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Parole de spécialiste — 16 minutes

Endométriose et sexualité ne font pas toujours bon ménage

Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique

Les relations sexuelles sont généralement une source de plaisir. Mais quand ce moment devient désagréable en raison de la douleur, c’est un signe que quelque chose ne va pas. Chez les personnes ayant un utérus, les douleurs pendant la pénétration peuvent être un symptôme d’endométriose, une maladie encore méconnue qui touche pourtant 10% des femmes en âge de procréer.

Qu’est-ce que l’endométriose?

L’endomètre est un tissu qui se forme dans l’utérus et qui s’épaissit chaque mois en prévision d’une conception. S’il n’y a pas de grossesse, la membrane se désagrège et est évacuée avec les règles.

Chez les personnes atteintes d’endométriose, on retrouve des cellules endométriales en dehors de l’utérus, soit sur les ovaires, les trompes ou les ligaments qui supportent l’utérus et sur les organes voisins comme la vessie et l’intestin.

Ces fragments de tissu forment des lésions ou des nodules qui suivent le cycle menstruel. Ils grossissent et saignent lors des règles, et comme le sang ne peut s’échapper, cela crée de l’inflammation et des adhérences qui, avec le temps, relient les organes entre eux.

Est-ce douloureux?

Oui, la douleur est le symptôme le plus fréquent de l’endométriose. Elle peut être persistante ou apparaître avant ou pendant les règles et les rapports sexuels ou encore au moment d’uriner ou d’aller à la selle. Des problèmes gastro-intestinaux, comme la diarrhée, la constipation et la nausée, ainsi que de la fatigue chronique, peuvent l’accompagner. L’endométriose est aussi souvent associée à l’infertilité.

Quand faire l’amour fait mal

L’endométriose peut provoquer de fortes douleurs pendant les rapports sexuels, aussi appelées dyspareunies. Ce symptôme touche 56% des personnes atteintes d’endométriose [1].

On en distingue deux types liés à l’endométriose:

  • Dyspareunie superficielle – les douleurs se manifestent à l’entrée du vagin.
  • Dyspareunie profonde – les douleurs se concentrent dans le fond du vagin et sont directement liées aux adhérences et zones où l’endométriose est présente. Ce sont les plus fréquentes et les plus douloureuses.

Les dyspareunies ont des conséquences importantes sur la vie intime des femmes atteintes:

  • Avant une relation – l’appréhension de la douleur peut entraîner une baisse du désir ainsi qu’une réduction de l’excitation et de la lubrification.
  • Pendant la relation – par peur de la douleur, la contraction involontaire des muscles du périnée diminue la possibilité d’avoir du plaisir ou d’atteindre l’orgasme, et augmente la gêne, l’inconfort et la douleur. Pendant la pénétration, le pénis peut aussi frapper sur les zones atteintes par l’endométriose.
  • Après la relation – les spasmes provoqués par l’orgasme peuvent venir tirer sur les adhérences et causer de la douleur.

Perdre sa libido: une autre souffrance

La douleur n’est pas le seul obstacle à une sexualité épanouie. La fatigue chronique, un symptôme de l’endométriose, peut aussi la perturber en entraînant une diminution ou une disparition du désir. Il en va de même avec certains traitements visant à soulager l’endométriose. Par exemple, les traitements hormonaux, comme la prise de la pilule contraceptive, peuvent provoquer une diminution de la libido ou causer une sécheresse vaginale.

C’est pourquoi de nombreuses femmes atteintes ont tendance à modifier leur sexualité ou à arrêter toute pratique sexuelle. Cela peut générer de l’angoisse ou des tensions au sein du couple et parfois une dépression. La honte, la culpabilité et le manque d’estime de soi sont des sentiments fréquemment ressentis qui peuvent mener à l’isolement social.

Naviguer dans l’inconnu

On estime que près de 10% des femmes dans le monde sont atteintes d’endométriose, peu importe leur origine ethnique ou leur situation sociale [2]. Mais ce nombre pourrait être beaucoup plus élevé, car la maladie est souvent méconnue des patientes, voire des médecins.

Le problème, c’est que lorsqu’elle se manifeste à la puberté, l’endométriose est souvent confondue avec des crampes menstruelles. « C’est normal d’avoir mal », dira-t-on aux jeunes adolescentes, qui développeront lésions et adhérences jusqu’à ce que les douleurs soient très intenses.

Mais même à ce moment, le diagnostic n’est pas évident: bon nombre des symptômes ressemblent à ceux d’autres troubles, et les manifestations de la maladie sont différentes d’une femme à l’autre, selon l’emplacement et l’ampleur des lésions.

Il peut donc s’écouler plus de cinq ans entre un signalement de douleur et le diagnostic [3], qui doit être confirmé par laparoscopie (visualisation des organes internes au moyen d’une sonde munie d’une caméra).

Des traitements variés pour une maladie complexe

Les femmes qui reçoivent un diagnostic d’endométriose peuvent se voir offrir différents traitements selon leur âge, le stade de la maladie et les symptômes ressentis, ou encore le désir d’avoir un enfant. Voici les principaux :

Médicaments

La médicamentation, comprenant notamment des anti-inflammatoires non stéroïdiens, vise à atténuer les douleurs et à améliorer la qualité de la vie sexuelle.

Traitements hormonaux

Les contraceptifs servent à modifier l’environnement hormonal qui favorise l’endométriose. Ils peuvent cependant avoir des effets secondaires qui diminuent la réponse sexuelle (désir, excitation, lubrification, libido).

Chirurgies

Des chirurgies permettent de retirer ou de détruire les lésions et adhérences, mais celles-ci sont susceptibles de revenir. En dernier recours, on peut retirer l’utérus uniquement, ou l’utérus et les ovaires. Cependant, cette intervention peut déclencher les symptômes de ménopause et altérer certaines sensations sexuelles.

Vivre avec l’endométriose

Les traitements pour diminuer la douleur ne sont pas toujours suffisants pour rétablir une vie sexuelle pleine et entière. Un thérapeute en sexologie peut aider à trouver des pistes de solution pour réinventer la sexualité, qui ne doit pas se réduire à la pénétration. Évidemment, la participation de la douce moitié dans cette démarche est importante.

Des organismes, tels que Endométriose Québec et The Endometriosis Network of Canada, proposent également des ressources pour mieux vivre avec l’endométriose. La participation à un groupe de soutien et le partage d’expériences avec d’autres femmes atteintes contribuent souvent à vaincre l’isolement et à retrouver confiance en soi.

Pour du soutien professionnel, nous sommes là.

Nous offrons des services qui peuvent aider votre médecin à détecter l’endométriose et à déterminer le traitement approprié.

Vous avez une ordonnance médicale en main pour un de ces tests? Prenez rendez-vous en ligne ou joignez le service à la clientèle de Biron Groupe Santé au 1 833 590-2712.

Sources3
  1. DE GRAFF, A.A., T.M. D’HOOGHE, G.A.J. DUNSELMAN et coll. «The significant effect of endometriosis on physical, mental and social wellbeing: results from an international cross-sectional survey», Human Reproduction, vol. 28, no 10, p. 2677-2685, octobre 2013, https://academic.oup.com/humrep/article/28/10/2677/619939
  2. «Endométriose», Organisation mondiale de la santé, 31 mars 2021, https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/endometriosis
  3. SINGH, S. et coll. «Prevalence, symptomatic burden, and diagnosis of endometriosis in Canada: cross-sectional survey of 30 000 women», Journal d’obstétrique et de gynécologie du Canada, vol. 42, no 7, p. 829-838, 1er juillet 2020, https://www.jogc.com/article/S1701-2163(19)30980-6/fulltext
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique
Pendant une cinquantaine d’années, Raymond Lepage a agi comme biochimiste clinique responsable de laboratoires tant publics que privés. Professeur agrégé de clinique à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et professeur associé à l’Université de Sherbrooke, il a également été consultant, chercheur, expert juriste et conférencier. Auteur ou coauteur de plus de 100 publications parues dans des congrès et des revues scientifiques, il consacre désormais une partie de sa semi-retraite à la vulgarisation scientifique.