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Parole de spécialiste — 15 minutes

Vrai ou faux : cinq affirmations à propos des ITSS

Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique

Au fil des ans, il est devenu évident que même les personnes bien informées ont certaines opinions pas toujours avérées sur la transmission, l’infection, les tests de dépistage et les traitements relatifs aux ITSS. Nous avons consulté la littérature médicale pour vérifier cinq des hypothèses les plus courantes.

Si, plusieurs semaines après avoir eu une relation sexuelle non protégée, aucun signe ou symptôme d’une ITSS apparaît, il n’y a pas lieu de se soumettre à un test de dépistage.

FAUX.

De nombreuses personnes infectées par une ITSS peuvent ne présenter que peu ou pas de symptômes ou de signes d’infection, même plusieurs semaines après avoir eu des relations sexuelles non protégées. Les tests de dépistage sont donc essentiels pour vérifier que vous n’êtes pas infecté ou que toute infection antérieure a été guérie efficacement. Selon la maladie, les tests peuvent être effectués à partir de l’urine, du sang ou d’autres échantillons (urètre, pertes vaginales ou anales, gorge, yeux et oreilles).

Il existe de nombreux facteurs de risque et des situations qui justifient la nécessité de passer un test même si les partenaires sexuels ne présentent pas de signes ou de symptômes d’une ITSS :

  • relation sexuelle non protégée ;
  • partage de matériel utilisé pour l’injection ou l’inhalation de drogues ;
  • tatouage ou perçage corporel réalisé avec de l’équipement non stérilisé ;
  • exposition à des liquides biologiques contaminés, y compris avec des accessoires sexuels contaminés par du sperme ou des sécrétions vaginales ;
  • arrêt de l’utilisation du condom ou du carré de latex chez les couples qui ont une relation stable ;
  • grossesse ;
  • relation sexuelle que vous ou votre partenaire avez eu avec un nouveau partenaire, plusieurs partenaires ou un partenaire ayant une ITSS.

Selon l'Agence de la santé publique du Canada, les groupes de la population qui sont davantage touchés par les ITSS devraient être testés régulièrement [1] :

  • Partenaires multiples (simultanément ou au fil du temps)
  • Partenaires sexuels anonymes ou occasionnels
  • Relations sexuelles sans utilisation de méthode de barrière
  • Relations sexuelles avec des personnes atteintes d’une ITSS
  • Antécédents d’ITSS
  • Consommation de substances (drogue, alcool ou les deux)
  • Utilisation de médicaments contre la dysfonction érectile
  • Antécédents de violence d’un partenaire intime ou de violence sexuelle
  • Environnements sociaux (par exemple, saunas, soirées « circuit », institutions postsecondaire)

Le moment du test est un élément important du dépistage des ITSS. Aucun test ne sera positif le lendemain de la contamination. La syphilis peut être détectée 10  jours après la contamination. La période fenêtre pour la détection de la gonorrhée est encore mal connue, mais il est recommandé de considérer qu’elle se termine 14 jours après l’exposition. Le délai est de deux semaines pour le VIH et la chlamydia. En cas de premier résultat négatif, nombre de ces tests doivent être répétés pour s’assurer que l’infection peut effectivement être exclue. Comme la technologie évolue rapidement, ces délais doivent être révisés régulièrement. [2]

Un test Pap n’est pas un test de dépistage d’une ITSS. Il vérifie uniquement la présence de lésions du col de l’utérus dues au virus du papillome humain (VPH).

Le traitement réussi d’une ITSS fournit une protection à vie contre cette infection.

Faux, sauf exception

Chez une personne immunocompétente, la protection à vie ne peut être obtenue que pour l’hépatite A ou B, ou pour les infections qui peuvent être évitées par une vaccination réussie (VPH, hépatite A ou B). La chlamydia, la gonorrhée et la syphilis ne suscitent pas une réponse immunitaire suffisante de l’organisme, et les personnes peuvent être infectées à plusieurs reprises. L’infection par le virus de l’herpès dure toute la vie. Dans de rares cas, les personnes qui suivent un traitement efficace contre le VIH peuvent être infectées par un autre type de VIH résistant aux médicaments.

La chlamydia et la gonorrhée peuvent être traitées avec succès.

FAUX

Dans le passé, la chlamydia et la gonorrhée étaient traitées efficacement grâce à l’utilisation d’antibiotiques. Cependant, la situation évolue, en particulier pour la gonorrhée, en raison du développement de souches de bactéries de plus en plus résistantes aux céphalosporines, le dernier antibiotique disponible pour son traitement. [3]

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La syphilis est une maladie ancienne, rarement signalée au Canada.

FAUX

La syphilis est en effet une maladie transmissible sexuellement très ancienne. Le taux observé au Canada était très faible jusqu’en 2001, puis il a commencé à augmenter, en particulier chez les hommes et plus récemment chez les femmes hétérosexuelles. De 2011 à 2020, le taux d’infection global a bondi de près de 400% passant de 5,1 à 24,7 cas par 100 000 de population. Entre 2014 et 2018, on a noté également au Canada, une augmentation importante de plus de 10 fois du nombre de nouveau-nés atteints de syphilis néonatale. [4]

Au Canada, une personne peut être tenue criminellement responsable si elle a des relations sexuelles sans révéler qu’elle est atteinte d’une ITSS.

VRAI

Au Canada, c’est un crime de ne pas divulguer, avant d’avoir des relations sexuelles, qu’on est atteint du VIH ou d’une autre ITSS qui pose un « risque important de lésions corporelles graves ». La personne est généralement accusée d’agression sexuelle grave, l’une des infractions les plus sérieuse du code pénal, passible d’une peine maximale d’emprisonnement à perpétuité et de la désignation obligatoire de délinquant sexuel. [5]

Jusqu’à présent, la plupart des poursuites sont liées au VIH, et pratiquement aucune ne concerne l’herpès, la syphilis, la chlamydia ou d’autres ITSS. Vous pouvez cependant faire l’objet d’une poursuite au civil, y compris aux petites créances, pour ne pas avoir déclaré une ITSS autre que le VIH. [6]

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Sources5
  1. Agence de la santé publique du Canada. Guide de prévention des Infections Transmissibles Sexuellement et par le Sang. https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies-infectieuses/sante-sexuelle-infections-transmissibles-sexuellement/lignes-directrices-canadiennes/guide-prevention-itss.html
  2. « Prélèvements et analyses recommandés chez une personne asymptomatique – Syphilis, hépatites B et C, VIH – Intervention préventive relative aux ITSS », Publications du ministère de la Santé et des Services sociaux, https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/document-002370/, consulté le 20 novembre 2019.
  3. « Antimicrobial-Resistant Gonorrhea – Basic >Information. Centers for Disease Control and Prevention. 28 décembre 2022. Consulté le 10 février 2024.
  4. Agence de la santé publique du Canada. La syphilis au Canada de 2011 à 2020. https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/rapports-publications/releve-maladies-transmissibles-canada-rmtc/numero-mensuel/2022-48/numero-2-3-fevrier-mars-2022/syphilis-canada-2011-2020.html
  5. Campanella, Emanuela. « Have an STI? What You're Legally Obligated to Disclose », Global News, 16 octobre 2017. https://globalnews.ca/news/3796984/have-an-sti-what-youre-legally-obligated-to-disclose/ « Sexually Transmitted Diseases (STDs) and Lawsuits », Nolo, 26 décembre 2013. https://www.nolo.com/legal-encyclopedia/sexually-transmitted-diseases-stds-lawsuits.html
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique
Pendant une cinquantaine d’années, Raymond Lepage a agi comme biochimiste clinique responsable de laboratoires tant publics que privés. Professeur agrégé de clinique à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et professeur associé à l’Université de Sherbrooke, il a également été consultant, chercheur, expert juriste et conférencier. Auteur ou coauteur de plus de 100 publications parues dans des congrès et des revues scientifiques, il consacre désormais une partie de sa semi-retraite à la vulgarisation scientifique.