Les jouets sexuels : comment bien les entretenir

L’histoire des jouets sexuels remonte à des millénaires. En 2005, des archéologues ont découvert un godemiché en pierre polie datant de 28 000 ans dans une grotte en Allemagne. Certaines personnes attribuent même l’invention du premier vibromasseur à Cléopâtre, il y a plus de 2000 ans : un cornet de papyrus rempli d’abeilles. Cinq cents ans plus tôt, la poétesse Sapho évoquait déjà l’utilisation de phallus artificiels en bois ou en cuir par les femmes de l’île de Lesbos. Au Moyen Âge, des produits sophistiqués, fabriqués à partir de matériaux plus élaborés, étaient réservés aux mieux nantis, tandis que les plus modestes se contentaient de ce que la nature leur offrait [2].

La libération sexuelle et la reconnaissance de la sexualité féminine dans la deuxième moitié du 20e siècle ont grandement contribué à populariser ces jouets, malgré la persistance de certains tabous. Un second souffle est venu avec l’avènement d’Internet, permettant aux consommateurs de quitter les arrière-boutiques des magasins érotiques pour profiter de l’anonymat des commandes en ligne!

Plus de la moitié des Américaines utilisent un vibromasseur, et cette proportion grimpe à plus de 75 % chez celles qui ont des relations sexuelles avec d’autres femmes [3].

Bien que des personnes de tous les âges utilisent des jouets sexuels, des statistiques françaises récentes révèlent que 43 % de celles de la génération Z (nées après 1996) et 38 % de celles de la génération Y (1981-1996) en sont les plus grandes amatrices. Ce pourcentage chute à 20 % pour la génération X (1965-1980) et, à 11 % chez les personnes nées avant 1965 [4].

Les jouets sexuels peuvent enrichir considérablement nos vies sexuelles, mais ils ne sont pas sans risque pour la santé. Certains modèles contiennent des substances potentiellement allergènes ou nocives pour la santé et leur utilisation – surtout lorsqu’ils sont partagés – favorise le risque de transmission d’infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS). De plus, il est essentiel que ces accessoires soient adaptés aux préférences et à l’anatomie des utilisatrices et des utilisateurs afin d’assurer une expérience à la fois sécuritaire et agréable.

Le principal agent allergène que l’on retrouve dans les jouets sexuels est le latex, largement utilisé, notamment dans la fabrication des condoms. Les allergies au latex se manifestent dans l’immédiat, parfois de manière sévère, et, dans certains cas, peuvent conduire à un choc anaphylactique [5]. D’autres produits peuvent causer des irritations de la paroi vaginale, un tissu qu’on sait très sensible, ou déclencher une dermatite de contact, qui apparaît souvent quelques heures après l’utilisation. Il ne faut pas oublier les substances contenues dans les lubrifiants, souvent utilisés conjointement, qui peuvent également jouer un rôle dans les réactions allergiques ou les irritations.

Les jouets sexuels sont souvent fabriqués à partir de matériaux tels que le plastique, le silicone, et le caoutchouc. Certains d’entre eux contiennent des substances potentiellement dangereuses, telles que le polychlorure de vinyle (PVC), le téréphtalate de polyéthylène (PET) et le polydiméthylsiloxane (PDMS). Parmi ces substances, les phtalates, reconnus comme des perturbateurs endocriniens, sont les plus préoccupants [6].

Les jouets sexuels, n’étant pas considérés comme des dispositifs médicaux, ne sont pas soumis à des réglementations strictes en matière de fabrication et distribution. Cela dit, les fabricants, les importateurs et les distributeurs de ces produits de consommation doivent s’assurer que leurs articles sont sûrs, et respectent toutes les normes de sécurité pour ne pas présenter de danger pour la santé ou la sécurité humaine, comme le précise Santé Canada [7]. Ironiquement, une norme existe concernant la présence de phtalates... mais uniquement dans les jouets pour enfants!

Pour tenter de réguler ce marché, une norme ISO a été proposée en 2021, spécifiquement pour les jouets destinés à entrer en contact direct avec les organes génitaux et l’anus [8]. Cependant, la norme ISO 3533 reste d’application volontaire. Entre-temps, la meilleure démarche est toujours de vérifier la liste des matériaux utilisés dans la fabrication du jouet, et d’éviter ceux pour lesquels aucune information ne confirme qu’ils sont exempts de phtalates.

Les jouets sexuels partagés peuvent être un vecteur de transmission de certaines ITSS. Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), le risque est négligeable pour des infections comme la chlamydia, la gonorrhée, la syphilis et l’hépatite B et faible pour le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), grand responsable du SIDA. En revanche, le risque est élevé pour le virus du papillome humain (VPH), qui est responsable du cancer du col de l’utérus, mais aussi pour le virus de l’herpès [9]. C’est pourquoi il est très important de bien nettoyer les jouets sexuels. Ce nettoyage doit se faire avant la première utilisation et entre chaque usage. Si cela n’est pas possible, en particulier en cas de partage d’un jouet sexuel, la meilleure solution est de recouvrir le jouet d’un condom.

Les techniques de nettoyage dépendent principalement des matériaux utilisés et de la présence de composantes électriques.

Retirez les piles avant le nettoyage, et évitez de submerger les composantes électriques dans l’eau. Utilisez un linge humide et du savon doux, de préférence antibactérien. Une fois le nettoyage terminé, gardez vos jouets sexuels dans un endroit frais et sec pour les préserver en bon état.

Ils peuvent être lavés avec une lingette humide et un savon antibactérien. Les jouets en pyrex, en acier inoxydable ou en silicone peuvent même être placés au lave-vaisselle. Pour une désinfection optimale, les jouets en acier inoxydable et en silicone (sans composante mécanique) peuvent être désinfectés dans de l’eau bouillante pendant 10 minutes.

Les jouets en caoutchouc sont particulièrement poreux, ce qui les rend difficiles à nettoyer et sont souvent chargés en phtalates. Pour garantir une utilisation plus sûre, il est recommandé de les recouvrir d’un condom.

Pour nettoyer les jouets en peau artificielle et en vinyle, lavez-les délicatement à la main avec de l’eau tiède seulement. Faites-les sécher à l’air et appliquez un peu de fécule de maïs pour éviter qu’ils ne deviennent collants. Quant aux jouets en nylon, ils peuvent être lavés à la main ou à la machine avec un savon doux.

Il existe également des produits de nettoyage spécialement conçus pour les différents matériaux des jouets sexuels. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter, entre autres, les sites Web des pharmacies.

La démocratisation des jouets sexuels qui sont de plus en plus sophistiqués a apporté de nombreux bénéfices, en enrichissant non seulement la qualité de la vie sexuelle, mais aussi en offrant des avantages médicaux. Ces derniers incluent le traitement des symptômes de la ménopause, l’amélioration de l’excitation sexuelle, le renforcement du plancher pelvien, la gestion de l’éjaculation précoce, le soutien à l’égard de la dysfonction érectile et l’augmentation de la libido (11). Avec un peu de prudence dans le choix et l’utilisation de ces jouets, il est possible d’en tirer pleinement profit tout en minimisant les risques d’effets secondaires indésirables.