Parole de spécialiste — 9 minutes
Quand les tiques à pattes noires font du chemin
23 avril 2025

La maladie de Lyme est une infection causée par une bactérie, B. Burgdorferi, transmise par la piqûre d’une seule variété de tiques : la tique à pattes noires. Certaines personnes infectées ne ressentent aucun symptôme ou présentent des symptômes très légers. Chez d’autres, la maladie se manifeste dans les trois à 30 jours, et parfois même jusqu’à trois mois, suivant la piqûre, notamment par une rougeur sur la peau isolée ou accompagnée de symptômes semblables à ceux de la grippe : fièvre, fatigue, maux de tête, douleurs articulaires et musculaires. Sans traitement, l’infection peut entraîner des complications sérieuses dans les semaines ou les mois suivants, comme des troubles du rythme cardiaque, des douleurs articulaires sévères, ou encore une méningite chronique [1].
Comment reconnaître une tique à pattes noires?
Les tiques ne sont pas des insectes et ne volent pas. Ce sont des acariens : de tout petits parasites, souvent difficiles à voir à l’œil nu, qui se nourrissent exclusivement de sang.
Au Québec, on retrouve une douzaine d’espèces de tiques capables de piquer les humains et les animaux. Parmi elles, la tique à pattes noires (Ixodes scapularis) est la principale responsable de la transmission de la maladie de Lyme. En 2024, plus de 680 cas de cette maladie ont été recensés dans la province, dont 568 confirmés comme ayant été contractés localement [2].
Nous retrouvons la tique à pattes noires principalement dans les régions où abondent le cerf de Virginie, aussi appelé chevreuil, et la souris à pattes blanches. D’abord concentrée en Montérégie, en Estrie et dans le sud de l’Ontario, sa présence s’étend vers le nord, à un rythme estimé de 33 à 55 km par année. Avec les effets du réchauffement climatique, cette expansion devrait se poursuivre [3]. Déjà, en 2024, plus de 20 % des cas de maladie de Lyme ont été rapportés au nord du fleuve Saint-Laurent, dont un cas confirmé en Abitibi-Témiscamingue [2].
Illustration provenant de la référence 4
Il n’est pas toujours facile de reconnaître une tique à l’œil nu, surtout lorsqu’elle est minuscule. Voici quelques indices pour identifier une tique à pattes noires :
- Sa taille : d’un à trois millimètres
- Ses pattes : huit comparativement à six pour la plupart des insectes
- Son apparence : disproportion entre la taille de l’abdomen gorgé de sang et la tête
Pour confirmer vos observations, vous pouvez aussi envoyer une photo à une plateforme d’identification comme le site Web eTick de l’Université Bishops à Sherbrooke [4].
Une piqûre n’est pas synonyme d’infection
Au Québec, de 20 à 50 % des tiques à pattes noires sont porteuses de B. Burgdorferi, la bactérie responsable de la maladie de Lyme. Cela signifie que toutes les piqûres ne mènent pas nécessairement à une infection [5].
La tique doit rester accrochée à la peau pendant plus de 24 heures pour transmettre la bactérie B. Burgdorferi. Ce délai nous donne une précieuse occasion d’agir : en inspectant soigneusement notre corps, et celui de nos enfants ou de nos animaux, après une activité extérieure, on peut repérer et retirer la tique avant qu’elle ait eu le temps de nous infecter.
Encore faut-il savoir comment bien l’enlever...
Comment retirer une tique?
Lorsque nous voyons une tique accrochée à la peau, ce que nous voyons c’est surtout son abdomen – souvent gorgé de sang. Pourtant, c’est sa minuscule tête, enfouie dans la peau, qu’il faut absolument retirer. Voici la technique proposée par Santé Canadiens en santé : [6]
- Saisissez la tique à l’aide d’une pince, le plus près possible de la peau, sans presser son abdomen.
- Tirez la tique doucement, mais fermement et de façon continue, sans la tourner ni l’écraser. Cela permet de retirer toute la tique sans la briser. Si sa tête reste dans la peau, tentez de la retirer délicatement avec la pince. Si vous n’y arrivez pas, laissez-la en place et laissez la peau guérir.
- Déposez la tique dans un contenant hermétique, comme un pot à pilules vide et conservez-le au réfrigérateur. Cette précaution pourrait être utile si une consultation médicale ou vétérinaire devient nécessaire.
- Une fois la tique retirée, nettoyez bien la zone avec de l’eau et du savon, et lavez-vous soigneusement les mains.
Si vous habitez dans une région où la tique à pattes noires est bien présente – ou si vos activités de plein air vous exposent à davantage de risques (randonnée à pied, pique-nique, observation d’oiseaux, jardinage, etc.) – vous avez peut-être intérêt à vous équiper d’un ou plusieurs tire-tiques, une pince conçue spécifiquement pour enlever les tiques.
Et après, on fait quoi?
La marche à suivre dépend surtout de la région du Québec où vous habitez :
Si vous habitez dans une région qualifiée d’ « endémique » par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) [7], il peut être possible de recevoir un traitement préventif (prophylaxie). Dans certains cas, une dose d’antibiotique (doxycycline) peut être administrée, même en l’absence de symptôme. Effectivement, chez les enfants de moins de 8 ans, la doxycycline peut être donnée à titre préventif, à condition d’adapter la dose au poids de l’enfant. Chez les personnes de plus de 12 ans, une discussion avec un médecin est recommandée avant d’administrer l’antibiotique, car ce traitement n’est pas sans risque s’il est donné sans preuve d’infection.
Pour bénéficier de ce traitement, certaines conditions doivent être réunies : * Il s’agit bel et bien d’une piqûre de tique et non de celle d’un autre insecte. * Chez les personnes de 12 ans et plus ne présentant aucun symptôme, une discussion préalable avec un médecin est nécessaire afin d’évaluer les risques associés à la prise du traitement. * La tique est restée accrochée à la peau pendant plus de 24 heures. * Moins de 72 heures se sont écoulées entre le moment où la tique a été retirée et la prise du traitement.
Les symptômes évocateurs à surveillerLe symptôme le plus typique de la maladie de Lyme est l’érythème migrant, soit une éruption cutanée de forme ovale ou circulaire qui prend de l’expansion de jour en jour et qui atteint un diamètre de plus de cinq centimètres (deux pouces).
Image tirée de la référence 8
Image tirée de la référence 9
La maladie de Lyme comporte plusieurs stades et ses symptômes peuvent varier au fil du temps. Outre l’érythème migrant, la maladie peut également provoquer de la fièvre, des frissons, de la fatigue, des maux de tête, une enflure des ganglions, et des douleurs articulaires et musculaires.
Si vous ne résidez pas dans une région désignée par le MSSS ou si l’une des conditions mentionnées n’est pas remplie, nous vous recommandons de consulter un professionnel ou une professionnelle de la santé. Celui-ci évaluera la situation et proposera des soins appropriés en fonction des symptômes. Au besoin, il demandera des tests de laboratoire pour détecter la présence de la bactérie B. Burgdorferi dans le sang [9].
Il est normal de s’inquiéter après une piqûre de tique. Chez Biron Santé au travail, notre personnel infirmier est spécialement formé pour répondre à vos préoccupations et vous accompagner avec bienveillance et rigueur, que vous soyez un(e) employé(e) ou un employeur. Ce service d’intervention et de soins postaccidents en cas de piqûres de tiques vous permet d’obtenir des conseils clairs et vous guide sur les prochaines étapes à suivre selon votre situation.
Au-delà de la maladie de Lyme : la montée des risques liés aux tiques
La maladie de Lyme n’est pas la seule maladie que peut transmettre la tique à pattes noires. Des cas plus rares, mais souvent plus graves, d’anaplasmose, de babésiose et d’encéphalite de Powassan ont aussi été recensés au Québec. Avec l’expansion du territoire des tiques, on s’attend à ce que leur nombre continue d’augmenter. Dans ce contexte, savoir repérer et retirer une tique de façon sécuritaire devient un geste préventif essentiel.
Sources9
- Lepage, Raymond. « La maladie de Lyme ». Biron Groupe santé. https://www.biron.com/fr/actualites/science/la-maladie-de-lyme/. Consulté le 22 avril 2025.
- MSSS. « Maladie de Lyme. Tableau des cas humains. Bilan 2024 ». https://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/zoonoses/maladie-lyme/tableau-des-cas-humains-bilan. Consulté le 22 avril 2025.
- PA Leighton, et al. « Predicting the speed of tick invasion: An empirical model of range expansion for the Lyme disease vector Ixodes scapularis in Canada ». J. Appl. Ecol. 2012; 49: 457-464.
- Université Bishops. https://www.etick.ca/fr/content/photographic-guide
- MSSS. « Maladie de Lyme. » https://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/zoonoses/maladie-lyme/. Consulté le 22 avril 2025.
- Canadiens en Santé. «La bonne façon de retirer une tique ». https://www.youtube.com/watch?v=Mr58vrw213Aé Consulté le 4 juin 2025.
- INSPQ. Carte du risque d’acquisition de la maladie de Lyme. https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/2024-06/carte_risque_acquisition_lyme2024.pdf. Consulté le 22 avril 2025.
- Journal de Montréal. « Maladie de Lyme : des chercheurs diminuent de près de 40% le nombre de tiques aux environs de Bromont grâce à des appâts à souris » https://www.journaldemontreal.com/2025/05/23/maladie-de-lyme--des-chercheurs-diminuent-de-pres-de-40-le-nombre-de-tiques-aux-environs-de-bromont-grace-a-des-appats-a-souris . Consulté le 2 juin 2025.
- Gouvernement du Canada. « Maladie de Lyme : Pour les professionnels de la santé » . https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/maladie-lyme/pour-professionnels-sante-maladie-lyme.html. Consulté le 2 juin 2025.10. https://www.biron.com/fr/glossaire/maladie-de-lyme. Consulté le 22 avril 2025.
