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La prévention en santé : une approche profitable pour les entreprises

Dans une société davantage axée sur le traitement des problèmes de santé que sur leur prévention, on oublie trop souvent le proverbe « Mieux vaut prévenir que guérir ». Mais que faut-il prévenir au juste? Et, surtout, quand et comment faut-il le faire? En guise d’introduction à notre dossier sur la prévention et la promotion de la santé, cet article propose un survol des grands principes de la santé préventive et de ses avantages pour les employeurs.

La prévention en santé, c’est quoi?

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit la prévention comme « l’ensemble des mesures visant à éviter ou à réduire le nombre et la gravité des maladies, des accidents et des handicaps ». Elle préconise aussi d’y ajouter la promotion de la santé, c’est-à-dire d’encourager l’adoption d’habitudes qui protègent contre les maladies.

En s’attaquant aux facteurs de risque, comme le tabagisme et la consommation d’alcool, et en favorisant de saines habitudes de vie, comme l’activité physique et une alimentation équilibrée, les initiatives de prévention et de promotion visent à éviter au plus grand nombre d’individus d’avoir à recourir à un médecin, à subir des tests et à recevoir des traitements.

Et à nouveau, notre système de santé est effectivement axé... sur la guérison que sur la prévention. Selon l’Institut canadien d’information sur la santé, de 2004 à 2022, un maigre 3 % du budget de la santé du Québec a été alloué en moyenne à la santé publique, responsable de la prévention des maladies[1].

Dans les entreprises, cependant, la situation tend à changer. De plus en plus, les employeurs reconnaissent que leur succès repose sur la santé de leur personnel. C’est pourquoi ils proposent des programmes qui touchent différents aspects de la santé, tant physique que psychologique.

La prévention, ça touche tout le monde

De l’enfant à naître à la personne âgée, chaque étape de la vie apporte son lot de conditions et de préoccupations particulières. Les initiatives de prévention varient donc en fonction de l’âge et de la situation. En voici quelques exemples.

  • Femmes enceintes – facteurs de risque génétiques, alimentation et suppléments vitaminiques, alcool et autres drogues, médicaments, etc.
  • Enfants – dépistage des anomalies et maladies néonatales, nutrition (alimentation maternelle), exercice, programmes d’immunisation, etc.
  • Adolescents – ITSS, grossesses non désirées, alcool et autres drogues, accidents, suicides, etc.
  • Adultes – maladies chroniques (diabète, maladies du cœur, athérosclérose, hypertension, maladies pulmonaires, maladies de l’appareil digestif, cancers, etc.), santé au travail, obésité, tabagisme, etc.
  • Personnes âgées – maladies liées au vieillissement (ostéoporose, arthrose, MPOC, troubles cognitifs, Alzheimer, etc.), solitude, médicaments, chutes et blessures, etc.

Pourquoi la prévention au travail?

La prévention en santé doit s’exercer dans tous les milieux, aussi bien dans les cliniques et les hôpitaux qu’à la maison, à l’école et au travail.

Au travail, la prévention vise d’abord à éviter les accidents et les maladies professionnelles grâce au maintien d’un milieu de travail sécuritaire et à des formations correspondant aux activités de l’entreprise.

Au-delà du cadre réglementaire de la santé et sécurité du travail, une entreprise peut aussi, grâce à un programme de prévention et de promotion de la santé, protéger la santé des travailleurs et travailleuses en valorisant de saines habitudes de vie, en facilitant la conciliation travail-vie personnelle, en aménageant adéquatement l’environnement de travail, en adoptant une culture d’entreprise qui favorise la santé et en offrant aux membres de leur équipe à se soumettre à des bilans de santé préventifs appropriés à leur situation personnelle.

Se soucier du bien-être des employés en proposant une approche globale, c’est avantageux à bien des chapitres. Ces pratiques permettent aux entreprises :

  • de réduire les taux d’absentéisme de moitié[2] par rapport à la moyenne nationale;
  • d’améliorer le rendement du personnel et la productivité de l’entreprise;
  • d’améliorer la satisfaction du personnel et sa perception de l’entreprise, ce qui peut accroître le taux de rétention;
  • de diffuser une image plus positive de la marque employeur, ce qui facilite le recrutement;
  • de se démarquer de la concurrence.

Des initiatives de prévention bien adaptées

Pour être efficaces, les initiatives doivent répondre à des besoins précis ou à des réalités particulières. Par exemple, des campagnes sur l’abandon du tabagisme sont régulièrement lancées au pays, car cette habitude est la première cause de maladies et de décès évitables au Canada.

Au travail, chaque employeur doit établir ses priorités en fonction des activités de l’entreprise, mais aussi des intérêts du personnel et des problématiques rencontrées. Par exemple, les employés s’absentent-ils plus souvent pour des problèmes psychologiques ou des troubles musculosquelettiques? La réponse à cette question peut aider les employeurs à orienter leurs interventions et à choisir les services les plus appropriés. Un programme peut, entre autres, comprendre les services suivants :

Bilans de santé préventifs. Des évaluations de la santé, réalisées par des médecins, aident les employés à mieux comprendre leur état de santé et à agir pour limiter les affections qui pourraient les toucher (une tendance au diabète, par exemple). Elles permettent aussi de détecter une maladie de façon précoce et d’intervenir rapidement pour la traiter, ce qui augmente les chances de succès.

Sensibilisation aux saines habitudes de vie. L’organisation d’événements sur des thèmes d’intérêt pour le personnel (activité physique, alimentation, troubles du sommeil, santé du cœur, etc.) peut favoriser des changements positifs, susceptibles d’améliorer la santé et le bien-être des employés et, du même coup, la productivité de l’entreprise.

Soutien en santé mentale. Avec l’augmentation exponentielle des problèmes de santé mentale et de détresse psychologique, les entreprises gagnent à offrir des outils et des ressources aux employés qui éprouvent des difficultés. Cela peut prendre différentes formes, comme des séances de formation à l’intention des employés et des gestionnaires, des ateliers de gestion du temps et du stress, de l’information régulière sur la santé mentale et l’accès à une ressource indépendante et spécialisée dans ce domaine.

Il ne s’agit là que de quelques exemples des éléments d’un programme de prévention et de promotion de la santé. Dans nos autres articles, vous pourrez en apprendre davantage sur les différentes initiatives de prévention, comme les bilans de santé, la prévention des maladies chroniques et des cancers, et même les façons de ralentir le vieillissement.

Sources2
  1. Institut canadien d’information sur la santé. Tendances des dépenses nationales de santé, 2023 : tableaux de données – série F (tableau F.3.5.1), novembre 2023, https://www.cihi.ca/fr/tendances-des-depenses-nationales-de-sante#data-tables
  2. Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail. « Promotion », https://www.cchst.ca/topics/wellness/promotion/ [consulté le 23 novembre 2023]
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique
Pendant une cinquantaine d’années, Raymond Lepage a agi comme biochimiste clinique responsable de laboratoires tant publics que privés. Professeur agrégé de clinique à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et professeur associé à l’Université de Sherbrooke, il a également été consultant, chercheur, expert juriste et conférencier. Auteur ou coauteur de plus de 100 publications parues dans des congrès et des revues scientifiques, il consacre désormais une partie de sa semi-retraite à la vulgarisation scientifique.