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Le rôle de la glande thyroïde dans la perte de poids

Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique

Avec le retour de la belle saison et le port de vêtements plus légers, des milliers d’individus vont chercher à perdre du poids et à affiner leur silhouette. Le Web regorge de conseils sur l’alimentation et l’exercice pour y parvenir. Si perdre du poids est rarement une entreprise facile, il existe des états physiologiques qui rendent la situation encore plus difficile, voire quasi impossible, pour de nombreux individus, et une glande thyroïde hypofonctionnelle en est un, parfois négligé.

La glande thyroïde: centre de contrôle majeur

La glande thyroïde influe sur de nombreuses fonctions vitales du corps, dont le niveau d’énergie, la force des muscles, le rythme cardiaque, la vitesse à laquelle les calories sont brûlées et la digestion [1] [2]. Pour comprendre son rôle, quelques définitions s’imposent.

Métabolisme

Le métabolisme est l’ensemble des réactions chimiques qui se déroulent à l’intérieur de chacune de nos cellules afin de nous permettre de rester vivants: production d’énergie à partir des nutriments pour maintenir la respiration, battements du cœur, fonctionnement du cerceau, reproduction, maintien de la température corporelle, digestion, travail et exercice, etc.

Métabolisme basal

Le métabolisme basal, pour sa part, est l’ensemble de ces réactions chimiques lorsque l’organisme est complètement au repos. La consommation d’énergie (calories) pour assurer le métabolisme de base est importante: elle peut représenter plus des deux tiers de la consommation quotidienne de calories! C’est une consommation qu’on ne peut diminuer puisqu’elle sert à couvrir les dépenses minimales nécessaires pour maintenir les fonctions de base essentielles à notre survie.

Glande thyroïde

La glande thyroïde, située à la base du cou, sécrète deux hormones: la thyroxine et la triiodothyronine. Leurs principales fonctions sont les suivantes:

  • activer le métabolisme basal et la croissance en stimulant les tissus de l’organisme pour qu’ils produisent des protéines;
  • augmenter la quantité d’oxygène utilisée par les cellules en produisant de l’énergie et de la chaleur.

Le rôle de la glande thyroïde dans le contrôle du poids

En contrôlant le métabolisme, la glande thyroïde participe au maintien du poids corporel. Lorsqu’elle fonctionne à trop haut régime, dérèglement que l’on appelle hyperthyroïdie, l’organisme brûle énormément de calories, ce qui peut engendrer une perte de poids importante, parfois inexpliquée. Le métabolisme de base accéléré en est la principale cause.

Lorsqu’elle fonctionne en sous-régime, l’organisme ne brûle pas assez de calories, ce qui favorise la prise de poids. Ce dérèglement, que l’on appelle hypothyroïdie, sera généralement accompagné d’un gain de poids particulièrement difficile à perdre à cause du ralentissement du métabolisme basal.

L’état de santé de notre glande thyroïde est donc un des facteurs à considérer à la suite d’un gain ou d’une perte de poids inexpliqués. Cela dit, le poids corporel dépend également de l’interaction de plusieurs autres facteurs, dont:

  • la génétique;
  • l’âge;
  • le sexe;
  • la quantité de calories ingérées;
  • la quantité de calories dépensées par le métabolisme de base;
  • la quantité d’exercice.

Chanceux, l’hyperthyroïdien?

On pourrait considérer que la facilité de perdre du poids au repos chez l’hyperthyroïdien est plutôt positive. Ce serait cependant oublier qu’une activité thyroïdienne accrue engendre son lot d’inconvénients, notamment:

  • une augmentation du risque de problèmes cardiaques;
  • une augmentation des contractions musculaires causant des tremblements;
  • une augmentation de l’intolérance à la chaleur;
  • une accélération du transit intestinal causant des selles plus fréquentes.

L’hyperthyroïdie, quelle qu’en soit la cause, constitue une indication formelle de traitement. Pour les mêmes raisons, prendre des surplus d’hormones thyroïdiennes afin de perdre du poids est totalement inapproprié et peut s’avérer dangereux.

D’un autre côté, les hypothyroïdiens, et ils sont nombreux (plus de 10 % des Canadiens âgés de plus de 65 ans), doivent également être traités pour tous les effets secondaires de la maladie autres que le gain de poids, notamment:

  • manque d’énergie et fatigue;
  • frilosité;
  • rythme cardiaque ralenti avec essoufflement;
  • irritabilité;
  • état dépressif.

Heureusement, dans la majorité des cas, le traitement est simple (prise quotidienne d’un comprimé de thyroxine) et efficace [3].

Quelles sont les causes possibles d’un dysfonctionnement de la fonction thyroïdienne?

Plusieurs causes peuvent dérégler la glande thyroïde et modifier la quantité d’hormones qu’elle sécrète. Elles peuvent être classées selon trois ordres:

  1. dysfonctionnement de l’hypophyse – ce problème risque d’engendrer une hyposécrétion ou une hypersécrétion de l’hormone TSH ou différents facteurs de stimulation, ou au contraire d’inhibition, de la thyroïde;
  2. problèmes de la glande thyroïde – ils peuvent être dus à une inflammation ou à une destruction tissulaire d’origine auto-immune (dérèglement du système immunitaire) ou liée à une maladie;
  3. résistance des tissus à l’action des hormones – bien que ce soit rare, il arrive que les tissus utilisent mal les hormones produites par la thyroïde et diminuent leur action.

Le traitement de l’hypothyroïdie avec des hormones est-il efficace pour perdre du poids?

En présence d’une hypothyroïdie légère, un traitement avec des hormones thyroïdiennes, dont la thyroxine, ne modifiera que très peu le poids corporel. Même dans les formes les plus graves d’hypothyroïdie, la perte de poids résultant d’un traitement hormonal ne devrait pas représenter plus de 10 % du poids corporel, notamment parce que le gain de poids n’est qu’en partie causé par le manque d’hormones thyroïdiennes. L'obésité n'est jamais causée uniquement par une glande thyroïde hypofonctionnelle.

De plus, les hormones thyroïdiennes n’ont que peu d’effet sur le stockage de graisses dans un tissu particulier (abdomen, hanches, fesses, etc.). D’autres phénomènes et hormones sont en cause dans ce mécanisme (résistance à l’insuline, testostérone, estrogènes, etc.) [4].

Un prérequis à la perte de poids

Le Web a beau regorger de conseils sur l’alimentation et l’exercice pour nous aider à perdre du poids, une fonction thyroïdienne normale constitue un prérequis pour que les autres mesures soient efficaces. Heureusement, les spécialistes disposent d’outils fiables, en l’occurrence des tests de laboratoire, pour évaluer son bon fonctionnement et guider leur clientèle vers les traitements ou les changements d’habitudes de vie appropriés.

Pour du soutien professionnel, nous sommes là.

Nous offrons des services qui peuvent aider votre médecin à diagnostiquer un dérèglement de la glande thyroïde et les problèmes de santé qui y sont associés et à déterminer le traitement approprié.

Vous avez une ordonnance médicale en main pour ce test? Prenez  rendez-vous en ligne  ou joignez le service à la clientèle de Biron Groupe Santé au  1 833 590-2712.

Sources4
  1. « Thyroïde 101 ». CHUM. (SD). https://www.chumontreal.qc.ca/patients/cicc/cancer-de-la-thyroide/thyroide-101#:~:text=La%20thyro%C3%AFde%20est%20la%20plus,la%20forme%20d%27un%20papillon, consulté le 29 juin 2022.
  2. « Présentation de la thyroïde ». Le manuel Merck. Octobre 2020. https://www.merckmanuals.com/fr-ca/accueil/troubles-hormonaux-et-m%C3%A9taboliques/troubles-de-la-thyro%C3%AFde/pr%C3%A9sentation-de-la-thyro%C3%AFde, consulté le 29 juin 2022.
  3. « L’hypothyroïdie ». Passeport santé. 17 janvier 2022. https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=hypothyroidie_pm, consulté le 29 juin 2022.
  4. « Obésité et hypothyroïdie : mythe ou réalité? ». Revue médicale suisse. 4 avril 2007. https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2007/revue-medicale-suisse-105/obesite-et-hypothyroidie-mythe-ou-realite, consulté le 29 juin 2022.
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique
Pendant une cinquantaine d’années, Raymond Lepage a agi comme biochimiste clinique responsable de laboratoires tant publics que privés. Professeur agrégé de clinique à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et professeur associé à l’Université de Sherbrooke, il a également été consultant, chercheur, expert juriste et conférencier. Auteur ou coauteur de plus de 100 publications parues dans des congrès et des revues scientifiques, il consacre désormais une partie de sa semi-retraite à la vulgarisation scientifique.