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Vos questions — 9 minutes

Le VPH, ce virus hautement contagieux, peut-il causer le cancer?

Parmi les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS), celles causées par le virus du papillome humain (VPH) sont les plus fréquentes. Si la plupart de ces infections sont bénignes et sans conséquences, certaines causent plus de dommages, dont le cancer du col de l’utérus.

Un virus contagieux et parfois oncogène

On estime qu’au cours de leur vie, 75% des Canadiennes et Canadiens actifs sexuellement seront infectés par le VPH [1]. Ce n’est pas étonnant puisque ce virus est extrêmement contagieux. Un contact peau à peau au niveau de la région génitale, même sans pénétration, est souvent suffisant pour transmettre le virus.

Par ailleurs, il existe plus de 200 types de VPH, dont une quarantaine peuvent infecter les voies génitales. Au cours de sa vie, un individu peut donc être infecté par plus d’un type de VPH ou encore plusieurs fois par le même type. Heureusement, la grande majorité de ces infections vont disparaître spontanément, très souvent à l’insu des individus porteurs.

Toutefois, quelques types de VPH peuvent entraîner l’apparition de verrues génitales (condylomes) alors qu’une quinzaine d’autres seront responsables de cancers. Ces types de VPH, qu’on appelle à risque élevé, peuvent notamment causer le cancer du pénis chez l’homme, celui de la gorge, de la bouche ou de l’anus chez les deux sexes et, chez la femme, celui de la vulve, du vagin et, plus fréquemment, du col de l’utérus [2].

On évalue qu’en 2019, 1 350 Canadiennes ont reçu un diagnostic de cancer du col utérin et que 410 en sont mortes [3]. Pourquoi le VPH, qui disparaît spontanément chez une majorité d’individus infectés, se transforme-t-il en agent cancéreux chez certaines femmes?

Des conditions prédisposantes

Lorsqu’un type de VPH à risque élevé infecte une cellule du col, il modifie le fonctionnement de la cellule pour l’amener à reproduire de nouvelles particules de VPH. Si le virus est présent suffisamment longtemps, des protéines impliquées dans cette reprogrammation vont entraîner la multiplication non contrôlée des cellules infectées. Normalement, notre système immunitaire devrait être en mesure de reconnaître ces cellules anormales et de les neutraliser avant qu’elles envahissent les organes. Mais certaines situations ou combinaisons de situations leur permettent d’échapper à nos mécanismes de défense [4].

Facteurs de risque de développer un cancer du col de l’utérus

  • Présence de VPH à risque élevé (VPH 16, 18 ou 31)
  • Affaiblissement du système immunitaire (médication, sida)
  • Tabagisme (associé à une persistance plus élevée du virus)
  • Relations sexuelles précoces et partenaires sexuels multiples (augmentation de l’exposition à plusieurs types de VPH)
  • ITSS concomitante (le risque est deux fois plus élevé s’il y a co-infection à chlamydia)

Le facteur temps

À mesure que le nombre de cellules anormales augmente, une lésion se forme sur le col. Cette lésion encore bénigne est constituée de cellules qu’on dit précancéreuses. Éventuellement, elle sera détectable lors d’un examen du col, et une analyse des cellules au microscope (cytologie gynécologique ou test Pap) permettra d’en déterminer la nature. Si cette lésion n’est pas détectée ou traitée, il s’écoulera plusieurs années, soit de 10 à 20 ans et même plus, avant qu’elle devienne cancéreuse et envahisse les tissus avoisinants.

Le problème, c’est qu’il y a généralement peu de symptômes aux stades précoces du cancer du col, et l’évolution du cancer passe souvent inaperçue. Le symptôme le plus caractéristique est la présence de saignements vaginaux inhabituels après une relation sexuelle, entre les menstruations ou après la ménopause. D’autres causes peuvent expliquer ces saignements, et leur présence n’est pas automatiquement liée à un cancer. Mais il faudrait à tout le moins discuter de ces saignements avec son médecin. Les autres symptômes de la présence d’une lésion cancéreuse varient de la douleur et de l’inconfort pendant les relations sexuelles à des pertes vaginales nauséabondes [5].

Les outils contre le VPH et le cancer du col

Comme pour tous les cancers, la lutte contre le cancer du col de l’utérus passe par des mesures de prévention efficaces combinées à des techniques de détection précoce. À cela s’ajoutent des traitements susceptibles d’améliorer le taux de survie des personnes touchées.

La vaccination contre le VPH

En 2008, le gouvernement québécois a mis en œuvre un programme de vaccination contre les infections par les virus du papillome humain. Réservé au départ aux jeunes filles de 4e année du primaire, le programme a graduellement été étendu aux garçons et à d’autres groupes à risque des deux sexes [6]. Ce programme est probablement l’élément le plus important dans la lutte contre le cancer du col.

Bien qu’il soit encore trop tôt pour mesurer son effet sur le taux d’incidence du cancer du col, les résultats préliminaires en ce qui concerne les cas de condylomes et de VPH à risque élevé de cancer sont très encourageants.

Une étude publiée à la fin de 2018 dans le Journal d’obstétrique et gynécologie du Canada a relevé une diminution de 45% des verrues anogénitales chez les jeunes filles de 15 à 19 ans et de 21% chez les garçons du même âge au Canada depuis la mise en place du programme de vaccination. Par ailleurs, les risques d’apparition de lésions au col de l’utérus ont chuté de 86% dans certains cas [7].

En Suède, le programme de vaccination aurait lui aussi entraîné une réduction substantielle du risque de développer un cancer du col. Selon une étude publiée en 2020, l’incidence cumulée du cancer du col de l’utérus était de 94 cas pour 100 000 personnes chez les femmes non vaccinées et de 47 cas pour 100 000 personnes chez les femmes vaccinées. Les résultats sont encore plus spectaculaires chez celles qui avaient été vaccinées avant 17 ans avec seulement 4 cas pour 100 000 personnes [8].

Une nouvelle méthode de dépistage primaire

Comme le cancer du col utérin n’apparaît que plusieurs années après l’apparition de lésions, la détection de lésions lors de l’examen gynécologique et la possibilité d’identifier les types de VPH à risque élevé constituent les fondements du programme de dépistage du cancer du col.

Depuis une cinquantaine d’années, le test Pap, qui permet de détecter les lésions du col de l’utérus, a grandement amélioré le taux de survie au cancer du col. Mais cette méthode de dépistage primaire sera bientôt remplacée par la détection directe des types de VPH à risque élevé, un test beaucoup plus précis. Des études indiquent que la capacité des tests de VPH à détecter la présence de lésions précancéreuses est de 94,6% comparativement à 55,4% pour le test Pap [9].

D’autres études sont en cours pour confirmer la possibilité d’effectuer un auto-prélèvement vaginal pour ce test, une solution que la grande majorité des femmes trouvent avantageuses et qui pourrait contribuer à augmenter le taux de participation aux programmes de dépistage.

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Des traitements efficaces

La plupart des femmes qui ont un cancer du col utérin subiront une intervention chirurgicale, le plus souvent une hystérectomie radicale, soit l’ablation du col de l’utérus, de l’utérus, de tissus avoisinants et de la partie supérieure du vagin. Cette opération peut être combinée, selon le cas, à de la radiothérapie et à de la chimiothérapie. Grâce aux traitements, la survie à 5 ans pour toutes les personnes diagnostiquées est de 74% [10], mais elle s’élève à plus de 92% pour les cas détectés précocement (44% des cas) [11].

Comme pour les autres cancers, des améliorations au traitement du cancer du col sont proposées régulièrement. Une étude récente, dirigée par le Groupe canadien des essais sur le cancer en collaboration avec le Gynecologic Cancer InterGroup, a démontré que l’hystérectomie radicale pouvait, dans bien des cas, être avantageusement remplacée par une hystérectomie simple (utérus et col de l’utérus) qui occasionne beaucoup moins d’effets secondaires et a moins d’incidences sur la qualité de vie et la santé sexuelle [11].

Toutefois, ces traitements pourraient un jour devenir désuets. Grâce à la vaccination contre le VPH, au dépistage par test de détection du VPH et à l’amélioration du suivi des résultats anormaux, il serait possible d’éliminer le cancer du col de l’utérus au Canada d’ici 2040 [12].

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Sources12
  1. Société des obstétriciens et gynécologues du Canada. «Qu’est-ce que le VPH», InfoVPH.ca, https://www.hpvinfo.ca/fr/what-is-hpv/ [consulté le 19 septembre 2023].
  2. Ministère de la Santé et des Services sociaux. «Virus du papillome humain (VPH)», https://www.quebec.ca/sante/problemes-de-sante/itss/virus-du-papillome-humain-vph#c1318 [consulté le 19 septembre 2023].
  3. Agence de la santé publique du Canada. «Cancer du col de l’utérus», https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies-chroniques/cancer/cancer-uterus.html [consulté le 19 septembre 2023].
  4. National Cancer Institute. « HPV and Cancer», https://www.cancer.gov/about-cancer/causes-prevention/risk/infectious-agents/hpv-and-cancer#top. [consulté le 19 septembre 2023].
  5. NHS Inform. «Cervical Cancer», https://www.nhsinform.scot/illnesses-and-conditions/cancer/cancer-types-in-adults/cervical-cancer [consulté le 19 septembre 2023].
  6. Ministère de la Santé et des Services sociaux. «Programme de vaccination contre les infections par les virus du papillome humain (VPH), Historique du programme», https://www.quebec.ca/sante/conseils-et-prevention/vaccination/programme-de-vaccination-contre-les-infections-par-les-vph/historique-du-programme [consulté le 19 septembre 2023].
  7. M. Steben, M.T. Thompson, C. Rodier et coll. «A Review of the Impact and Effectiveness of the Quadrivalent Human Papillomavirus Vaccine: 10 Years of Clinical Experience in Canada», Journal of Obstetrics and Gynaecology Canada, vol. 40, no 12, 18 décembre 2018, https://www.jogc.com/article/S1701-2163(18)30462-6/fulltext [consulté le 26 septembre 2023].
  8. J. Lei, A. Ploner, K.M. Elfström, J. Wang et coll. «HPV Vaccination and the Risk of Invasive Cervical Cancer», New England Journal of Medicine, vol. 383, p. 1340-1348, 1er octobre 2020, https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1917338 [consulté le 26 septembre 2023].
  9. Biron. «Cancer du col de l’utérus : le test Pap remplacé par un test de détection du VPH», Actualités, 9 juin 2022, https://www.biron.com/fr/actualites/sante-a-a-z/nouveau-mode-depistage-cancer-col-uterus/ [consulté le 19 septembre 2023].
  10. Société canadienne du cancer. « Statistiques de survie pour le cancer du col de l’utérus », https://cancer.ca/fr/cancer-information/cancer-types/cervical/prognosis-and-survival/survival-statistics#:~:text=Survie%20nette&text=Elle%20permet%20d'estimer%20le,vivront%20au%20moins%205%20ans [consulté le 5 octobre 2023].
  11. CHU de Québec. «Avancée majeure dans le traitement du cancer du col de l’utérus», Actualités, 5 juin 2023, https://www.chudequebec.ca/actualites/avancee-majeure-dans-le-traitement-du-cancer-du-co.aspx [consulté le 19 septembre 2023].
  12. Partenariat canadien contre le cancer. Plan d’action pour l’élimination du cancer du col de l’utérus au Canada, 2020-2030, https://s22457.pcdn.co/wp-content/uploads/2020/11/Elimination-cervical-cancer-action-plan-FR.pdf [consulté le 5 octobre 2023].