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Parole de spécialiste — 6 minutes

Cancer de la prostate : rôle de l’APS/PSA et de l’IRM dans le dépistage

5 septembre 2024

Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique

Le cancer de la prostate est le principal cancer qui touche les hommes et la troisième cause de décès par cancer après le cancer du poumon et le cancer colorectal [1]. On estime que 1 Canadien sur 9 développera un cancer de la prostate au cours de sa vie et que 1 Canadien sur 29 en mourra [2]. Malgré ces statistiques troublantes, le taux de survie associé au cancer de la prostate est de 91 % cinq ans après le diagnostic [1].

cancer prostate

Dépistage

Depuis plus de 25 ans, le dépistage du cancer de la prostate repose sur l’utilisation du toucher rectal en association avec le dosage de l’APS/PSA (ou antigène spécifique de la prostate) dans le sang. Depuis quelques années, on utilise de plus en plus l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour confirmer les informations obtenues par le dosage de l’APS/PSA et déterminer quels patients pourront bénéficier d’une biopsie de la prostate et des traitements qui pourraient en découler.

L’APS/PSA

L’APS/PSA est une protéine retrouvée dans le sang qui provient exclusivement de la prostate. Selon l’âge, des taux sanguins inférieurs à 3 ou 4 nanogrammes par millilitre (ng/mL) de sang sont considérés comme sécuritaires. De taux variant entre 4 et 10 ng/mL sont observés à la fois dans des cas de cancers et d’atteintes bénignes de la prostate, dont l’hyperplasie bénigne (HBP) et la prostatite aiguë. Des taux supérieurs à 10 ng/mL sont généralement associés à un cancer et permettent d’en estimer l’évolution. Il faut se rappeler par ailleurs que dans près de 15 % des cancers de la prostate, les taux d’APS/PSA sont tout à fait normaux [3].

Les hommes exposés à un risque intermédiaire de cancer de la prostate devraient envisager un premier dosage de l’APS/PSA à partir de 50 ans. Dans le cas des hommes qui présentent un risque plus élevé (origine africaine ou caribéenne, antécédents familiaux), on parle plutôt de 45 ans.

L’IRM de la prostate

L’imagerie par résonance magnétique (IRM) de la prostate est un examen non invasif qui consiste à produire un champ magnétique puissant autour de la prostate, puis à émettre des ondes radioélectriques qui permettront de produire des images très précises de la prostate et des tissus avoisinants en 2 ou 3 dimensions. On effectue souvent une IRM après injection d’un produit de contraste comme le gadolinium [4].

Diagnostic

C’est par l’analyse au microscope d’une biopsie qu’on peut confirmer un diagnostic de cancer de la prostate. En effet, plusieurs atteintes bénignes de la prostate comme la prostatite aiguë ou l’HBP sont parfois difficiles à distinguer d’un cancer. Par ailleurs, les cancers n’ont pas tous la même dangerosité, certains évoluant tellement lentement qu’ils sont peu susceptibles de causer des problèmes de santé avant le décès par une autre cause. La biopsie permet de repérer les types de cancers les plus dangereux, les envahissements locaux et, conjointement avec d’autres techniques, la présence de métastases.

Le dosage de l’APS/PSA, à l’origine de surdiagnostics?

Il est reconnu que le dosage de l’APS/PSA chez les hommes asymptomatiques et exempts de facteurs de risque particuliers génère un nombre élevé de résultats anormaux anxiogènes pouvant mener à des interventions inutiles et parfois dangereuses. On estime que les trois quarts des résultats du dosage de l’APS/PSA variant entre 4 et 10 ng/mL ne sont pas attribuables à un cancer, mais plutôt la conséquence d’une atteinte bénigne de la prostate qui ne justifie pas de procéder à une biopsie [2]. Une étude publiée en décembre 2022 dans le prestigieux New England Journal of Medicine et portant sur 17 980 Suédois ayant un taux d’APS/PSA supérieur à 3 ng/mL a montré que le recours à l’IRM avant la biopsie chez ces patients avait permis, au détriment d’une faible baisse de la détection de cancers à risque intermédiaire, de diminuer de moitié le nombre de biopsies inutiles [5].

Comme tous les cancers, plus le cancer de la prostate est détecté tôt, plus les chances de survie sont élevées. Heureusement, nous disposons de plusieurs moyens, dont le recours conjoint au dosage de l’APS/PSA et à l’IRM, pour le détecter rapidement avant qu’il n’évolue. Il demeure important de discuter avec votre professionnel de la santé des avantages et inconvénients associés au dépistage du cancer de la prostate avant la réalisation d’un premier dosage de l’APS/PSA.

Nous offrons des services qui peuvent aider votre médecin à dépister le cancer de la prostate et à déterminer les prochaines étapes appropriées.

Prenez rendez-vous en ligne ou joignez le service à la clientèle de Biron Groupe Santé au 1 888 937-1579 pour les services d'Imagix ou au 1 833 590-2712 pour les services de Biron Laboratoire médical.

Sources5
  1. Gouvernement du Canada. Cancer - statistiques spécifiques 2023.https://cdn.cancer.ca/-/media/files/research/cancer-statistics/2023-statistics/2023_cancer-specific-stats_fr.pdf?rev=0449d7d422a147f2b9ea32bfe94dc6be&hash=8324733088775DFAD429762D5D598FE1 Consulté le 5 septembre 2024.
  2. N. Tétreault. Démystifier le cancer de la prostate pour mieux le combattre. https://www.biron.com/fr/centre-du-savoir/parole-de-specialiste/cancer-prostate/#22-71888 Consulté le 5 septembre 2024.
  3. Société canadienne du cancer. Test de l’antigène prostatique spécifique (APS). https://cancer.ca/fr/treatments/tests-and-procedures/prostate-specific-antigen-psa-test#:~:text=Si%20votre%20risque%20d'avoir,%C3%A0%20partir%20de%2045%20ans. Consulté le 5 septembre 2024.
  4. Société canadienne du cancer. Diagnostic du cancer de la prostate. https://cancer.ca/fr/cancer-information/cancer-types/prostate/diagnosis. Consulté le 5 septembre 2024.
  5. J. Hugosson, N. Månsson, J. Wallström, U. Axcrona et coll. Prostate Cancer Screening with PSA and MRI Followed by Targeted Biopsy Only. NEJM 2022; 387: 2126-2137.7.