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Parole de spécialiste — 8 minutes

​​​Santé musculosquelettique au travail, toutes les professions sont concernées

Hugo Le Bire, B. Sc. Kin.
Hugo Le Bire, B. Sc. Kin.
Kinésiologue

Alors que l’on imagine facilement un déménageur se faire un tour de rein ou une joueuse de tennis professionnelle se tordre la cheville, on réalise moins que le caissier ou la fleuriste courent également le risque de se blesser au travail. Le danger est parfois moins flagrant dans certains secteurs que dans d’autres, mais cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas. En fait, tous les métiers et toutes les tâches comportent leur lot de risques et pour les prévenir, tout part généralement d’un élément essentiel : l’observation.

Savoir observer son environnement pour éviter les blessures

Pour parler de prévention en milieu du travail, il peut être éclairant de commencer par évoquer le principe de la boucle décisionnelle, qui se déroule comme suit :

  1. Observation (ce qu’une personne observe dès le départ)
  2. Orientation (manière dont elle oriente sa réflexion ensuite en fonction de sa personnalité, de ses connaissances, de ses croyances…)
  3. Décision (ce qu’elle choisit de faire)
  4. Action (ce qu’elle fait)

On constate donc que ce processus débute par une phase d’observation de laquelle vont découler toutes les actions entreprises par la suite. Il s'agit d'un moment crucial que les travailleurs et travailleuses ne devraient jamais sous-estimer lorsqu’ils ou elles se présentent à leur poste.

Que ce soit au bureau, à l’usine, à la mine ou sur un bateau, il faut savoir observer son environnement avec attention et s’assurer qu’il est adapté à sa physionomie et à la tâche à effectuer.

Lorsque l’on se lance dans son travail sans avoir optimisé les lieux pour soi, on augmente les probabilités de prendre des raccourcis ou de compenser physiquement pour exécuter sa tâche. Ce peut être l’élément déclencheur pour qu’une blessure intervienne à court, moyen ou long terme.

Que regarder pour prévenir les accidents du travail?

Pour optimiser cette phase d’observation, la CNESST propose un outil d’identification des risques disponible pour toutes les personnes concernées par la santé au travail, des employeurs au personnel en passant par les professionnels de la prévention. Ce document expose les différents aspects à évaluer lorsque l’on se présente sur un lieu ou un poste de travail, tels que les risques :

  • Chimiques (Réaction, combustion, décomposition, etc.)
  • Biologiques (Champignons, insectes, toxines, poussières végétales, etc.)
  • Physiques (Bruit, électricité, température, etc.)
  • Ergonomiques (Manutention, posture, mouvements répétitifs, etc.)
  • Psychosociaux (Harcèlement, incivilité, forte charge de travail, etc.)
  • Liés à la sécurité (Espaces clos, travail en hauteur, éléments en mouvement dans l’environnement, etc.)

On peut aussi ajouter à ces facteurs l’utilisation ou non de protections adéquates.

Travail de bureau et risques de blessures musculosquelettiques

Certes, travailler derrière un ordinateur ne présente pas autant de risques que de se précipiter dans un immeuble en flammes pour sauver une famille. Pour autant, à la suite de la pandémie et de la multiplication du télétravail, les maux de tête, tensions lombaires, douleurs cervicales et autres problèmes aux coudes et aux poignets ont nettement augmenté en proportion chez les employés concernés.

En effet, nombre de travailleuses et travailleurs se sont retrouvés propulsés du jour au lendemain chez eux dans un environnement ergonomique pas toujours optimal. Les problèmes apparus ont ainsi bien souvent résulté d’un écran trop bas, d’une table trop haute ou encore d’une chaise bancale… bref, d’une station informatique inadaptée.

De fait, l’humain cherche à s’adapter à toute situation pour fournir l’effort nécessaire au travail qu’il souhaite accomplir; il oblige alors son corps à compenser et l’expose à de possibles douleurs ou blessures. Il est donc important de veiller à ce que sa station de travail soit ajustée à sa physionomie avant le début de sa journée de travail.

Des trucs à savoir

Concernant votre espace de travail, vous pouvez consulter l’aide-mémoire de la CNESST, qui vous servira à aménager votre bureau de façon à optimiser votre posture.

La vision est également touchée dans un environnement bureautique inadapté. Lorsque l’on travaille de la maison, il y a souvent moins de mouvement autour de soi et les yeux ont tendance à se focaliser uniquement sur l’écran. Ils se fatiguent alors beaucoup plus vite.

En télétravail, il est important de regarder souvent par la fenêtre ou d’alterner régulièrement la vision à courte et longue distance pour préserver sa vue au risque de développer un ​​syndrome de la vision informatique [1].

Savoir communiquer pour favoriser la prévention au travail

Même après avoir soigneusement recensé les différents risques associés à son poste de travail, il n’est pas toujours possible de corriger la situation par soi-même. Parallèlement, les solutions et responsabilités ne se trouvent pas exclusivement entre les mains de l’employeur.

Il appartient à chaque membre d’une organisation d’établir un dialogue constructif et de trouver les meilleurs canaux de communication pour le faire. L’apport de chaque point de vue permet de tisser un portrait global qu’il est essentiel d’obtenir pour mettre en place les corrections les plus adaptées.

L’employeur se doit aussi d’informer le personnel de ce qui est attendu en bout de chaîne. Il arrive en effet que des membres d’une équipe travaillent sur une partie de projet sans savoir vraiment quel en est l’objectif final. Cela revient à travailler avec des œillères et peut favoriser des erreurs qui mènent à des accidents. En connaissant les tâches de ceux et celles qui les suivent, ces personnes vont pouvoir anticiper de potentiels problèmes et y remédier.

La sécurité est l’affaire de tous et toutes. La collaboration est donc essentielle et chaque observation ou action permet de diminuer les risques d’accidents ou de blessures au travail.

Pour du soutien professionnel, nous sommes là. 

Nous offrons toute une gamme de services qui peuvent vous aider ou aider votre employeur à offrir des accès plus rapides à des tests et des professionnels de la santé.

Vous avez des questions ou souhaitez plus d’informations en lien avec l’un de ces services, communiquez avec notre personnel spécialisé en santé au travail au 1 833 590-2716.

Sources1
  1. Association canadienne des optométristes (27 mars 2023), « Syndrome de vision informatique (fatigue oculaire numérique) » https://opto.ca/fr/bibliotheque-sante-oculovisuelle/syndrome-de-vision-informatique-fatigue-oculaire-numerique
Hugo Le Bire, B. Sc. Kin.
Hugo Le Bire, B. Sc. Kin.
Kinésiologue
Athlète de niveau national dans deux disciplines, Hugo a suivi des études en kinésiologie. Par la suite, en tant que préparateur physique, il a aidé jeunes et moins jeunes à atteindre leurs objectifs sportifs durant plus de 20 ans. Pendant cette période, il a suivi une formation en optimisation de la performance axée sur la neurologie, un programme reconnu par les principales associations sportives américaines, dont la National Academy of Sports Medicine (NASM) et la National Strength and Conditioning Association (NSCA). Depuis 2017, au sein de l’équipe de Biron Santé au travail, il veille à préserver la santé des travailleurs en s’assurant qu’ils répondent aux exigences physiques des tâches à accomplir au travail.