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Perte de poids et recomposition corporelle : voir au-delà des chiffres sur la balance
26 mars 2025
Rédigé en collaboration avec l'équipe de l'imagerie médicale

Avec le retour des beaux jours, plusieurs d’entre nous profitent de la saison pour bouger davantage et prendre soin de leur santé. Mais au-delà du poids affiché sur la balance, c’est la composition corporelle qui joue un rôle clé dans notre bien-être. Comprendre la répartition entre masse musculaire et masse adipeuse permet d’adopter des habitudes mieux adaptées à nos besoins et à nos objectifs de santé. Dans un article intitulé « L’illusion perdue des régimes amaigrissants », l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES) rappelle que 95 % des personnes suivant un régime reprennent le poids perdu – voire plus – en moins de 5 ans [1]. Plus préoccupant encore, bien que ce fait soit moins médiatisé, le quart du poids perdu lors d’un régime provient du tissu musculaire... précisément celui qu’il faudrait préserver à tout prix!
Les personnes souhaitant perdre du poids rejoignent ainsi les athlètes, qu’ils soient amateurs ou professionnels. Pour ces derniers, l’objectif n’est pas tant la perte de poids, mais plutôt le gain de masse musculaire.
Pour comprendre la relation entre masse musculaire et masse adipeuse (graisseuse) et pouvoir choisir les menus et exercices les mieux adaptés, il faut d’abord comprendre comment ces deux masses sont distribuées dans notre corps.
L’indice de masse corporelle (IMC) : un outil imparfait
Si la balance reste un outil courant pour mesurer notre poids corporel, c’est l’indice de masse corporelle (IMC) qui prévaut. Ce calcul, obtenu en divisant le poids (kg) par le carré de la taille (m²), a été conçu au 19e siècle par un statisticien belge. Le terme « IMC » (ou « BMI » en anglais) a été introduit dans les années 1970 par Ancel Keys, physiologiste américain connu pour les « rations K » des soldats américains et la fameuse diète méditerranéenne. Depuis, l’IMC est largement utilisé en médecine et dans le secteur des assurances pour évaluer les risques de maladies comme le diabète et les maladies cardiovasculaires [2].
Avec le temps, les limites de l’IMC sont devenues évidentes. Les tableaux de cette mesure ont dû être ajustés en fonction du sexe, de l’âge, et demeurent difficilement applicables à certaines populations comme les personnes asiatiques ou noires non hispaniques, les athlètes ou encore les individus amputés. Par exemple, les personnes très musclées sont souvent classées en surpoids, tandis que d’autres classées obèses sont en parfaite santé. Nous avons ensuite réalisé que, pour un même indice corporel, la répartition de la masse grasse – particulièrement autour de la taille – est un facteur plus déterminant. C’est ainsi qu’a été introduite la mesure du tour de taille comme indicateur complémentaire, avec des seuils de risque fixés à plus de 40 pouces chez les hommes et 35 pouces chez les femmes.
En somme, ni le poids, ni l’IMC, ni même le tour de taille ne suffisent à révéler la véritable composition de notre corps. Qu’en est-il de la proportion des graisses et des muscles, tant au niveau de l’abdomen que des membres?
La lipodensitométrie : une méthode innovante pour évaluer la composition corporelle
La lipodensitométrie est une technique d’imagerie médicale avancée qui permet d’analyser en détail la composition corporelle [3]. Contrairement à l’IMC ou à la mesure du tour de taille, qui donnent une estimation globale du poids et de la répartition des graisses, elle offre une vision précise de la quantité et de la distribution de la graisse et des muscles dans notre corps.
Basée sur le même principe que la densitométrie osseuse comme l’absorption biphotonique à rayons X (DEXA) souvent utilisée pour mesurer la densité osseuse, la lipodensitométrie offre une analyse plus complète. En mesurant la densité des différents tissus corporels, elle permet de distinguer la graisse sous-cutanée de la graisse viscérale entourant les organes, et de mesurer la masse musculaire. Cette précision donne un aperçu détaillé de l’état de santé et de l’état physique d’une personne.
Cette méthode d’analyse est particulièrement recommandée dans les situations suivantes :
- Prévention et diagnostic : recommandée pour les personnes présentant un risque accru de maladies cardiovasculaires ou de troubles métaboliques, comme celles en surpoids ou atteintes de diabète.
- Suivi de la composition corporelle : idéale pour les personnes souhaitant évaluer l’évolution de leur masse grasse et musculaire, notamment dans le cadre de programmes de perte de poids ou de musculation.
- Suivi médical : utile pour suivre l’effet de traitements médicaux pouvant modifier la composition corporelle, comme dans le cas de certains traitements contre le cancer ou l’ostéoporose.
Un pas de plus vers une meilleure santé
Perdre de la masse graisseuse tout en préservant ou en augmentant sa masse musculaire, c’est ce qu’on appelle la recomposition corporelle. La lipodensitométrie est un outil précieux pour analyser cette transformation avec précision, bien au-delà des simples mesures de poids. Elle permet de distinguer les masses grasses et maigres, fournissant ainsi des informations précieuses pour mieux gérer sa santé et son bien-être. Que ce soit pour évaluer son état de santé général, prévenir les risques de maladies ou optimiser un programme de remise en forme, la lipodensitométrie permet de faire un pas de plus vers une meilleure gestion de sa santé.
Sources3
- ANSES. « L’illusion perdue des régimes amaigrissants ». https://www.anses.fr/fr/content/lillusion-perdue-des-regimes-amaigrissants. Consulté le 25 mars 2025.
- R. Pray et S. Riskin. «The History and Faults of the Body Mass Index and Where to Look Next: A Literature Review ». Cureus. 3 novembre 2023, vol. 3n no 15;15(11): e48230. doi: 10.7759/cureus.48230. Consulté le 25 mars 2025.
- Biron Groupe Santé. « Lipodensitométrie ». https://www.biron.com/fr/imagerie-medicale/lipodensitometrie/. Consulté le 25 mars 2025.