Santé connectée — 3 minutes
Nanotechnologies montréalaises

Savez-vous ce qu’est une nanotechnologie?
L’origine du mot vient de «nanomètre» (0,000000001 mètre), une mesure de distance extrêmement petite, de l’ordre de l’espace entre deux atomes. Une nanotechnologie est donc une technique basée sur la manipulation de structures chimiques au niveau de l’atome. Le transport de l’oxygène par l’hémoglobine, les réactions antigènes-anticorps, bref toutes les fonctions qui nous tiennent en vie sont basées sur des nanotechnologies naturelles. En se basant sur la compréhension de ces mécanismes naturels, des chercheurs ont mis au point des nanomachines synthétiques : nanomoteurs, nanoélévateurs, nanopinces ou nanotransporteurs, si petites qu’elles peuvent être injectées dans le sang ou un tissu vivant. On peut facilement imaginer le potentiel d’un «nanotransporteur» qui serait capable de livrer un médicament anticancéreux directement dans la tumeur, évitant ainsi les effets secondaires terribles de ce médicament sur les autres tissus (cheveux, intestin, etc.). D’autres applications médicales prometteuses pourraient concerner la réparation des tissus, l’amélioration des facultés post-AVC, la fabrication d’implants à enveloppe «naturelle», la thérapie génique, etc. La ligne entre le potentiel des nanotechnologies et la science-fiction la plus débridée est très mince!
Une application des nanotechnologies qui intéresse particulièrement le monde du laboratoire est le développement de tests diagnostiques miniaturisés, capables de mesurer beaucoup de paramètres de laboratoire rapidement, sur une seule goutte de sang total, et qui pourraient donc servir de base à des analyses de laboratoire délocalisées (les Anglais utilisent le terme POCT pour Point of Care Testing). Les glucomètres et certains autres tests disponibles au chevet des patients sont des exemples de tests délocalisés basés sur des technologies traditionnelles.
En lien avec l'actualité
J’ai retrouvé dans mes papiers un article paru à l’automne 2015 dernier dans La Presse+ intitulé «Détecter le VIH grâce à son téléphone», et j’ai été particulièrement intéressé d’apprendre que ce projet provenait d’un groupe de chercheurs de l’Université de Montréal dirigé par le Dr Alexis Vallée-Bélisle.
Sans vouloir entrer dans les détails, le Dr Vallée-Bélisle utilise comme nanomachine des tout petits bouts de l’ADN qui compose nos chromosomes : non pas comme matériel génétique, mais comme des éléments d’un jeu de construction qui rappelle le Meccano ou les Tinkertoys de mon enfance (inutile de préciser mon âge…). Il en fait des nanoconstructions «chatouilleuses», c’est-à-dire qu’elles changent de forme lorsqu’elles réagissent avec d’autres composés. Le groupe du Dr Vallée-Bélisle a donc adapté ces brins d’ADN pour qu’ils émettent un signal électrique en fonction de leur forme. Lorsque le petit bout d’ADN convenablement préparé réagit avec une protéine du VIH, le changement de forme du petit brin d’ADN peut être mesuré avec des électrodes miniatures et indiquer la présence de l’infection via un téléphone intelligent SANS INTERVENTION d’un laboratoire! À suivre!
