les régions où abondent le cerf de Virginie (chevreuil) et la souris à pattes blanches, les deux principaux réservoirs de B. Burgdorferi. Le territoire de la tique, d’abord concentré en Montérégie, en Estrie et dans le sud de l’Ontario, s’étend maintenant vers le nord à raison de 33 à 55 km par an (1). Puisque les tiques peuvent être transportées par les oiseaux, le risque de contracter la maladie de Lyme, actuellement plutôt faible dans les autres régions, va croître avec le réchauffement climatique (2).

Les tiques à pattes noires sont surtout actives durant l’été (juin, juillet et août), bien qu’elles puissent également infecter des personnes dès que les températures sont supérieures à 4°C (avril à décembre).

De 20 % à 25 % des tiques à pattes noires sont contaminées par la B. Burgdorferi mais ce taux peut s’élever à 40 % dans les régions où elle est bien installée. Ce ne sont donc pas toutes les piqûres de cette tique qui entraîneront la maladie de Lyme. De plus, pour que la bactérie soit inoculée dans le corps humain, il faut que la tique ait été présente sur la peau pendant plus de 24 heures.

Une maladie grave

Certaines personnes ne ressentiront que des symptômes très légers – voire aucun – à la suite d’une infection par la bactérie. Mais pour d’autres, la situation sera plus préoccupante.

La manifestation la plus visible de cette infection est l’apparition sur la peau d’une rougeur, qui s’étend de jour en jour pour atteindre un diamètre de plus de 5 cm. Appelée « érythème migrant », cette rougeur prend souvent la forme d’une cible de tir. Elle survient de 3 à 20 jours après la piqûre et est souvent accompagnée de symptômes d’allure grippale, comme de la fièvre, de la fatigue, des maux de tête ou des douleurs musculaires et articulaires.

Si l’infection n’est pas traitée, les conséquences peuvent être sérieuses au cours des semaines et des mois qui suivent :

  • paralysie des nerfs du visage (paralysie de Bell);
  • douleurs et engourdissements des membres;
  • raideur de la nuque;
  • troubles du rythme cardiaque;
  • douleurs articulaires
  • atteintes chroniques aux grosses articulations (après plusieurs années).
La maladie de Lyme « longue »

Selon plusieurs individus atteints et professionnels de la santé, il existerait également une autre forme chronique de la maladie de Lyme du même type que celle associée à la COVID longue. Cette forme pourrait se manifester plusieurs années après une infection non-traitée et se traduire par une fatigue chronique et des douleurs musculaires et articulaires. Bien que les autorités médicales reconnaissent l’existence d’un syndrome post-traitement de la maladie de Lyme chez plusieurs personnes, celle d’une forme chronique de la maladie sans diagnostic initial est l’objet d’une plus forte controverse. Ce débat est alimenté par la difficulté actuelle à déceler à coup sûr des traces de la présence de la bactérie dans le corps après plusieurs années ainsi que par la nature dangereuse du traitement qui consiste à administrer des antibiotiques à large spectre très puissants comme la doxycycline pendant plusieurs mois. Des recherches sont en cours pour confirmer si l’hygromycine A, un antibiotique à faible spectre (très spécifique à B. Burgdorferi) récemment « redécouvert », pourrait offrir un traitement avec moins d’effets secondaires indésirables (3).

Diagnostic, symptômes et traitement

Dans la grande majorité des cas (80 %), c’est la présence d’un érythème migrant qui permet d’établir un diagnostic de la maladie de Lyme au cours de la période s’étendant de quelques jours à trois semaines après l’infection. S’il s’avère, en plus, que la personne a résidé ou séjourné dans une région contaminée par la tique à pattes noires, tout doute sera dissipé. Il sera alors justifié d’entreprendre un traitement à la doxycycline sans devoir faire confirmer la présence de la bactérie en laboratoire.

Dans les régions les plus touchées, les autorités de la santé publique recommandent même de ne pas attendre l’apparition d’un érythème migrant avant de commencer un traitement préventif à la doxycycline si les conditions suivantes sont réunies :

  • moins de 72 heures se sont écoulées depuis le retrait de la tique;
  • celle-ci est restée accrochée pendant plus de 24 heures;
  • le traitement à la doxycycline n’est pas contre-indiqué pour la personne;
  • la personne a été piquée dans l’une des zones géographiques désignées comme étant plus à risque.

Si la situation est moins claire, on peut établir un diagnostic en détectant dans le sang la présence d’anticorps produits contre la bactérie. On a recours à cette approche lorsque la personne n’a pas visité l’une des régions plus à risque, lorsqu’elle ne présente pas d’érythème migrant ou lorsque la maladie est rendue aux phases plus tardives.

Pour le diagnostic en laboratoire, les autorités de la santé du Québec n’autorisent que l’approche dite à deux paliers, soit, dans un premier temps, l’identification dans le sang d’anticorps anti B. Burgdorferi par essai immunoenzymatique, suivie de la confirmation des résultats positifs par immunobuvardage (Western Blot). Certains tests proposés par des laboratoires américains pour le diagnostic de la forme chronique de la maladie de Lyme sont fortement découragés.

Mesures préventives

À l’instar de beaucoup d’autres maladies, la prévention demeure l’arme de prédilection pour éviter une infection. Il faut d’abord évaluer si vous exercez des activités à risque dans une région désignée : randonnée à pied, pique-nique, observation d’oiseaux, jardinage ou golf près d’un boisé, cueillette de fruits sauvages et de champignons, etc. Certains emplois, comme ceux de biologiste et d’agent de la faune, ainsi que toute autre activité en pleine nature comportent évidemment un risque plus élevé.

La prévention repose également, selon les agences de santé publique, sur des mesures simples et efficaces :

  • Évitez les herbes hautes.
  • Portez un chapeau, des vêtements longs et de couleur claire (pour mieux voir les tiques) et des souliers fermés, de façon à limiter les zones de peau exposée.
  • Appliquez un chasse-moustiques sur la peau non protégée.
  • Inspectez minutieusement votre corps et celui de vos enfants après l’activité.
  • Utilisez un miroir ou demandez l’aide d’une autre personne pour inspecter les parties moins visibles, comme le dos ou le dessus de la tête.
  • Au moyen d’une pince fine, comme une pince à sourcils, retirez immédiatement et délicatement toute tique présente sur le corps (lisez ces conseils sur le retrait d’une tique (4)).
  • Examinez attentivement votre équipement et vos animaux de compagnie et, idéalement, prenez une douche ou un bain dans les deux heures suivant la fin de l’activité.

Les tiques préfèrent les habitats humides et ombragés comme les zones boisées et les habitats herbeux. Dans le cadre d’un projet conjoint de recherche avec la Ville de Bromont, une équipe de chercheurs de l’Université de Montréal a donné des conseils pour réduire le nombre de tiques dans l’environnement immédiat des familles vivant en zone à haut risque.

Ces conseils consistent à identifier et à privilégier certains habitats moins favorables à l’exposition aux tiques (5) :

  • surfaces gazonnées entretenues;
  • végétation ornementale;
  • milieux urbanisés, surfaces de béton, d’asphalte, de gravier, de bois ou de paillis.
Vous voulez identifier une tique pour savoir si c’est une tique à pattes noires?

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Ces simples mesures de précaution devraient vous permettre de bénéficier des nombreux avantages que procurent les activités de plein air !

Cette version actualisée représente une révision de l’article initialement publié le 2 avril 2019 sur notre site web. Nous avons pris en compte les évolutions récentes pour vous offrir de l’information à jour et pertinente.

Pour du soutien professionnel, nous sommes là !

Nous offrons des services qui peuvent aider votre médecin à diagnostiquer la maladie de Lyme et à déterminer le traitement approprié.

Si vous avez des questions ou désirez plus d’information, n’hésitez pas à communiquer avec le service à la clientèle de Biron Groupe Santé au 1 833 590-2712

Sources5
  1. PA Leighton coll. “Predicting the speed of tick invasion: an empirical model of range expansion for the Lyme disease vector Ixodes scapularis in Canada”. J. Appl. Ecol. 2012; 49 : 457-464.
  2. Ariane Kroll. Maladie de Lyme. Les tiques à l’assaut du Québec. La Presse Plus, 10 mai 2024. https://www.lapresse.ca/actualites/2024-05-10/maladie-de-lyme/les-tiques-a-l-assaut-du-quebec. Consulté le 10 mai 2024.
  3. R. Béliveau. Un antibiotique contre la maladie de Lyme . Journal de Montréal, 5 décembre 2021. https://www.journaldemontreal.com/2021/12/05/un-antibiotique-contre-la-maladie-de-lyme. Consulté le 10 mai 2024.
  4. https://www.quebec.ca/sante/conseils-et-prevention/sante-et-environnement/retrait-dune-tique-en-cas-de-piqure
  5. Ville de Bromont. Projet de recherche sur la maladie de Lyme. https://www.bromont.net/services-aux-citoyens/environnement/projet-de-recherche-sur-les-tiques/. Consulté le 10 mai 2024.
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique
Pendant une cinquantaine d’années, Raymond Lepage a agi comme biochimiste clinique responsable de laboratoires tant publics que privés. Professeur agrégé de clinique à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et professeur associé à l’Université de Sherbrooke, il a également été consultant, chercheur, expert juriste et conférencier. Auteur ou coauteur de plus de 100 publications parues dans des congrès et des revues scientifiques, il consacre désormais une partie de sa semi-retraite à la vulgarisation scientifique.