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Science  —  8 minutes

Probiotiques, prébiotiques et microbiote

12 avril 2019
Équipe Biron
Équipe Biron
info@biron.com

Nos intestins sont peuplés d’incroyables petites créatures! Notre système digestif abrite en effet toute une panoplie de microorganismes qui, au total, représentent plus de deux kilos de bactéries déclinées en plus de 1000  espèces, à la fois différentes et bénéfiques. Des champignons, des levures, des virus et des parasites complètent ce mélange. Depuis notre naissance, nous portons dans notre intestin un écosystème vivant et prospère, que l’on appelle le microbiote intestinal.

On croit souvent à tort que les bactéries et les virus sont nuisibles, alors qu’en réalité, sur les millions d’espèces répertoriées dans la nature, environ 1400 sont susceptibles de causer des maladies alors que les autres sont utiles. De plus en plus d’études démontrent que le microbiote intestinal est un acteur essentiel de notre santé en raison de son influence sur le système digestif, le métabolisme et les systèmes immunitaire et neurologique. Il existe un axe « cerveau-intestin-cerveau » qui implique une corrélation étroite entre la santé du microbiote et plusieurs aspects de la qualité de vie globale [1], dont la dépression et l’anxiété [2]. Ces mêmes études montrent, par ailleurs, l’importance de maintenir l’équilibre et la diversité du microbiote [1].

Microbiome ou microbiote intestinal? 

Ces deux mots sont utilisés pour définir la vaste population de microorganismes qui vivent dans nos intestins. Le mot microbiome désigne l’ensemble des bouts de chromosome qui peuvent être identifiés dans le milieu. Il a un peu le même sens que génome, l’ensemble des bouts de chromosomes (gènes) de nos cellules. Le mot microbiote désigne pour sa part, l’ensemble des microorganismes entiers dans le même milieu (pas seulement leurs gènes). Il est donc plus juste de parler de microbiote pour décrire les propriétés des microorganismes.

Comment assurer la santé de mon microbiote? 

Au départ, il faut savoir que notre microbiote est unique, tout comme nos empreintes digitales. Dès la naissance, il grandit et évolue au même rythme que nous, en répondant le mieux possible aux besoins de notre corps. Pour en prendre soin, mieux vaut commencer tôt. C’est le contact avec la mère (accouchement par voie vaginale, allaitement au sein) qui fournit les bactéries de base nécessaires à la composition du microbiote de départ du bébé. Par la suite, l’exposition aux germes de l’environnement, comme par le jeu et le contact avec des animaux, l’enrichit. À l’âge adulte, Il existe trois composantes de base pour assurer l’équilibre du microbiote : l’alimentation, l’exercice physique et de saines habitudes de sommeil. À l’inverse, différents facteurs peuvent affaiblir le microbiote, comme l’abus d’alcool et, les situations stressantes [3].

Autrement dit, une bonne santé du microbiote intestinal commence par bien se nourrir et prendre soin de soi. On le constate de plus en plus, le microbiote est un véritable coffre aux trésors qui nous permet de mieux comprendre notre corps. Or, comme c’est souvent le cas, ces découvertes marquent aussi l’émergence de nouveaux produits (probiotiques et prébiotiques) encore peu réglementés, qui proposent des compléments pour revitaliser notre microbiote.

Est-ce une bonne idée de prendre des probiotiques?

Les probiotiques sont des préparations de bactéries bénéfiques. Ces mélanges contiennent seulement quelques-unes des souches bactériennes les plus abondantes d’un microbiote typique, mais malheureusement pas toutes celles qui constituent un microbiote complet. Plusieurs recherches sont en cours pour déterminer l’ensemble des bénéfices que pourraient apporter les probiotiques ingérés sous forme de compléments. Cependant, comme les préparations de probiotiques ne sont pas standardisées, il est difficile de comparer les résultats de ces études.

À ce jour, des études ont établi des effets positifs, notamment pour le contrôle des diarrhées et de l’eczéma atopique chez l’enfant, des infections à C. difficile chez l’adulte, des symptômes du syndrome du côlon irritable et de l’ostéoporose [4].

Au Canada, la vente de probiotiques sous forme de compléments n’est pas réglementée comme l’est celle des médicaments. Leur mise en marché impose aux manufacturiers de présenter des preuves de salubrité et d’innocuité, mais pas d’efficacité. Malgré cela, la très grande majorité des études a démontré que pour les individus en bonne santé, il existe peu de réel danger à prendre des probiotiques.

Les probiotiques peuvent être contre-indiqués et même dangereux dans certaines situations, incluant les personnes avec des maladies sévères ou un système immunitaire compromis et les bébés prématurés. Certains probiotiques peuvent entraîner des infections, des effets désagréables dus à certaines toxines sécrétées par des bactéries qu’ils contiennent ou encore une augmentation de la résistance aux antibiotiques par des bactéries déjà présentes dans notre intestin [9]. La plupart du temps, la consommation de probiotiques issus de ces sources est cependant sans danger. Le kombucha est une bonne solution de rechange aux boissons gazeuses, souvent très riches en sucre. Toutefois, le kombucha fait maison entraîne parfois de graves effets indésirables, fort probablement en raison d’une contamination au moment de la préparation. Autre conseil : il faut oublier dès maintenant le kombucha « pasteurisé » si nous souhaitons en tirer un quelconque bénéfice probiotique. Par définition, tous les microorganismes contenus dans les boissons pasteurisées sont morts, donc l’effet escompté ne se concrétisera jamais.

Par ailleurs, comme la composition de chaque microbiote est unique, il est peu probable que la prise d’une ou de quelques souches de bactéries, même utiles, provenant d’un probiotique, puisse remplacer l’immense variété de microorganismes qui composent notre microbiote. Par exemple, le meilleur traitement pour une infection résistante à la bactérie C. difficile demeure la transplantation d’un microbiote complet provenant des selles d’un autre individu en bonne santé [5]. Après un traitement aux antibiotiques, les probiotiques peuvent cependant créer une base temporaire sur laquelle viendront s’ajouter par la suite d’autres variétés de microorganismes [6].

Et les prébiotiques? Sont-ils bons pour ma santé?

Les prébiotiques sont des substances naturelles ou des suppléments qui ne sont pas altérés par leur passage à travers l’estomac et le petit intestin. Ils peuvent ainsi servir de nutriments à certaines bactéries utiles du microbiote. Les prébiotiques les plus connus sont les oligosaccharides (quelques molécules de sucre rattachées les unes aux autres), comme l’inuline ou l’oligofructose, et les polyphénols. Attention! Comme ces molécules sont fermentables (FODMAPS), elles peuvent créer des problèmes, entre autres, chez les individus souffrant du syndrome du côlon irritable [7].

Plusieurs aliments sont naturellement riches en prébiotiques, et un bon mélange de céréales complètes, de bananes, de légumes verts, d’oignons, d’ail, de soya et d’artichauts dans notre alimentation donnera en principe à notre intestin tous les prébiotiques dont il devrait avoir besoin. Si la consommation de ces aliments n’est pas suffisante, il demeure possible de se procurer des prébiotiques sous forme de suppléments. Il faudra cependant attendre les résultats des nombreuses études en cours avant de pouvoir préciser l’utilité de chacun des types de prébiotiques offerts sur le marché.

Qu’en est-il du yogourt et du kombucha?

Les fameuses « cultures vivantes », parfois mentionnées sur l’étiquette des pots de yogourt, font référence à l’ajout de probiotiques. Bonne nouvelle : la toute dernière version du Guide alimentaire canadien recommande toujours aux adultes de consommer de deux à trois portions de produits laitiers par jour, et la liste inclut les yogourts et le kéfir [8]. Si vous aimez ces produits, continuez d’en manger... raisonnablement!

Bon nombre de bactéries et levures contenues dans les aliments fermentés tels que le kombucha et le yogourt sont sensibles aux acides qu’elles rencontrent dans l’estomac. Théoriquement, plus la concentration de bactéries sera élevée dans le probiotique, plus grandes seront les chances que des bactéries vivantes se retrouvent dans les derniers segments de notre intestin. Rayon kombucha, aucun avantage n’est scientifiquement prouvé. Cependant, il est vrai de dire que les aliments et boissons fermentées constituent une source alternative, pauvre en sucre, de bactéries et de levures contribuant à la constitution du microbiote. Il faut se méfier des préparations maison qui peuvent contenir des bactéries toxiques. On devrait aussi éviter les versions pasteurisées : par définition, la pasteurisation détruit de nombreux microorganismes contenus dans la préparation et peut éliminer l’effet probiotique.

Votre microbiome vous remercie!

Pour favoriser la santé de votre microbiote, le mieux est de commencer par adopter une saine alimentation. Nous vous invitons également à suivre nos conseils pour une bonne nutrition et un sommeil réparateur. Dans cette foulée, n’oubliez pas non plus de pratiquer régulièrement une activité physique.

Sources9
  1. INSERM. Microbiote intestinal (flore intestinale). Une piste sérieuse pour comprendre l’origine de nombreuses maladies. https://www.inserm.fr/dossier/microbiote-intestinal-flore-intestinale. Consulté le 20 mars 2025.
  2. R. G. Xiong, J. Cheng, D. D. Zhou et coll. The Role of Gut Microbiota in Anxiety, Depression, and Other Mental Disorders as Well as the Protective Effects of Dietary Components. Nutrients. 23 juil. 2023, vol. 15, no 14. doi : 10.3390/nu15143258.
  3. INRAe. Comment prendre soin de sa symbiose? https://www.inrae.fr/dossiers/microbiote-intestinal-notre-nouvel-allie-sante/comment-prendre-soin-sa-symbiose. Consulté le 21 mars 2025.
  4. S. Gul et E. Durante-Mangoni. Unraveling the Puzzle: Health Benefits of Probiotics-A Comprehensive Review. J Clin Med, 1er mars 2024, vol. 13, no 5:1436. doi : 10.3390/jcm13051436.
  5. John Hopkins Medicine. Fecal Transplant. https://www.hopkinsmedicine.org/health/treatment-tests-and-therapies/fecal-transplant. Consulté le 22 mars 2025.
  6. C. Handfield. Probiotiques : Oui, non, peut-être? La PressePlus, 23 mars 2025. Consulté le 23 mars 2025.
  7. Biron Groupe Santé. Régime pauvre en FODMAP : une solution pour le syndrome du côlon irritable? 21 novembre 2024. https://www.biron.com/fr/centre-du-savoir/parole-de-specialiste/comment-fodmap-agissent-sur-syndrome-colon-irritable/. Consulté le 23 mars 2025.
  8. Santé Canada. Guide alimentaire canadien 2019. https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/publications/aliments-et-nutrition/systeme-classification-aliments-guide-alimentaire-canadien-2019-aliments-boissons-categories.html. Consulté le 23 mars 2025.
  9. National Institute of Health (NIH). Probiotics: Use and Safety. https://www.nccih.nih.gov/health/probiotics-usefulness-and-safety. Consulté le 23 mars 2025.
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