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Parole de spécialiste — 11 minutes

La réponse à la caféine : une affaire d’ADN

Catherine Drouin-Audet, Dt.P., Diététiste-Nutritionniste
Catherine Drouin-Audet, Dt.P., Diététiste-Nutritionniste
Directrice adjointe, génétique et opérations laboratoire

Si l’on vous disait que votre habituel café ou thé du matin pouvait s’avérer un allié ou un ennemi pour la santé de votre cœur, souhaiteriez-vous savoir ce qu’il en est pour vous ? Dans ces boissons chaudes et réconfortantes se cache un psychostimulant – la caféine – qui peut avoir une incidence positive ou négative sur votre santé selon votre ADN.

Les effets de la caféine sur le corps

La caféine est le psychostimulant le plus consommé dans le monde [1]. On en retrouve, bien entendu, dans le café et le thé, mais aussi dans les colas, les boissons énergisantes et le chocolat noir. Elle est si présente dans nos vies qu’on oublie parfois de se demander si, oui ou non, elle est bonne pour la santé ? Certains soutiennent que oui, alors que d’autres sont d’avis contraire [2].

Devant la montagne de renseignements aujourd’hui accessibles au bout de nos doigts, comment départager ces affirmations ? Il est difficile d’y parvenir, car les effets de ce composé organique sur le corps varient d’une personne à l’autre.

La caféine agit non seulement sur le système nerveux central, mais également sur le système cardiovasculaire. Lorsque consommée de manière sporadique, elle augmente la pression artérielle et dilate les vaisseaux sanguins [3]. Chez certains, ces manifestations immédiates se traduiront par une sensation de bien-être, alors que chez d’autres, elles produiront des palpitations incommodantes pendant quelques heures.

Ces effets immédiats de la caféine sont bien reconnus et documentés. On s’interroge toujours, en revanche, sur les répercussions d’une consommation fréquente à long terme de cette substance sur la santé cardiovasculaire. À cet égard, l’unanimité est loin d’être acquise [2].

Les effets de la caféine sur le corps peuvent varier d’une personne à l’autre, puisque chaque personne réagit différemment à ce psychostimulant.

Votre ADN influence votre réaction à la caféine

Bien que l’âge, l’accoutumance, le tabagisme et la prise de médicaments influent tous sur la réaction à la caféine, la génétique représente aussi une pièce importante du casse-tête. En effet, la vitesse d’élimination peut être jusqu’à 40 fois plus rapide ou plus lente d’un individu à l’autre, selon son code génétique [4].

Après avoir été absorbée par le système digestif, la caféine circule dans le sang et passe à travers le foie. Dans cet organe se retrouve l’enzyme CYP1A2, dont le rôle est de transformer légèrement la molécule de caféine afin que les reins puissent l’éliminer graduellement [1]. Les personnes qui peuvent éliminer la caféine rapidement sont catégorisées comme étant des métaboliseurs rapides. D’autres, en raison d’une variation génétique qui ralentit ce processus, éliminent la caféine plus lentement et sont reconnus comme étant des métaboliseurs lents ou intermédiaires.

Il a été démontré que les métaboliseurs lents et intermédiaires sont plus à risque de souffrir d’hypertension et de subir un infarctus du myocarde si leur consommation habituelle de caféine dépasse 200 mg par jour (soit 2 tasses moyennes de café filtre ou 3 espressos simple). À l’opposé, les métaboliseurs rapides verraient un effet positif ou nul sur leur pression artérielle et leurs risques de crise cardiaque avec une consommation de 100 à 400 mg de caféine par jour [1-5].

Une alimentation dite saine peut donc vous mettre à risque de développer des maladies chroniques si elle ne répond pas aux besoins uniques de votre corps.

La dépendance et les prédispositions génétiques

Des chercheurs et scientifiques américains ont étudié, en 2011, le lien possible entre la consommation de caféine et le besoin ressenti. En analysant l’ADN de plus de 40 000 personnes, ils ont réussi à identifier deux séquences génétiques à l’origine du désir de boire un café, un thé ou un soda ou de manger du chocolat. Ainsi, ce serait le profil génétique de chaque individu qui déterminerait s’il ressent ou non, et à quelle intensité, le besoin de consommer ces produits stimulants.

Tout compte fait, on constate que dépendamment de la personne qui la consomme, la caféine peut avoir une incidence positive ou négative sur la santé cardiovasculaire. Parions maintenant que vous regarderez votre prochaine tasse de café d’un œil bien différent !

Pour du soutien professionnel, nous sommes là.

Nous offrons un service de nutrigénomique qui peut vous aider à mieux vous alimenter selon votre ADN et vous fournir des recommandations alimentaires précises.

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Sources6
  1. CORNELIS, M. C. et coll., « Coffee, CYP1A2 Genotype, and Risk of Myocardial Infarction », Journal of the American Medical Association, 295, 1135-41 (2006).
  2. CORNELIS, M. C., « Gene-coffee interactions and health », Current Nutrition Reports, 3(3), 178-195 (2014).
  3. YANG, A. et coll., « Genetics of caffeine consumption and responses to caffeine », Psychopharmacology, 211(3), 245-257 (2010).
  4. KALOW, W. et TANG, B. K., « Use of caffeine metabolite ratios to explore CYP1A2 and xanthine oxidase activities », Clinical Pharmacology & Therapeutics, 50:508–519 (1991).
  5. PALATINI, P. et coll., « CYP1A2 genotype modifies the association between coffee intake and the risk of hypertension », Journal of Hypertension, 27, 1594-601 (2009).
  6. KASHUBA, A. D. et coll., « Quantitation of three-month intraindividual variability and influence of sex and menstrual cycle phase on CYP1A2, N-acetyltransferase-2, and xanthine oxidase activity determined with caffeine phenotyping », Clinical Pharmacology & Therapeutics, 63:540–551 (1998).
Catherine Drouin-Audet, Dt.P., Diététiste-Nutritionniste
Catherine Drouin-Audet, Dt.P., Diététiste-Nutritionniste
Directrice adjointe, génétique et opérations laboratoire
Diététiste-nutritionniste de formation, Catherine s’est jointe à BiogeniQ dès sa fondation en 2014. C’est au sein de cette entreprise spécialisée en génétique, aujourd’hui détenue par Biron, qu’elle a dirigé la conception et le développement du programme de nutrigénomique. Grâce à ses études en nutrition et en gestion à l’Université McGill, à l’Université Laval et à HEC Montréal, Catherine demeure à l’affût des nouveautés en nutrition, tout en assurant la direction de la génétique au sein de Biron Groupe Santé.