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Santé A à Z  —  7 minutes

Flurona : faut-il s’inquiéter?

10 mars 2022
Équipe Biron
Équipe Biron
info@biron.com

Au début de la pandémie, des cliniciens se sont inquiétés des effets d’une possible co-infection au SRAS-CoV-2, responsable de la COVID-19, et au virus de l’influenza, responsable de la grippe saisonnière [1]. Mais ce n’est qu’en janvier 2021 que le terme « Flurona », contraction de « flu » (grippe en anglais) et « rona » pour coronavirus, est apparu et a enflammé les médias sociaux [2]. Quels sont les dangers de cette co-infection?

Grippe et COVID-19 : un cocktail inquiétant

Dès le début de 2020, l’arrivée à l’automne de la grippe saisonnière en pleine pandémie de COVID-19 a soulevé de nombreuses préoccupations, car chacune de ces deux infections respiratoires est potentiellement mortelle chez les personnes âgées et celles ayant un déficit du système immunitaire. Imaginez une combinaison des deux! Mais comme aucune connaissance sur cette possible co-infection n’existait, la seule recommandation était la vaccination contre la grippe saisonnière, à compléter par un vaccin contre la COVID-19 lorsqu’il serait offert.

Cependant, en raison des mesures sanitaires comme le port du masque, la distanciation physique et l’hygiène des mains, il n’y a pas eu d’activité grippale importante en 2020-2021. Seulement 4 cas ont été confirmés au Québec à la fin de la période de vaccination contre l’influenza (32 au Canada), comparativement à plusieurs milliers de cas les années précédentes [3].

Une menace diffuse

Les craintes se sont donc estompées jusqu’en janvier 2021 lorsqu’Israël a rapporté un premier cas de double infection par le SRAS-CoV-2 et le virus de la grippe chez une femme enceinte [4]. C’est à ce moment que le terme « Flurona » est apparu. Toutefois, si l’article prenait soin de mentionner qu’il s’agissait du premier cas documenté en Israël, ce n’était pas la première co-infection dans le monde.

Dès mars 2020, une double infection avait été diagnostiquée chez une famille new-yorkaise [5]. Et, en décembre 2021, une méta-analyse portait sur plus de 900 cas de co-infection rapportés dans la littérature scientifique depuis le début de la pandémie [6].

L’ampleur réelle des cas de co-infections

Bien qu’on ait répertorié certains cas, on ne connaît pas avec précision le nombre de co-infections pour trois raisons:

  1. Les analyses par PCR qui ont été utilisées pour détecter les cas de COVID-19 n’ont pas été développées pour détecter en même temps les autres microorganismes (virus, champignons, bactéries) responsables des atteintes respiratoires;
  2. Les tests qui permettent de détecter différentes infections respiratoires, comme le PCR multiplex respiratoire offert par Biron, ne sont pas adaptés à la détection de masse requise par la pandémie de la COVID-19;
  3. Les tests de détection des antigènes de l’influenza A et B ont été très peu prescrits pendant la pandémie.

On pense cependant que le nombre réel de co-infections par le SRAS-CoV-2 et l’influenza serait assez élevé. Les co-infections virales ne sont pas nouvelles et sont plus fréquentes qu’on ne le croit. Des études réalisées avant la COVID-19 révèlent que les co-infections peuvent toucher, selon les études, de 14 à 70% des individus hospitalisés pour une atteinte respiratoire [7].

Des dangers peu connus

Comme le nombre de cas confirmés est très faible, il est difficile de savoir si la double infection est plus dangereuse qu’une infection simple. Le cas rapporté à New York au début de la pandémie était décrit comme grave alors que celui de la femme en Israël était plutôt léger.

Une méta-analyse de 12 études portant sur 9500 individus atteints de la COVID-19 et de l’influenza semble montrer que la double infection n’a pas d’effet important sur la gravité de la maladie et la mortalité. Mais cette conclusion doit être interprétée avec précaution : la mortalité était plus faible dans les études chinoises, mais plus élevée dans les études d’autres pays [7]. Il faudra donc attendre d’autres recherches avant de pouvoir se prononcer sur la dangerosité de la co-infection.

Une certitude : ce n’est pas un nouveau virus

Lors de l’annonce du cas de co-infection en Israël, de nombreuses personnes ont transposé leurs connaissances sur les variants et ont pensé, à tort, que le Flurona était un nouveau super virus issu de deux virus qui auraient fusionné.

Ce genre de fusion ou de combinaison est possible lorsque les deux virus sont de la même famille. Or, ce n’est pas le cas pour le SRAS-CoV-2, qui appartient à la famille des coronavirus, et le virus de l’influenza, qui fait partie des orthomyxovirus. De plus, leur origine est distincte : le virus de la grippe provient des oiseaux alors que le SRAS-CoV-2 provient très probablement d’un mammifère (chauve-souris, pangolin). La structure des deux virus est également très différente, ce qui ne favorise pas les possibilités de fusion [8].

Pour en finir avec les infections

Avec la pandémie, nous avons appris que, pour freiner la transmission du SRAS-CoV-2, il fallait éviter les contacts rapprochés, appliquer des mesures d’hygiène et se faire vacciner. Il en va de même avec le virus de l’influenza : il faut éviter les contacts avec les personnes infectées, se laver les mains souvent et se faire vacciner.

Ces mesures sont d’autant plus importantes que le virus de l’influenza pourrait revenir en force lors de la saison de la grippe et fragiliser davantage nos capacités hospitalières. En effet, après deux années de faible activité grippale, beaucoup moins d’individus sont immunisés naturellement contre l’influenza, ce qui risque de favoriser la transmission.

Pour combattre les co-infections de COVID-19 et d’influenza, la solution est simple : encourager tous les individus à risque à se faire vacciner contre les deux types d’infection. Nul besoin d’inventer un nouveau mot comme Flurona et de semer la confusion.

Pour du soutien professionnel, nous sommes là.

Nous offrons des services qui peuvent aider votre médecin à diagnostiquer la COVID-19 et d’autres problèmes respiratoires.

Si vous avez des questions ou désirez obtenir plus d’information, n’hésitez pas à joindre le service à la clientèle de Biron Groupe Santé au 1 833 590-2712.

Sources8
  1. Marine Corniou (27 août 2020). « Grippe et COVID-19: vers une épidémie double à l’automne? », Québec Science, https://www.quebecscience.qc.ca/sciences/grippe-covid-19-epidemie-double-automne/
  2. Julie Charpentrat, AFP (4 janvier 2022). « La double infection grippe et COVID surnommée "flurona" n’est ni inédite ni une "fusion de deux virus », Imazpress, https://www.ipreunion.com/factchecking/reportage/2022/01/04/-la-double-infection-grippe-et-covid-surnommee-flurona-n-est-ni-inedite-ni-une-fusion-de-deux-virus,145580.html
  3. Comité sur l’immunisation du Québec (11 décembre 2020). « Fin de la campagne de vaccination contre l’influenza pour la saison 2020-2021 », INSPQ, https://jasp.inspq.qc.ca/publications/3096-fin-campagne-vaccination-influenza
  4. Aryeh Stern (30 décembre 2021). « Israel Reports First Case of 'Flurona' », Hamodia, https://hamodia.com/2021/12/30/israel-reports-first-case-of-flurona/
  5. Roxanne Khamsi (17 novembre 2021). « The Double-Whammy COVID-Flu », The Atlantic, https://www.theatlantic.com/health/archive/2021/11/covid-flu-same-time/620729/
  6. Z. Guan, C. Chen, Y. Li et coll. (2021). « Impact of Coinfection With SARS-CoV-2 and Influenza on Disease Severity: A Systematic Review and Meta-Analysis », Public Health, https://doi.org/10.3389/fpubh.2021.773130
  7. Lubna Pinky, Gilberto Gonzalez-Parra, Hana M. Dobrovolny (2019). « Superinfection and Cell Regeneration Can Lead to Chronic Viral Coinfections », Journal of Theoretical Biology, 466:24-38, https://doi.org/10.1016/j.jtbi.2019.01.011
  8. Jean Ruelle. « Quelles sont les différences entre le coronavirus et la grippe saisonnière? », UCLouvain, https://uclouvain.be/fr/decouvrir/quelles-sont-les-differences-entre-le-coronavirus-et-la-grippe-saisonniere.html [consulté le 23 février 2022]
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