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Inégalité face aux symptômes de la ménopause et controverse autour des traitements

Réputée pour causer des bouffées de chaleur et des sautes d’humeur, la ménopause est un phénomène dont les répercussions sur la santé et la sexualité peuvent être bien plus sérieuses et complexes que l’on pense. La science propose depuis longtemps deux traitements à base d’hormones, mais le débat est encore houleux entre les partisans de la substitution traditionnelle d’un côté et ceux de la bio-identique de l’autre.
Causes et principaux symptômes de la ménopause
La ménopause touche toutes les femmes dans leur vie et elle est l’une des conséquences visibles des effets du vieillissement. À l’instar de l’andropause masculine, elle est la résultante de la baisse du taux d’hormones dans le corps. La chute du taux d’œstrogène et de progestérone entraîne à terme la fin de la fertilité (généralement entre 45 et 56 ans).
Les symptômes de la ménopause varient beaucoup d’une femme à l’autre. Certaines peuvent éprouver une grande détresse durant cette période alors que d’autres ne ressentent que peu de symptômes.
Parmi les symptômes les plus récurrents, on retrouve :
- Un gain de poids;
- Des bouffées de chaleur;
- De l’insomnie;
- Des sueurs nocturnes;
- Une sécheresse vaginale;
- Des douleurs articulaires;
- De la fatigue;
- Des troubles de la mémoire à court terme;
- Des troubles intestinaux;
- Une sécrétion de larmes insuffisante;
- Des démangeaisons cutanées;
- Des sautes d’humeur;
- Des infections urinaires.
Ces symptômes disparaissent ou s’amenuisent généralement après la ménopause, entre 50 et 60 ans. [1]
Comment diagnostiquer la ménopause
Chez la plupart des femmes, la fréquence des menstruations durant les 12 derniers mois ainsi que l'historique des symptômes (bouffées de chaleur, etc.) est généralement suffisant pour poser un diagnostic de ménopause.
Dépendant de l’âge (femmes de moins de 45 ans) ou de conditions particulières (femmes prenant des anovulants ou hystérectomisées, etc.), des tests de laboratoire peuvent aider à préciser si les symptômes ressentis sont dus à la ménopause, ou à une condition entraînant des anomalies du cycle menstruel (début de grossesse, hyperfonctionnement de la glande thyroïde, taux trop élevé de prolactine, etc.), ou causant des bouffées de chaleur (hyperfonctionnement de la glande thyroïde, syndrome carcinoïde, tumeurs sécrétant des catécholamines, etc.).
Un phénomène naturel qui entraîne parfois des complications
Alors que la ménopause n’est pas considérée comme une « maladie », la chute du taux d’œstrogène augmente cependant les risques de développer des problèmes de santé.
- Augmentation du risque cardiovasculaire de 2 à 6 fois;
- Problèmes de vessie et possibilité d’incontinence pendant l’exercice, en riant ou en éternuant chez 10 à 30 % des femmes postménopausées;
- Sexualité perturbée due à une baisse de confiance, de désir ou à de la sécheresse vaginale. [2]
Le cas de l’ostéoporose
L’ostéoporose est une affection qui se caractérise par la perte de masse osseuse et la dégradation de tissus osseux. Elle est l’une des conséquences naturelles du vieillissement et rend les os plus fragiles ce qui augmente le risque de fractures lors d’impacts.
L’ostéoporose peut cependant toucher n’importe quelle tranche d’âge et se développe parfois à la suite de certains cancers ou à l’administration de leurs traitements. La ménopause est également un facteur aggravant pour les femmes du fait de la chute du taux d’œstrogène. Selon un rapport de l'agence de santé du Canada, cette maladie touchait en 2016 plus de 2 millions de personnes au Canada, dont 80 % de femmes. Il est donc important pour elles de s’assurer du bon état de leurs os durant cette période et après. [3]
Traitements et débats autour des hormones bio-identiques
La supplémentation en oestrogène et en progestérone est utilisée depuis des décennies afin de stabiliser leur baisse. durant la ménopause. Depuis quelques années, certaines personnes soutiennent qu'il existerait deux classes d'hormones.
- Le premier consiste à donner des hormones traditionnelles pour augmenter leur taux dans le corps.
- Le second est appelé bio-identique ou naturel dans la mesure où ces hormones sont d'origine végétale (fève de soya). Cette dénomination entraîne parfois une légère confusion et procure la fausse impression qu’il s’agit d’hormones créées naturellement. Elles subissent en effet une manipulation et une modification chimique à l’une ou à l’autre étape de leur production. Ils sont dits identiques, car le taux d'hormones serait identique à celui généré naturellement par le corps
Un documentaire qui vante les vertus des hormones naturelles
Loto-Méno, le documentaire de Véronique Cloutier paru à l’été 2021 a relancé le débat sur les hormones bio-identiques. À travers cette minisérie, l’animatrice évoque les difficultés de la périménopause, le manque d’information disponible sur le sujet et les bienfaits de l'hormonothérapie bio-identique pour traiter les symptômes. Elle critique le fait que ce traitement plus coûteux n’est, à l’heure actuelle, pas remboursé par la RAMQ alors que les hormones traditionnelles le sont.
La Dre Sylvie Godin, interrogée dans le reportage, explique notamment que ces hormones seraient à privilégier pour les femmes à risque de faire des caillots sanguins et chez les femmes de plus de 60 ans. Elles seraient également plus efficaces contre certains symptômes (insomnie, sautes d’humeur, voire anxiété et dépression). [4]
Des interrogations qui persistent dans le domaine de la recherche
En 2002, une grande étude de la Women’s Health Initiative (WHI) a démontré que les hormones en combinaison d'œstrogènes et d’acétate de médroxyprogestérone augmentaient certains risques de maladies par rapport à un traitement placebo.
- Maladie coronarienne : +29 %;
- Cancer du sein : +26 %;
- Accident vasculaire cérébral : +41 %;
- Embolie pulmonaire : +113 %.
Si le nombre d’incidents en chiffre absolu était relativement faible (moins de 10 cas sur 10 000 femmes traitées dans chaque catégorie), l’impact de cette étude dans le milieu médical a tout de même considérablement ralenti la prescription et l’administration de ce traitement à l’époque. Le vide thérapeutique qui en a résulté a ainsi ouvert la porte à des traitements alternatifs et aux hormones bio-identiques en particulier.
Cependant, à ce jour, les nombreuses recherches réalisées n’ont pas démontré de réelles différences de « performance » entre les traitements dits traditionnels et bio-identiques. Des études de comparaison avec des placebos auraient même révélé des résultats sensiblement identiques sur la réduction des symptômes de la ménopause (saute d’humeur, bouffée de chaleur, etc.). La Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis ainsi que l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) au Québec considèrent que le traitement bio-identique n’est ni plus sûr ni plus efficace que la substitution par des hormones traditionnelles et qu’il ne justifie pas les coûts supplémentaires des hormones bio-identiques.
La seule certitude à ce jour est que le consensus sur la question est loin d’être établi et la science poursuit donc ses recherches pour améliorer les traitements de substitution hormonale. [5]
Comment vivre avec la ménopause
La période de la ménopause apporte son lot de défis et parfois de réelles souffrances et les traitements disponibles ne font pas toujours l’unanimité et certains sont même potentiellement dangereux. De plus, certains symptômes peuvent être causés par des pathologies bien éloignées de la ménopause. Il faut donc bien reconnaître que des doutes persistent et que des questions demeurent.
Cependant, il ne faut pas oublier que chaque cas est unique et mérite donc une approche personnalisée pour soulager ou du moins mieux vivre avec les symptômes. Le corps médical est de plus en plus conscientisé, informé et outillé sur la question. Un avis médical peut donc être un bon point de départ pour évaluer les options qui s’offrent en fonction de sa condition.
La ménopause reste quoi qu’il arrive un phénomène naturel et un passage obligé dans la vie des femmes, un événement qui entraîne inévitablement une évolution des habitudes et du quotidien.
Pour du soutien professionnel, nous sommes là.
Nous offrons des services qui peuvent aider votre médecin à préciser si les symptômes ressentis sont dus à la ménopause ou à une autre condition et à déterminer le traitement approprié. Les tests les plus fréquents sont :
- FSH : la FSH est associée au cycle menstruel et au développement des ovules chez la femme et à la production du sperme chez l’homme.
- Oestradiol : les taux d’œstradiol sont impliqués dans la régulation du cycle menstruel et aident à maintenir la grossesse. L’œstradiol est important tant chez l’homme que chez la femme pour la croissance et le métabolisme des os.
- TSH: la TSH est une hormone synthétisée dans l’hypophyse dont le rôle est de stimuler la production des hormones par la glande thyroïde.
- Bilan thyroïdien : le bilan thyroïdien permet de déceler la plupart des anomalies touchant la thyroïde ou la sécrétion de TSH par l’hypophyse.
Vous avez une ordonnance médicale en main pour un de ces tests? Prenez rendez-vous en ligne ou joignez le service à la clientèle de Biron Groupe Santé au 1 833 590-2712.
Sources6
- Le Réseau canadien pour la santé de la femme. (s. d.). La ménopause. https://cwhn.ca/fr/node/44793
- Croix bleue du Québec. (2015, 1er décembre). Comprendre la ménopause : signes, symptômes et problèmes de santé associés à la ménopause. https://qc.croixbleue.ca/assurance-sante/astuces-sante/621-comprendre-la-menopause-signes-symptomes-et-problemes-de-sante-associes-a-la-menopause
- Gouvernement du Canada. (2020, 27 novembre). Rapport du Système canadien de surveillance des maladies chroniques : L’ostéoporose et les fractures connexes au Canada, 2020. https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/maladies-et-affections/osteoporose-fractures-connexes-2020.html
- Cloutier, V. (2021, 7 juillet). Loto-Méno. Documentaire. https://ici.tou.tv/loto-meno
- L’actualité (2021, 30 juin). Tout sur les hormones bio-identiques. https://lactualite.com/sante-et-science/tout-sur-les-hormones-bio-identiques/#quoi
- Journal d’obstétrique et gynécologie du Canada. (2016, 28 mai). Un mot sur les bio-identiques. https://www.jogc.com/article/S1701-2163(16)39221-0/fulltext
