Parole de spécialiste — 9 minutes
Le VPH : pourquoi et comment notre corps contrôle ce virus
23 décembre 2024

Rédigé en collaboration avec Dr Marc Steben.
Le VPH : un virus courant aux multiples facettes et risques
Le « virus du papillome humain » (VPH) est une grande famille de plus de 200 génotypes de virus. Ceux qui nous intéressent ici sont ceux qui infectent la peau et les muqueuses. À peu près 40 génotypes se concentrent dans la bouche, la gorge, sur la peau et les muqueuses du col utérin, du vagin, de la vulve, du pénis, et de l’anus.
Dans la majorité des cas, le VPH se manifeste par des lésions transitoires, que notre système immunitaire parvient à contrôler en déclenchant une réponse qui neutralise la transmission du virus, sans pour autant empêcher le développement des cancers ou des verrues appelées condylomes ou verrues anogénitales ou respiratoires.
Parmi les 40 génotypes, 15 types sont considérés à haut risque d’entraîner des lésions précancéreuses ou cancéreuses. Si virtuellement tous les cancers du col de l’utérus sont attribuables au VPH, ce n’est pas le cas pour les autres cancers associés au VPH, pour lesquels d’autres causes, telles que les maladies de la peau, le tabagisme ou la prise d’alcool jouent également un rôle. Cela dit, la plupart des infections au VPH, qu’elles soient à haut ou à faible risque, n’entraînent pas de lésions et sont maîtrisées par notre système immunitaire dans plus de 90 % des cas en moins de 2 ans [1].
Une transmission discrète, mais omniprésente
Le virus se transmet facilement par simple contact de peau à peau, parfois même sans pénétration, ce qui en fait de loin l’infection transmissible sexuellement et par le sang (ITSS) la plus courante. Les trois-quarts des personnes sexuellement actives, tous sexes confondus, auront une infection au VPH au cours de leur vie [2].
Une personne peut être infectée par un ou plusieurs VPH différents, simultanément ou successivement. Cependant, il est important de le souligner : une fois infectées, la grande majorité des personnes neutraliseront le virus, mais ne l’élimineront pas.
La prévalence élevée du VPH s’explique par sa capacité à devenir chronique, sa transmission et son infection facile.
Apprenez-en davantage sur ce dépistage (Test VPH et cytologie) chez Biron
Comment notre organisme lutte-t-il contre le VPH?
Comme pour toutes les infections causées par des microorganismes, tels que les virus, les bactéries, et les champignons, notre organisme mobilise un sous-groupe de globules blancs, les lymphocytes T, en collaboration avec d’autres types de cellules pour contrôler le VPH [3]. Bien que les lymphocytes T humains soient généralement très efficaces, leur action n’est pas infaillible comme l’indique l’apparition des condylomes et des cancers du col de l’utérus. De plus, le VPH n’élimine pas les cellules qu’il infecte. Avec le vieillissement du corps, plusieurs maladies qui étaient jusque-là maîtrisées ou non détectées peuvent se manifester.
Une autre raison pour laquelle notre organisme se défend peu ou pas contre certaines infections, y compris celle causée par le VPH, réside dans la faiblesse temporaire ou progressive de notre système immunitaire au cours du vieillissement.
Ce qui affaiblit notre système immunitaire contre le VPH
Notre système immunitaire peut être affaibli par différentes affections, et chaque cas est unique. Pour certaines personnes, cette faiblesse est d’origine héréditaire, même si elle n’est souvent détectée qu’à l’âge adulte. D’autres peuvent voir leur système immunitaire affaibli à cause de maladies chroniques comme le diabète et le cancer, ou encore en raison de traitements médicaux comme les médicaments immunosuppresseurs. Ceux-ci incluent les médicaments antirejet utilisés après une greffe, la chimiothérapie ainsi que la cortisone et ses dérivés. Ces traitements augmentent le risque de complication du VPH qui était auparavant contrôlé [7].
Le tabagisme double le risque de développer certains types de cancer de l’utérus. Parmi les nombreux effets du tabac, il y a des conséquences directes liées aux substances chimiques présentes dans la fumée, mais également un affaiblissement reconnu du système immunitaire [8].
Le stress est, lui aussi, associé à un affaiblissement du système immunitaire. Une étude réalisée au début des années 2000 chez 333 femmes de 19 ans, suivies pendant 11 ans, a montré l’association entre la persistance du VPH et le niveau de stress ressenti par les participantes. Bien que l’on n’ait pas pu déterminer si c’était le stress lui-même ou les effets négatifs qu’il peut entraîner, tels que le tabagisme et la consommation d’alcool, qui étaient en cause [9], des chercheurs français ont récemment découvert une interaction directe entre les hormones du stress et les cellules du système immunitaire [10].
Notons que l’alimentation joue également un rôle important dans le maintien de la santé de notre système immunitaire. Plusieurs micronutriments, tels que les vitamines C et D, le zinc, le sélénium, le fer, et les protéines sont cruciaux pour la croissance et le fonctionnement de notre système immunitaire. Il est important de se rappeler que les aliments passent d’abord par notre intestin, qui abrite, à lui seul, près de 70 % de notre système immunitaire. C’est sans compter le rôle de plus en plus complexe et important du microbiote (microorganismes qui vivent dans notre intestin) qui aide à protéger la muqueuse intestinale et produit certaines molécules comme des acides gras à courte chaîne utiles dans la réponse immunitaire [11].
Bien qu’il n’existe pas de recette magique pour « booster » notre système immunitaire, une alimentation saine et équilibrée, suivant les recommandations du Guide alimentaire canadien ou d’un diététicien ou d’une diététicienne, est un excellent moyen de soutenir nos défenses au quotidien. [12]
Protégeons-nous ensemble
Même si notre système immunitaire nous protège généralement contre le VPH, ce virus reste néanmoins responsable, entre autres, du développement du cancer du col de l’utérus et de huit autres cancers. C’est pourquoi les agences de santé, y compris celles du Québec, ont mis en place des programmes de vaccination gratuits, hautement efficaces et sécuritaires, offerts dès l’âge de 9 ans et jusqu’à de 45 ans selon certains critères [9].
De même, il est également recommandé aux femmes de 25 à 65 ans de passer un test de dépistage du cancer du col utérin. Une véritable révolution dans le dépistage est en cours : la cytologie, aussi appelée test Pap, est désormais remplacée par le test du VPH, à effectuer tous les 5 ans. Encore plus innovant, les femmes auront bientôt la possibilité de réaliser elles-mêmes le prélèvement à domicile, sans examen gynécologique. Cependant, en cas de résultat positif de VPH à haut risque avec un test autoprélevé, un examen gynécologique sera nécessaire.
Puisqu’il n’existe pas de test de dépistage pour les autres cancers liés au VPH, il est important de reconnaître précocement les signes ou les symptômes de ces cancers [10].
De plus, il est essentiel de suivre les autres recommandations de la santé publique concernant une alimentation saine, l’arrêt tabagique et la gestion du stress.
En résumé, la vaccination et le dépistage du VPH sont deux outils puissants pour éliminer le cancer du col de l’utérus et prévenir la majorité des cancers associés au VPH, notamment grâce à une immunisation précoce ou lors de changements immunitaires prévisibles ou de nouveaux partenaires sexuels.
Optez pour la simplicité avec le dépistage du cancer du col de l’utérus chez Biron. Notre personnel peut émettre votre ordonnance médicale sur place et vous offrir un service rapide et confidentiel, le tout en un seul rendez-vous.
Prenez rendez-vous en ligne ou joignez le service à la clientèle de Biron Groupe Santé au 1 833 590-2712.
Sources10
- Santé Canada. Virus du papillome humain. https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/biosecurite-biosurete-laboratoire/fiches-techniques-sante-securite-agents-pathogenes-evaluation-risques/virus-papillome-humain.html. Consulté le 19 décembre 2024.
- Ministère de la Santé et des Services sociaux. Virus du papillome humain (VPH). https://www.quebec.ca/sante/problemes-de-sante/itss/virus-du-papillome-humain-vph#c1318. Consulté le 19 décembre 2024.
- Manuel MSD : Présentation de la fonction des lymphocytes B et T. https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/multimedia/video/pr%C3%A9sentation-de-la-fonction-des-lymphocytes-b-et-t. Consulté le 20 décembre 2024.
- Santé Canada. Le tabac et le cancer du col de l’utérus - Canada.ca. Consulté le 21 décembre 2024.
- Science Daily. Stress and depression is linked to HPV-related health problems. https://www.sciencedaily.com/releases/2016/04/160430100243.htm. Consulté le 22 décembre 2024.
- INSERM. Quand le stress affaiblit les défenses immunitaires - Salle de presse de l’Inserm. Consulté le 22 décembre 2024.
- Fondation canadienne de la santé digestive. Comment l’alimentation peut-elle favoriser la santé intestinale et le système immunitaire? - Canadian Digestive Health Foundation
- Gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Aliments et nutrition. Aliments et nutrition | Santé et Services sociaux. Consulté le 23 décembre 2024.
- Ministère de la Santé et des Services sociaux. VPH : vaccin contre les virus du papillome humain - Vaccins - Professionnels de la santé - MSSS. Consulté le 14 janvier 2024.
- HPV Global Action. More About HPV. Consulté le 14 janvier 2024.
