Skip to contentSkip to navigation

Le test de spirométrie : pourquoi et pour qui?

28 avril 2024

Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique

Les maladies pulmonaires telles que l’asthme, la maladie pulmonaire obstructive chronique et la fibrose kystique affectent plus de 10 % de la population québécoise (1), ce qui représente plus de cas que le diabète (2) et autant que les maladies cardiovasculaires (3). Alors que nous sommes tous familiarisés avec des tests de surveillance comme le taux de glucose pour le diabète ou la prise de la tension artérielle pour les maladies cardiovasculaires, nous accordons moins d’attention aux tests de spirométrie, pourtant des outils largement utilisés pour évaluer la fonction pulmonaire.

homme qui respire spirometrie

Un peu de physiologie

Les poumons jouent un rôle essentiel en fournissant à l’organisme l’oxygène nécessaire à la production d’énergie par les cellules. Il n’existe aucune autre source d’oxygène autre que celle provenant des poumons, et il suffit de retenir sa respiration même pendant quelques secondes pour ressentir rapidement les signes d’un manque d’oxygène. De plus, les poumons éliminent une grande partie du dioxyde de carbone (CO2) produit par le métabolisme, ce qui permet de maintenir l’équilibre du pH sanguin pour éviter une baisse de celui-ci (acidose). Enfin, les poumons sont capables de réagir quasi-instantanément aux besoins de l’organisme en oxygène ou en élimination de CO2 , en fonction des besoins de l’organisme et la qualité de l’air respiré.

Structure des poumons

Le système respiratoire commence par le nez et la bouche, se poursuit à travers le pharynx, puis le larynx jusqu’à la trachée. La trachée se divise en suite en deux bronches primaires qui alimentent les trois lobes du poumon droit et les deux lobes du poumon gauche. Ces bronches principales se ramifient en suite comme les branches d’un arbre, se subdivisant en conduits de plus en plus nombreux et de diamètre de plus en plus petit, appelés bronchioles. Les bronchioles se terminent par de petits sacs alvéolaires en contact étroit avec les vaisseaux sanguins, où se produisent les échanges gazeux (oxygène et CO2). Les poumons contiennent environ 300 millions de ces petits sacs alvéolaires, ce qui correspond à une surface de contact avec la circulation sanguine de près de 80 mètres carrés (800 pieds carrés), soit environ la moitié d’un terrain de tennis (4)!

Les poumons sont entourés par la plèvre, constituée de deux enveloppes : une en contact avec le poumon (feuillet viscéral) et l’autre en contact avec le reste de la poitrine (feuillet pariétal). Les deux enveloppes sont séparées par un espace, la cavité pleurale, contenant un liquide permettant aux poumons de bouger plus facilement dans la poitrine sous les pressions du diaphragme, le muscle responsable de la respiration.

En situation de repos, nous inspirons environ 500ml d’air, dont 350 atteignent éventuellement les alvéoles, laissant un volume mort de 150 ml. Le débit ventilatoire normal est de 6 à 8 litres par minute.

Causes des atteintes pulmonaires (5)

Plusieurs maladies et autres conditions peuvent entraîner une détérioration de la respiration soit en obstruant et/ou en causant une inflammation des bronches et bronchioles, soit en interférant avec les échanges gazeux au niveau de alvéoles.

Causes des atteintes pulmonaire Exemples
Microorganismes Virus : rhume, influenza, COVID, hantavirus, virus respiratoire syncitial, croup, etc. Bactéries : tuberculose, coqueluche
Origine génétique Fibrose kystique, déficit en alpha-1-antitrypsine
Origine cancéreuse Cancer du poumon
Origine circulatoire Embolie pulmonaire
Origine de type allergique Asthme

Les atteintes respiratoires sont souvent le résultat de plusieurs causes combinées. Cependant, l’une des causes les plus courantes reste le tabagisme, qu’il soit actif ou ancien, par exposition directe à la fumée ou à la fumée secondaire. Il ne faut pas non plus négliger la mauvaise qualité de l’air et l’exposition professionnelle sur la santé respiratoire.

Pour qui?

Selon l’Association pulmonaire du Canada, la spirométrie est recommandée pour les personnes présentant l’un des symptômes suivants, en particulier les fumeurs de plus de 40 ans (6) :

  • serrement, douleur ou pression au niveau de la poitrine;
  • toux, en particulier si elle est accompagnée de mucus;
  • difficulté à respirer profondément;
  • souffle court (dyspnée) même après une tâche simple;
  • respiration sifflante à l’effort ou pendant la nuit;
  • rhumes qui durent plus longtemps que ceux des membres de votre entourage.

Elle est également recommandée pour toutes les personnes ayant reçu un diagnostic de maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) ou présentant une aggravation d’un asthme déjà existant (7) :

  • plus de deux épisodes d’asthme par semaine;
  • au moins un épisode d’asthme nocturne par semaine;
  • plus de deux doses du médicament de secours par semaine;
  • toute limitation de l’activité (scolaire, travail, loisir) à cause de l’asthme.

La spirométrie

La spirométrie est une technique permettant d’évaluer la fonction pulmonaire en mesurant la quantité d’air inspirée et expirée, ainsi que la vitesse de ces mouvements respiratoires. Elle permet de préciser la nature des problèmes pulmonaires, qu’ils soient obstructifs ou restrictifs. La spirométrie est utilisée pour évaluer la qualité de la respiration au moment du diagnostic, ainsi que pour suivre l’évolution de la maladie et l’efficacité des traitements au fil du temps.

On retrouve trois techniques de base en spirométrie (8) :

  1. Le test de spirométrie simple évalue objectivement la fonction pulmonaire d’un individu et valide, chez un patient traité, l’efficacité du traitement
  2. Le test de spirométrie pré et post-bronchodilatateur mesure la réponse de la respiration à un bronchodilatateur à action rapide similaire à celui utilisé dans le traitement à domicile.
  3. Le test de provocation bronchique avec la méthacholine permet de diagnostiquer l’hyperréactivité bronchique (asthme), en particulier lorsque les examens cliniques pulmonaires et spirométriques ne révèlent aucune anomalie.

Ces trois techniques sont réalisées sous la supervision d’une inhalothérapeute qualifiée, et les résultats sont interprétés par des pneumologues.

Chacun de ces tests qui nécessitent peu de préparation (ne pas avoir mangé depuis 1 heure, restriction de certains médicaments, etc.). Vous serez invité à vous asseoir avant de vider vos poumons sans forcer, à inspirer au maximum, puis à expirer le plus rapidement et le plus longtemps possible. Ces étapes peuvent être répétées plusieurs fois jusqu’à l’obtention de résultats satisfaisants. Les examens se déroulent en toute sécurité, et l’inhalothérapeute veillera à ce que votre confort respiratoire soit comparable à celui d’avant l’examen.

Sources8
  1. INESSS (2023). « Maladie pulmonaire obstructive chronique ». https://www.inesss.qc.ca/publications/repertoire-des-publications/publication/maladie-pulmonaire-obstructive-chronique.html. Consulté le 22 avril 2024
  2. INSPQ (2022). « Portrait du diabète dans la population québécoise âgée d’un an et plus de 2001 à 2019 ». https://INSPQ.qc.ca/publications/2858. Consulté le 22 avril 2024.
  3. Blais, C. et L. Rochette. « Portrait de l’ensemble des maladies vasculaires au Québec : prévalence, incidence et mortalité ». INSPQ, 4 septembre 2018. https://www.inspq.qc.ca/publications/2446. Consulté le 22 avril 2024
  4. Rao, A.A. et S. Johncy. « Tennis Courts in the Human Body: A Review of the Misleading Metaphor in Medical Literature », Cureus, vol. 2, no 1, janvier 2022. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8863270. Consulté le 23 avril 2024.
  5. Association pulmonaire du Canada. « Maladies pulmonaires de A-Z ». https://www.poumon.ca/santé-pulmonaire/maladies-pulmonaires. Consulté le 23 avril 2024.
  6. Association pulmonaire du Canada. « Spirométrie ». https://poumon.ca/santé pulmonaire/maladies pulmonaires/spirométrie. Consulté le 23 avril 2024.
  7. Association pulmonaire du Québec. « L’asthme sévère ». https://poumonquebec.ca/maladie/asthme/asthme-severe.php. Consulté le 23 avril 2024.
  8. Biron Soins du sommeil. « Tests de fonction respiratoire ». https://www.biron.com/fr/sommeil/spirometrie. Consulté le 23 avril 2024.
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique
Pendant une cinquantaine d’années, Raymond Lepage a agi comme biochimiste clinique responsable de laboratoires tant publics que privés. Professeur agrégé de clinique à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et professeur associé à l’Université de Sherbrooke, il a également été consultant, chercheur, expert juriste et conférencier. Auteur ou coauteur de plus de 100 publications parues dans des congrès et des revues scientifiques, il consacre désormais une partie de sa semi-retraite à la vulgarisation scientifique.