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Parole de spécialiste — 15 minutes

L’incidence de l’exercice sur les tests de laboratoire : le cas de la créatine kinase

Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique

Peu de gens le savent, mais l’exercice, notamment une activité intense, peut modifier certaines des analyses de laboratoire de façon importante. Il est reconnu pour contribuer à une hausse des résultats lors des tests de potassium, d’urée, de créatinine, de créatine kinase, de lactate déshydrogénase (LDH), d’aspartate aminotransférase (AST), de phosphatase alcaline, de bilirubine, d’acide urique et de décompte des leucocytes. La hausse dépend de plusieurs facteurs, dont la durée et l’intensité de l’exercice ainsi que de votre condition physique préalable. Un constat est clair : moins vous êtes en forme, plus les exercices vigoureux et prolongés peuvent avoir des répercussions sur vos analyses.

Le rôle de la créatine kinase

La créatine kinase, ou CK, est une protéine présente dans tous les muscles, autant ceux sollicités pendant l’exercice (muscles striés) que ceux qui font battre le cœur. La CK est impliquée dans la production d’énergie nécessaire à la contraction des muscles. Lorsque des cellules musculaires sont brisées, la CK, la myoglobine, le potassium et d’autres composants se retrouvent dans le sang et seront éventuellement détruits ou éliminés par les reins.

Que se passe-t-il quand on fait de l’exercice ?

Comme on le sait, les exercices intenses abîment souvent les fibres musculaires, ce qui entraîne une fuite de la CK dans le sang. Bien que l’augmentation des taux de CK soit généralement modérée (de 3 à 5 fois la normale), une augmentation jusqu’à 100 fois la normale est parfois constatée chez des coureurs à la fin d’un marathon. Nos techniciens de laboratoire ont déjà obtenu un taux de CK de 1 000 fois la normale chez une jeune femme en bonne santé qui avait décidé de se remettre en forme !

Après un traumatisme musculaire, cela prend un certain temps avant que le taux de CK revienne à la normale : il devrait diminuer de moitié toutes les 36 heures. Par exemple, pour un taux de 100 fois la normale (environ 15 000 U/L), il faudra attendre une dizaine de jours pour un retour complet à la normale.

Pourquoi restreindre l’exercice avant un prélèvement ?

Des valeurs de CK supérieures à la normale peuvent indiquer qu’il y a un problème. En effet, différentes conditions sont susceptibles de briser des cellules musculaires et de libérer de la CK dans le sang, comme la dystrophie musculaire, des réactions toxiques à certains médicaments ou drogues, l’hyperthermie (épisodes de fièvre sévère) et l’hypothyroïdie.

Des accidents et des traumatismes avec écrasement de muscles, des interventions chirurgicales au cours desquels des muscles sont sectionnés et des injections intramusculaires peuvent également en être la cause.

L’infarctus du myocarde libère aussi de la CK dans le sang au moment où les tissus, dont les muscles qui composent le cœur, meurent par manque d’oxygène.

Lorsque les taux de CK sont au moins 10 fois supérieurs à la normale, on parlera de « rhabdomyolyse », une condition clinique qui peut être associée à des complications sévères. Ce sont surtout la myoglobine et le potassium libérés par les cellules musculaires endommagées qui en sont responsables. Des taux de myoglobine trop élevés sont toxiques pour le rein et peuvent entraîner une insuffisance rénale aiguë alors que des taux élevés de potassium peuvent entraîner des problèmes du rythme cardiaque.

Un taux élevé de CK peut donc inquiéter à juste titre votre professionnel de la santé qui devra déterminer s’il s’agit d’une rhabdomyolyse avec risque de complications, d’une affection autre (maladie génétique, infarctus, hypothyroïdie, etc.) ou d’une élévation de la CK post-exercice sans conséquence clinique.

Pour faciliter l’interprétation du résultat de CK, il est recommandé de respecter les consignes avant un prélèvement, dont celle de restreindre vos exercices. Il peut même être pertinent de noter le type d’exercice et leur intensité dans les jours précédant le prélèvement. Cet aide-mémoire pourrait s’avérer très utile lorsque vous reverrez votre professionnel de la santé, parfois quelques semaines plus tard, pour discuter des résultats.

Nous offrons des services qui peuvent aider votre médecin à diagnostiquer l’arthrose et ainsi, à déterminer le bon traitement.

Prenez rendez-vous en ligne ou joignez le service à la clientèle de Biron Groupe Santé au 1 833 590-2714.

Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique
Pendant une cinquantaine d’années, Raymond Lepage a agi comme biochimiste clinique responsable de laboratoires tant publics que privés. Professeur agrégé de clinique à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et professeur associé à l’Université de Sherbrooke, il a également été consultant, chercheur, expert juriste et conférencier. Auteur ou coauteur de plus de 100 publications parues dans des congrès et des revues scientifiques, il consacre désormais une partie de sa semi-retraite à la vulgarisation scientifique.