Skip to contentSkip to navigation

Parole de spécialiste — 15 minutes

Quand les fortes chaleurs créent des douleurs abdominales

Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique

À cause du réchauffement climatique qui s’accentue, les périodes de canicule se font plus nombreuses, longues et intenses. En été, la pression que ces chaleurs accablantes exercent sur nos organismes augmente et n’est pas sans répercussions sur la santé globale de la population. Parmi les effets observés, on remarque une hausse des cas de maux de ventre pendant les fortes chaleurs.

Des maux de ventre qui peuvent prendre plusieurs formes

La liste des types de maux de ventre est longue, tout comme celle des mécanismes qui en sont responsables. Parmi les affections en cause, certaines sont particulièrement susceptibles d’être aggravées au cours de la saison chaude.

Les maladies inflammatoires de l’intestin (MII)

Les causes des MII, comme la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse, ne sont pas complètement élucidées, mais des facteurs génétiques, des problèmes d’auto-immunité et des facteurs environnementaux sont souvent évoqués pour expliquer l’apparition de ces maladies chroniques.

Les gastroentérites infectieuses (GI)

Les GI peuvent être d’origine virale, bactérienne ou parasitaire et sont généralement de courte durée. Des épisodes de diarrhée souvent accompagnés de nausées et de vomissements peuvent être responsables d’états de déshydratation.

Les nausées et vomissements

Les nausées et vomissements peuvent accompagner des atteintes du tube digestif. Ils peuvent aussi se présenter dans des situations non liées à la digestion: une grossesse, la prise de médicaments, un mal de mer, une migraine, etc.

Plus d’hospitalisations pour des douleurs au ventre lors des canicules

Selon une étude de l’hôpital de Zurich parue en 2013 dans l’American Journal of Gastroenterology, les hospitalisations liées aux maladies inflammatoires de l’intestin (MII) ou aux gastroentérites infectieuses (GI) croissent de 4,7 % par jour supplémentaire de canicule.

Pour arriver à cette conclusion, l’équipe de recherche a comparé le nombre d’admissions à l’hôpital pour des MII et des GI de 2001 à 2005 avec le nombre de jours de canicule lors des mêmes périodes. Elle a ainsi noté une poussée des cas de MII et de GI lors des épisodes de chaleur. Alors que les hospitalisations pour des MII se produisent dès les premiers jours de canicule, celles associées à des GI sont plus importantes environ une semaine plus tard, ce qui suggère des mécanismes différents dans les deux situations [1].

Au Canada, on appelle canicule une période de trois jours consécutifs durant laquelle la température dépasse les 30 degrés Celsius en journée. Les classifications peuvent varier selon les pays et parfois même les régions.

Quelle est la situation au Québec?

Au Québec, aucune étude n’a encore été réalisée sur les répercussions de la chaleur sur les maux de ventre. En revanche, les effets de la canicule sur les transports en ambulance, les hospitalisations et la mortalité sont très bien documentés. Les autorités ont notamment remarqué une nette hausse des décès et des hospitalisations durant l’été 2010, l’un des plus chauds des dernières décennies, au cours duquel on a répertorié pas moins de neuf vagues de chaleur [2].

Des pistes d’explications

Selon Christine Manser, responsable de l’étude menée à Zurich, la chaleur engendre un  stress mental et physique important qui peut être la cause d'aggravation des symptômes des MII.  Par ailleurs, une modification de la flore intestinale due en partie à des aliments abîmés par la chaleur serait responsable des GI [3].

Plus généralement, la chaleur peut provoquer différentes réactions du corps, notamment de l’appareil digestif [4].

Comment repérer les symptômes d’affections en lien avec la chaleur?

En cas de fortes chaleurs, les symptômes spécifiques des MII ou des GI sont des nausées, des vomissements et des crampes abdominales plus ou moins aiguës.

De manière plus générale, la chaleur provoque différents symptômes qui peuvent nécessiter l’intervention de spécialistes en soin de santé. Ces symptômes peuvent être liés par exemple à une dégradation de l’état de conscience ou à un coup de chaleur.

Des signes de dégradation de l’état de conscience:

  • confusion;
  • comportement inhabituel;
  • agitation;
  • hallucinations;
  • absence de réaction aux stimulations;
  • perte de conscience.

Des signes de coup de chaleur:

  • température de plus de 39,5 °C (103,1 °F) au thermomètre buccal ou de plus de 40 °C (104 °F) au thermomètre rectal;
  • peau sèche, rouge et chaude ou pâle et froide;
  • étourdissements ou vertiges;
  • paroles confuses et illogiques;
  • comportement agressif ou bizarre;
  • malaise généralisé.

Le coup de chaleur est la complication la plus grave d’une canicule. Il peut survenir subitement et entraîner la mort à très court terme s’il n’est pas traité immédiatement.

Comment aborder les canicules et prévenir les maux de ventre?

Pour éviter les contaminations microbiennes en été, il est essentiel de bien laver les fruits et légumes avant de les consommer et de ne pas briser le cycle du froid entre l’épicerie et le réfrigérateur:

  • en utilisant des sacs isothermes pour l’épicerie;
  • en évitant les haltes dans d’autres commerces après l’épicerie;
  • en favorisant l’achat de viandes surgelées (le processus de congélation garantit une viande sans bactéries et qui supporte mieux le transport).

En cas de douleur abdominale, il est important de bien s’hydrater, voire de se refroidir. Si les douleurs persistent, une consultation médicale pourrait être nécessaire pour obtenir des antibiotiques ou des anti-inflammatoires.

De manière plus générale, il ne faut pas négliger de bien se préparer aux vagues de chaleur, pour soi, mais aussi pour ses proches parfois plus fragiles (enfants, personnes âgées). Le site de Santé Canada regroupe tous les renseignements essentiels pour bien aborder ces périodes, la plus importante étant de s’hydrater suffisamment.

Il faut également porter attention aux différents symptômes de coup de chaleur (énumérés plus haut) afin de pouvoir y réagir rapidement.

Pour du soutien professionnel, nous sommes là. 

Nous offrons des services qui peuvent aider votre médecin à trouver la source de vos maux de ventre et à déterminer le traitement approprié.

Vous avez une ordonnance médicale en main pour ce test? Prenez  rendez-vous en ligne  ou joignez le service à la clientèle de Biron Groupe Santé au  1 833 590-2712.

Sources4
  1. « Heat waves, incidence of infectious gastroenteritis, and relapse rates of inflammatory bowel disease: a retrospective controlled observational study ». The American Journal of Gastroenterology. Septembre 2013. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23939628/
  2. « Analyse des impacts des vagues régionales de chaleur extrême sur la santé au Québec de 2010 à 2015. Institut national de santé publique du Québec ». 2017. https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/publications/2221_impacts_vagues_chaleur_extreme_sante.pdf
  3. « Vagues de chaleur et maux de ventre vont de pair ». 20 Minutes. Août 2013. https://www.20min.ch/fr/story/vagues-de-chaleur-et-maux-de-ventre-vont-de-pair-398608061694
  4. « Chaleur accablante et usage de médicaments – Étude exploratoire en Estrie ». Albert C, Proulx R, Richard P. Juin 2006. Chaleur accablante et usage de médicaments – Étude exploratoire en Estrie | Bulletin d'information en santé environnementale | INSPQ
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique
Pendant une cinquantaine d’années, Raymond Lepage a agi comme biochimiste clinique responsable de laboratoires tant publics que privés. Professeur agrégé de clinique à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et professeur associé à l’Université de Sherbrooke, il a également été consultant, chercheur, expert juriste et conférencier. Auteur ou coauteur de plus de 100 publications parues dans des congrès et des revues scientifiques, il consacre désormais une partie de sa semi-retraite à la vulgarisation scientifique.