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Parole de spécialiste — 18 minutes

Le cancer, une histoire de gènes ou d’habitudes de vie?

20 février 2024

Michel Cameron, Ph. D.
Michel Cameron, Ph. D.
Directeur adjoint, pharmacogénomique, liaison en sciences médicales
LinkedIn

Le cancer est la première cause de décès au Canada[1]. La science médicale évalue que de 30 à 50 % des gens recevront un diagnostic de cancer au cours de leur vie, mais elle peine à déterminer pourquoi certains individus courent plus de risques de développer la maladie. Cependant, de multiples facteurs aggravants sont connus et documentés, parmi lesquels on retrouve notamment la prédisposition génétique et les habitudes de vie.

Les cancers liés à la génétique familiale

Un cancer se caractérise par le développement de cellules anormales. Elles se divisent ensuite de manière incontrôlable, détruisent les tissus sains et peuvent se propager dans tout le corps.

Ces cellules sont issues de mutations génétiques qui affectent l’ADN. Ces mutations peuvent être présentes dès la naissance, mais elles apparaissent généralement au cours de la vie [2].

Les cancers héréditaires

Certaines familles sont porteuses d’une mutation génétique qui se transmet d’une génération à l’autre. L’hérédité compterait ainsi pour 5 à 10 % de tous les cas de cancer[6]. 

Dans ces situations, plusieurs indices peuvent aider à déterminer si une mutation génétique est présente au sein d’une même famille:

  • Des membres de la famille ont reçu un diagnostic de cancer à un jeune âge;
  • Plusieurs membres de la famille sont atteints du même type de cancer ou d’un type qui s’y apparente;
  • Un membre de la famille a été atteint de plus d’un type de cancer (comme le cancer du sein et le cancer de l’ovaire);
  • Le cancer atteint les deux organes d’une paire (comme les deux seins, les deux reins ou les deux yeux);
  • Des membres de la famille sont atteints d’un type peu courant ou rare de cancer;
  • Plus d’un cas de cancer infantile se déclare au sein d’une même fratrie (frères et sœurs).

Les cancers familiaux

Même s’ils touchent certaines familles plus que d’autres, les cancers familiaux sont différents des cancers héréditaires. Ils pourraient être liés à des facteurs génétiques partagés par une famille, sans qu’une mutation génétique connue soit nécessairement en cause. Ils pourraient aussi être associés aux habitudes de vie d’une famille ou à l’environnement dans lequel elle vit (plusieurs fumeurs ou fumeuses dans la maison, présence d’une usine polluante dans les environs, etc.). 

Il est aussi probable que la combinaison d’un facteur génétique familial et de certaines habitudes de vie entraîne une augmentation des cas de cancers dans certaines familles.

C’est principalement pour ces raisons que les médecins, lorsqu’il y a probabilité de cancer, souhaitent connaître les antécédents familiaux de leurs patients, de manière à mieux cibler les tests à réaliser. 

Il est d’ailleurs possible d’avoir recours à des dépistages génétiques afin de vérifier la présence de mutations qui augmentent les risques de cancer. Toutefois, la détection d’une mutation ne signifie pas nécessairement qu’un cancer se développera. De nombreux autres facteurs entrent en jeu, lesquels peuvent augmenter ou diminuer le risque de cancer [3].

Tabac, alimentation et alcool: des facteurs aggravants

Si un certain nombre de cancers sont liés à l’hérédité, la plupart d’entre eux seraient causés par notre mode de vie. La recherche estime que près de la moitié des cancers pourraient être évités avec l’abandon du tabac et de l’alcool et, plus généralement, l’adoption de saines habitudes [5].

Les risques environnementaux, plus difficiles à chiffrer

L’environnement aurait aussi de grandes répercussions sur les risques de cancer. Une exposition prolongée aux rayons ultraviolets, à l’amiante, à des substances radioactives ou à des produits présents en milieu de travail pourrait favoriser certains types de cancers [4]. 

Les études n’ont pas encore déterminé avec précision les risques liés à d’autres agents tels que les pesticides ou les organismes génétiquement modifiés (OGM), et la communauté scientifique est divisée à ce sujet. Le principe de précaution prévaut donc, puisque le danger, lui, n’est pas à écarter. 

Génétique et médecine de précision

Quelle que soit leur cause, les cancers étaient habituellement traités en fonction de leur emplacement dans le corps (sein, poumon…). Aujourd’hui, la médecine de précision s’attaque plutôt à leurs caractéristiques principales. Comme il n’existe pas deux personnes ni deux cancers semblables, pourquoi appliquer le même traitement?

La médecine personnalisée adapte donc le traitement en fonction du profil génétique des individus et de leur cancer. Cela permet d’atténuer certains effets secondaires tout en maximisant les chances de réussite de la thérapie. Ainsi, en s’appuyant sur des tests génétiques et sur la pharmacogénétique, il est maintenant possible de mettre au point des médicaments de précision plus efficaces et adaptés au cas précis du patient ou de la patiente.

Il est même possible d’effectuer des tests génétiques pour évaluer la probabilité qu’un cancer réapparaisse après un traitement ou encore pour le détecter à ses débuts.

Malheureusement, les coûts de ces pratiques médicales sont encore élevés. De plus, la médecine de précision est parfois offerte dans le cadre d’essais cliniques uniques et contingentés. Cependant, il s’agit sans nul doute d’une percée majeure dans la lutte contre le cancer [5].

Que retenir sur les risques de cancer?

La science a fait d’énormes progrès en matière de soins et de guérison des cancers au cours des dernières décennies. En revanche, elle peine encore à prévenir cette maladie et à établir des corrélations fiables et chiffrées entre les habitudes de vie et le cancer. Ainsi, il est difficile d’estimer le nombre d’heures d’exposition au soleil que la peau peut tolérer avant l’apparition d’un cancer cutané, sans compter que les chiffres varient d’une personne à l’autre.

Cependant, la médecine a bien identifié les principaux facteurs susceptibles d’augmenter les risques de cancer, même si, encore une fois, leurs répercussions ne seront pas les mêmes pour tout le monde. Les voici classés par catégorie:

L’âge : La plupart des cancers sont diagnostiqués après 65 ans. En effet, la majorité des cancers prennent des décennies à se développer. Le renouvellement des cellules diminue également avec l’âge et protège l’organisme moins efficacement contre cette menace.

Les habitudes de vie : Aliments, boissons, produits de nettoyage, notre mode de consommation au sens large influe sur notre santé.

Les antécédents familiaux : Les mutations génétiques dans certaines familles sont propices à l’apparition de cancers. Certaines habitudes, l’exposition au soleil ou à des produits toxiques ainsi que des facteurs génétiques communs à plusieurs membres d’une même famille peuvent aussi entrer en ligne de compte. 

L’environnement : Vivre ou travailler à proximité d’amiante, par exemple, peut augmenter les risques. 

L’état de santé : Des maladies chroniques comme la colite ulcéreuse, l’hépatite B ou le virus du papillome humain (VPH) sont des facteurs aggravants pour certains cancers [2].

En définitive, peu de cancers peuvent être attribués avec certitude à la génétique ou au mode de vie. Il est fort probable que, le plus souvent, le cancer résulte d’une combinaison de ces deux facteurs, c’est-à-dire une prédisposition génétique (autre qu’une mutation héréditaire) associée à une ou plusieurs mauvaises habitudes.

Il est donc important d’avoir une alimentation équilibrée et un mode de vie sain pour réduire certains risques. Il est aussi possible, avec les conseils de votre médecin, de planifier des examens, dépistages ou tests génétiques en fonction de votre historique personnel. Des vaccinations contre l’hépatite B ou le VPH peuvent également être envisagées en prévention.

Pour du soutien professionnel, nous sommes là.

Nous offrons des services qui peuvent aider votre médecin à identifier les examens, dépistages ou tests génétiques à préconiser en fonction de votre historique personnel.

Prenez rendez-vous en ligne ou joignez le service à la clientèle de Biron Groupe Santé au 1 833 590-2712.

Cette version actualisée représente une révision de l’article initialement publié le 10 février 2022 sur notre site web. Nous avons pris en compte les évolutions récentes pour vous offrir de l’information à jour et pertinente.

Sources6
  1. Statistique Canada. « Les principales causes de décès, population totale, selon le groupe d'âge »,https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=1310039401 [source consultée le 7 février 2022].
  2. Clinique Mayo. « Cancer », https://www.mayoclinic.org/diseases-conditions/cancer/symptoms-causes/syc-20370588 [source consultée le 7 février 2022].
  3. Société canadienne du cancer. « Risque de cancer dans les familles », https://cancer.ca/fr/cancer-information/what-is-cancer/genes-and-cancer/cancer-risk-in-families [source consultée le 7 février 2022].
  4. Ministère de la Santé et des Services sociaux. « Lutte contre le cancer », mise à jour le 21 janvier 2015, https://www.msss.gouv.qc.ca/ministere/lutte-contre-le-cancer/prevenir-le-cancer [source consultée le 7 février 2022].
  5. Société canadienne du cancer. « Médecine de précision », mise à jour en février 2021, https://cancer.ca/fr/research/understanding-cancer-research/precision-medicine [source consultée le 7 février 2022].
  6. Société canadienne du cancer. « Gènes et cancer », https://cancer.ca/fr/cancer-information/what-is-cancer/genes-and-cancer [source consultée le 7 février 2022].
Michel Cameron, Ph. D.
Michel Cameron, Ph. D.
Directeur adjoint, pharmacogénomique, liaison en sciences médicales
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Souhaitant rendre la science de la génétique accessible à tous, Michel Cameron a cofondé BiogeniQ en 2014, une entreprise spécialisée en génétique où il a dirigé la conception et le développement de tests pharmacogénomiques qui est aujourd’hui détenue par Biron, Michel Cameron détient un doctorat en pharmacologie de l’Université de Montréal et a effectué des études postdoctorales en pharmacogénomique au Centre de pharmacogénomique de l’Institut de cardiologie de Montréal.