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Parole de spécialiste — 15 minutes

La charge mentale pèse lourd sur les femmes

Équipe Biron
Équipe Biron
info@biron.com

Parents de deux jeunes enfants, Rosalie et Antoine mènent des carrières stimulantes, mais exigeantes. Ils décident de s’offrir un week-end en amoureux. Tous les soirs, Rosalie repasse dans sa tête la liste des choses à faire avant samedi:

  • Assembler les effets personnels des petits qui se feront garder chez mamie (sans oublier les doudous et les jouets)
  • Renouveler la prescription d’EpiPen de fiston
  • Ramasser les vêtements chez le nettoyeur (pour la présentation de lundi)
  • Remettre les clés au voisin qui viendra nourrir minou
  • Apporter le chargeur de téléphone pour rester en contact avec mamie et le voisin

Bien que Rosalie et Antoine aient le même horaire de travail et se partagent normalement les tâches ménagères à parts égales, Rosalie est exténuée le matin du départ, contrairement à Antoine. La raison: la charge mentale.

La charge mentale, c’est quoi?

La charge mentale, c’est tout le «travail invisible» qui doit être fait pour que la vie quotidienne suive son cours et qui implique une sollicitation constante des capacités cognitives et émotionnelles.

Le travail cognitif consiste à penser à tous les éléments pratiques des responsabilités domestiques, comme l’organisation des sorties, les courses et la planification des activités. Quant au travail émotionnel, il consiste à jouer le rôle de garde-fou des émotions de la famille. Par exemple, calmer le jeu lorsque les enfants font des caprices ou s’inquiéter de leur réussite scolaire [1].

Selon une étude d’Allison Daminger publiée en 2019 (The Cognitive Dimension of Household Labor), la personne qui réalise le plus gros du travail cognitif et émotionnel au sein du couple hétérosexuel – donc, celle qui porte la charge mentale – est le plus souvent la femme [2].

Décortiquer le travail invisible

Le concept de charge mentale n’est pas nouveau. La sociologue Monique Haicault l’a introduit dans un article intitulé «La gestion ordinaire de la vie en deux» et publié en 1984 dans la revue Sociologie du travail [3]. Depuis, il a surtout fait l’objet de recherches menées sur la base d’entrevues ou de sondages.

L’étude d’Allison Daminger évoquée plus haut a été réalisée auprès de couples hétérosexuels au sujet du partage des tâches familiales. Elle a permis de dégager les quatre composantes de la charge mentale :

  1. Anticiper les besoins
  2. Trouver les solutions pour y répondre
  3. Prendre des décisions
  4. Suivre les progrès accomplis

Or, cette étude révèle que si les couples prennent des décisions ensemble, ce sont les femmes qui accomplissent l’essentiel du travail en anticipant les besoins, en trouvant des solutions et en assurant le suivi [2].

Les effets de la charge mentale sur la santé des femmes

Au fil du temps, la charge mentale peut épuiser physiquement et mentalement les personnes qui la subissent.

Les ruminations qu’elle suscite peuvent générer du stress qui – on le sait – affecte la santé physique. À long terme, le stress peut détériorer les fonctions de l’organisme, du cœur aux intestins en passant par le système reproducteur.

La charge mentale est parfois si intense que les tâches entourant la planification et l’organisation de la cellule familiale empiètent sur la vie professionnelle: coup de fil de la garderie parce que le petit fait de la fièvre, rendez-vous chez le pédiatre, course à l’épicerie le midi, etc.

Ajoutez à cela la forte pression en matière de productivité, de disponibilité et de performance que le milieu du travail exige, et vous comprendrez pourquoi la conciliation travail-famille est difficile.

Le Réseau québécois d’action pour la santé des femmes (RQASF) ne s’étonne pas que de nombreuses femmes soient surmenées [4]. Il met en garde contre les risques que peut entraîner une charge mentale accablante sur la santé des femmes:

  • Troubles anxieux
  • Épuisement professionnel
  • Dépression

En fait, Statistique Canada rapporte que la dépression est presque deux fois plus courante chez les femmes que chez les hommes [5]. C’est sans compter tous les autres problèmes collatéraux que peut causer une charge mentale trop lourde, comme de l’insomnie, une baisse de libido, des tensions et la rupture du couple [6].

Des symptômes à surveiller

Attention, les symptômes suivants pourraient indiquer que votre charge mentale est trop lourde:

  • Impression de ne jamais avoir assez de temps
  • Sentiment de culpabilité, de ne pas en faire assez
  • Grande fatigue
  • Troubles du sommeil, notamment l’insomnie
  • Troubles de l’humeur, notamment l’irritabilité

Comment répartir le poids de la charge mentale?

Il y a définitivement un travail d’éducation à faire très tôt auprès des enfants pour renverser les stéréotypes et les normes de genre.

À court terme, la communication entre partenaires est la clé. Il faut rendre les tâches invisibles plus visibles. Comme point de départ à une première discussion sur le sujet, pourquoi ne pas lire en couple la vignette Fallait demander, de la bédéiste française Emma, qui a fait beaucoup réagir dans les médias sociaux? C’est une manière ludique d’amorcer la discussion sur la planification nécessaire pour tous les aspects des soins aux enfants et des tâches domestiques.

Pour du soutien professionnel, nous sommes là.

Si vous éprouvez des symptômes liés à la charge mentale, Biron offre des services qui peuvent aider votre médecin à déterminer le traitement approprié. 

Vous avez une ordonnance médicale en main? Prenez rendez-vous en ligne ou joignez le service à la clientèle de Biron Groupe Santé au 1 833 590-2712. 

Sources8
  1. Hogenboom, M. «The hidden load: How 'thinking of everything' holds mums back», BBC, 18 mai 2021, https://www.bbc.com/worklife/article/20210518-the-hidden-load-how-thinking-of-everything-holds-mums-back
  2. Daminger, A. «The Cognitive Dimension of Household Labor», American Sociological Review, vol. 84, no 4, p. 609-633, 2019, https://doi.org/10.1177/0003122419859007
  3. Haicault, M. «La gestion ordinaire de la vie en deux», Sociologie du travail, vol. 26, no 3, p. 268-277, 1984, https://www.persee.fr/doc/sotra_0038-0296_1984_num_26_3_2072
  4. Réseau québécois d’action pour la santé des femmes (RQASF). «La charge mentale, une source d’épuisement», 26 janvier 2019, https://rqasf.qc.ca/charge-mentale-source-depuisement/
  5. Beaudet, M. P. «Dépression – Rapports sur la santé», Statistique Canada, vol. 7, no 4, printemps 1996, https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/82-003-x/1995004/article/2816-fra.pdf
  6. Ruppanner, L., Brandén, M., et Turunen, J. «Does Unequal Housework Lead to Divorce? Evidence from Sweden», Sociology, vol. 52, no 1, p. 75-94, 2019, https://doi.org/10.1177/0038038516674664
  7. Gattuso, R. «Why LGBTQ couples split household tasks more equally», BBC, 10 mars 2021, https://www.bbc.com/worklife/article/20210309-why-lgbtq-couples-split-household-tasks-more-equally
  8. Thébaud, S., Kornrich, S., et Ruppanner, L. «Good Housekeeping, Great Expectations: Gender and Housework Norms», Sociological Methods & Research, vol. 50, no 3, p. 1186-1214, 2021, https://doi.org/10.1177/0049124119852395
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