Parole de spécialiste — 19 minutes
Vrai ou faux : neuf affirmations à propos des ITSS
7 avril 2025

Au fil des ans, il est devenu évident que même les personnes bien informées ont certaines opinions qui ne sont pas toujours fondées sur la transmission, l’infection, les tests de dépistage et les traitements des ITSS. Nous avons consulté la littérature médicale pour vérifier 10 des hypothèses les plus courantes.
Si, plusieurs semaines après avoir eu une relation sexuelle non protégée, aucun signe ou symptôme d’une ITSS apparaît, il n’y a pas lieu de se soumettre à un test de dépistage.
De nombreuses personnes infectées par une ITSS peuvent présenter peu ou pas de symptômes ou signes d’infection, même plusieurs semaines après avoir eu des relations sexuelles non protégées. Les tests de dépistage sont donc essentiels pour vérifier que vous n’avez aucune infection ou que toute infection antérieure est complètement résorbée. Selon la maladie, les tests peuvent être effectués à partir de l’urine, du sang, de pertes vaginales ou anales ou d’autres échantillons (urètre, gorge, yeux et oreilles).
Il existe de nombreux facteurs de risque et des situations qui justifient la nécessité de passer un test même si les partenaires sexuels ne présentent pas de signes ou de symptômes d’une ITSS :
- Une relation sexuelle non protégée;
- Le partage de matériel utilisé pour l’injection ou l’inhalation de drogues;
- Un tatouage ou un perçage corporel réalisé avec de l’équipement non stérilisé;
- L’exposition à des liquides biologiques contaminés, y compris avec des accessoires sexuels contaminés par du sperme ou des sécrétions vaginales;
- L’arrêt de l’utilisation du condom ou du carré de latex chez les couples qui ont une relation stable;
- Une grossesse;
- Une relation sexuelle que vous ou votre partenaire avez eue avec un nouveau partenaire, plusieurs partenaires ou un partenaire ayant une ITSS.
Selon l’Agence de la santé publique du Canada, les groupes de population qui sont davantage touchés par les ITSS devraient être testés régulièrement [1]. Voici les facteurs de risque :
- Les partenaires multiples (simultanément ou au fil du temps);
- Les partenaires sexuels anonymes ou occasionnels;
- Les relations sexuelles sans utilisation de méthode de barrière;
- Les relations sexuelles avec des personnes atteintes d’une ITSS;
- Des antécédents d’ITSS;
- La consommation de substances (drogue, alcool ou les deux);
- L’utilisation de médicaments contre la dysfonction érectile;
- Des antécédents de violence d’un partenaire intime ou de violence sexuelle;
- L’environnement social (par exemple, saunas, soirées « circuit », institutions postsecondaires).
Le moment du test est un élément important du dépistage des ITSS. Aucun test ne sera positif le lendemain de la contamination. Dans certains cas, la syphilis peut être détectée 10 jours après la contamination. La fin de la période fenêtre pendant laquelle cette infection reste indétectable peut s’étendre jusqu’à 12 semaines tout comme celle de l’hépatite B, de l’hépatite C et du VIH. La période fenêtre pour la chlamydia et la gonorrhée est plus courte, soit environ 14 jours. En cas de premier résultat négatif, la majorité de ces tests doivent être répétés pour assurer que l’infection peut vraiment être exclue. Comme la technologie évolue rapidement, ces délais doivent être révisés régulièrement [2,3].
Un test Pap n’est pas un test de dépistage d’une ITSS. Il permet uniquement de vérifier la présence de lésions du col de l’utérus dues au virus du papillome humain (VPH).
Le traitement réussi d’une ITSS fournit une protection à vie contre cette infection.
Chez une personne immunocompétente, la protection à vie ne peut être obtenue que pour l’hépatite A ou B, ou pour les infections qui peuvent être évitées par une vaccination réussie, telles que le VPH et l’hépatite A ou B. La chlamydia, la gonorrhée et la syphilis ne suscitent pas une réponse immunitaire suffisante de l’organisme, et les personnes peuvent donc être infectées à plusieurs reprises. L’infection par le virus de l’herpès dure toute la vie. Dans de rares cas, les personnes qui suivent un traitement efficace contre le VIH peuvent être infectées par un autre type de VIH résistant aux médicaments.
La chlamydia et la gonorrhée peuvent être traitées avec succès.
Dans le passé, la chlamydia et la gonorrhée étaient traitées efficacement grâce à l’utilisation d’antibiotiques. Cependant, la situation évolue, en particulier pour la gonorrhée, en raison du développement de souches de bactéries de plus en plus résistantes aux céphalosporines, le dernier antibiotique disponible pour son traitement [4].
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La syphilis est une maladie ancienne, rarement signalée au Canada.
La syphilis est en effet une maladie transmissible sexuellement très ancienne. Le taux observé au Canada était très faible jusqu’en 2001, puis il a commencé à augmenter, en particulier chez les hommes et plus récemment chez les femmes hétérosexuelles. De 2018 à 2023, le taux d’infection global par la syphilis a doublé, passant de 6 371 à plus de 12 000 cas. Pendant la même période, le nombre de nouveau-nés atteints de syphilis néonatale a triplé [5].
Au Canada, une personne peut être tenue criminellement responsable si elle a des relations sexuelles sans révéler qu’elle est atteinte d’une ITSS.
Au Canada, c’est un crime de ne pas divulguer, avant d’avoir des relations sexuelles, qu’on a le VIH qui pose un « risque important de lésions corporelles graves ». La personne est généralement accusée d’agression sexuelle grave, l’une des infractions les plus sérieuses du code pénal, passible d’une peine maximale d’emprisonnement à perpétuité et de la désignation obligatoire de délinquant sexuel [6].
Jusqu’à présent, la plupart des poursuites sont liées au VIH, et pratiquement aucune ne concerne l’herpès, la syphilis, la chlamydia ou d’autres ITSS. Vous pouvez cependant faire l’objet d’une poursuite au civil, y compris aux petites créances, pour ne pas avoir déclaré une ITSS autre que le VIH (articles 7 et 1457 du Code civil).
Apprenez-en davantage sur les infections transmises sexuellement et par le sang.
Avec le sexe oral, il n’y a aucun risque d’attraper une ITSS.
Même si ce n’est pas la source la plus fréquente de transmission, il est tout à fait possible d’attraper une ITSS au cours d’une relation buccogénitale non protégée, avec ou sans orgasme ou éjaculation. Lors d’une fellation, le risque de transmission de l’herpès et de la syphilis est élevé, mais plus faible pour le VIH, la chlamydia, la gonorrhée et le VPH.
Les risques sont à peu près les mêmes lors d’un cunnilingus. Toutefois, le risque de transmission du VIH, de l’hépatite B et de l’hépatite C est plus élevé lorsqu’il y a du sang dans les sécrétions vaginales [7].
On peut attraper une ITSS sur un siège de toilette.
Les virus et les bactéries qui causent les ITSS ne survivent que très brièvement sur des surfaces comme un siège de toilette, et il est très peu probable qu’ils soient encore vivants lors du passage de l’utilisateur suivant. En plus, il faudrait que le contact avec le germe ait lieu entre le siège de toilette et une partie très précise du corps comportant une plaie ouverte. Donc, la transmission est à toute fin impossible [8].
Prendre une douche après une relation sexuelle chasse toutes les chances de contracter une ITSS.
Se laver avec un savon doux et de l’eau après une relation sexuelle est une mesure d’hygiène acceptable, mais ne protège pas contre les ITSS. Uriner peut cependant éliminer une partie des microorganismes à la sortie de l’urètre, le tube par où sort l’urine, et ainsi prévenir les infections urinaires. Il faut éviter en particulier les douches vaginales qui peuvent irriter la muqueuse du vagin ou encore repousser les microorganismes plus loin dans le vagin [9].
Parler de comportements sexuels responsables avec mon ado l’incite à découvrir les plaisirs sexuels plus rapidement.
Au contraire, selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé), il « est amplement attesté qu’une éducation sexuelle de qualité produit des résultats positifs en matière de santé, dont les bénéfices perdurent tout au long de l’existence. Les jeunes sont plus enclins à retarder le début de leur activité sexuelle – et lorsqu’ils ont des relations sexuelles, à avoir des rapports protégés – s’ils sont mieux informés sur leur sexualité, leur santé sexuelle et leurs droits » [11].
Les adolescents sont abondamment exposés à la sexualité par l’entremise d’Internet et des réseaux sociaux. Certains des messages véhiculés sont vrais, d’autres, carrément erronés. Se limiter à cette exposition ne leur permet pas d’obtenir toute l’information adéquate et les rend plus à risque de contracter une infection.
À lire aussi : Qu’est-ce qu’une ITSS et comment se transmet-elle?
Pour du soutien professionnel, nous sommes là pour vous aider.
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Prenez rendez-vous en ligne ou joignez le service à la clientèle de Biron Groupe Santé au [1 833 590-2713].
Sources11
- Agence de la santé publique du Canada. Guide de prévention des Infections Transmissibles Sexuellement et par le Sang (ITSS). https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies-infectieuses/sante-sexuelle-infections-transmissibles-sexuellement/lignes-directrices-canadiennes/guide-prevention-itss.html. Consulté le 7 avril 2025.
- MSSS. Syphilis, hépatites B et C, VIH. Prélèvements et analyses recommandés chez une personne asymptomatique. https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2019/19-308-11W.pdf. Consulté le 7 avril 2025.
- MSSS. Infections à Chlamydia Trachomatis, ou à Neisseria gonorrhoeae. Prélèvements et analyses recommandés chez une personne asymptomatique. https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2019/19-308-10W.pdf. Consulté le 7 avril 2025,
- Center for Disease Control (CDC). “Drug Resistant Gonorrhea”. https://www.cdc.gov/gonorrhea/hcp/drug-resistant/index.html. Consulté le 7 avril 2025.
- Gouvernement du Canada. « Les cas de syphilis sont en hausse au Canada ». https://www.canada.ca/fr/services/sante/campagnes/syphilis.html. Consulté le 7 avril 2025.
- CliquezJustice.ca. Les infections transmises sexuellement : devez-vous informer votre partenaire? https://cliquezjustice.ca/vos-droits/les-infections-transmises-sexuellement-devez-vous-informer-votre-partenaire. Consulté le 7 avril 2025.
- INSPQ. Estimation du risque associé aux activités sexuelles. https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/documents/formation/itss/7-DepistageITSS_RisquesSelonActiviteSexuelle.pdf. Consulté le 7 avril 2025.
- Hackensack Meridian Health. “Can you get an STD from a Toilet Seat?”. https://www.hackensackmeridianhealth.org/en/healthu/2024/01/29/can-you-get-an-std-from-a-toilet-seat#: Consulté le 7 avril 2025.
- Réjean Thomas. Prévenir les ITSS. Clinique l’Actuel. https://cliniquelactuel.com/prevention-des-itss_clinique-medicale-l-Actuel.html. Consulté le 7 avril 2025.
- Clinique L’Actuel. Les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH). https://cliniquelactuel.com/Les-hommes-ayant-des-relations-sexuelles-avec-des-hommes-HARSAH-le-risque-n-est-pas-le-meme-pour-tous. Consulté le 7 avril 2025.
- OMS. Éducation complète à la sexualité. https://www.who.int/fr/news-room/questions-and-answers/item/comprehensive-sexuality-education. Consulté le 7 avril 2025.
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