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Parole de spécialiste — 8 minutes

Les écrans solaires : se protéger en toute conscience, pour soi et pour la planète

20 juin 2025

Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique

Avec nos étés très chauds, l’essor des activités de plein air, comme le vélo et les loisirs nautiques, et la popularité grandissante des vacances dans le Sud, on constate que les Québécois et Québécoises passent plus de temps au soleil tout au long de l’année.

Les vacances et les moments de détente nous invitent à profiter pleinement des lacs, des piscines, des terrasses et d’une foule d’activités extérieures. Une belle période à savourer, même si nous savons que s’exposer longuement au soleil peut augmenter le risque de cancer de la peau.

Le port de vêtements protecteurs et l’utilisation d’écrans solaires sont donc essentiels. Cela dit, les informations disponibles permettent-elles à toutes et tous de bien comprendre les dangers que ces produits peuvent représenter, non seulement pour notre santé, mais aussi pour l’environnement? Et surtout, leur usage est-il adéquat?

ecran solaire nez

Que sont les rayons UVA, UVB et le FPS?

Le soleil émet principalement deux types de rayons capables de provoquer des changements au niveau de la peau.

Les rayons UVB, les plus puissants, sont étroitement associés aux cancers de la peau, notamment le mélanome. Tous les écrans solaires bloquent ces rayons, et leur degré de protection est indiqué par le facteur de protection solaire, plus communément appelé « FPS ». Par exemple, un FPS de 30 signifie qu’en portant cet écran, il faudra 30 fois plus de temps d’exposition au soleil pour obtenir le même effet de bronzage qu’en son absence.

Les rayons UVA, quant à eux, sont moins puissants que les UVB, mais constituent 95 % des rayons UV qui nous atteignent à longueur d’année. Ils sont responsables du vieillissement de la peau, aggravent les dommages induits par les UVB et augmentent le risque de mélanome ou d’autres cancers de la peau [1].

D’ailleurs, seuls les écrans solaires indiquant une protection à large spectre ou dont l’emballage porte le logo UVA ou ACD protègent efficacement contre ces deux types de rayons.

Quelle est la différence entre écrans minéraux et chimiques?

Il existe deux types d’écrans solaires : les agents minéraux, aussi appelés agents bloquants, qui reflètent les rayons UV, et les agents chimiques, qui les neutralisent en les transformant en chaleur.

Agents minéraux

L’oxyde de zinc et le dioxyde de titane de première génération évoquent souvent l’image d’un nez blanc à la plage! Malgré cet aspect esthétique parfois gênant, ces agents sont généralement reconnus comme étant efficaces et inoffensifs pour la santé et l’environnement. Aujourd’hui, grâce aux nanoparticules, les écrans minéraux sont disponibles sous forme transparente et ne laissent pas de trace blanche.

Agents chimiques

Les ingrédients comme l’avobenzone, l’oxybenzone et l’octocrylène constituent les composants actifs les plus courants des écrans solaires chimiques. Ils se présentent sous forme de crèmes, onguents, lotions, brumes ou bâtons, et offrent une protection FPS équivalente à celle des écrans minéraux.

Des ingrédients préoccupants pour la santé

Plusieurs études montrent que ces produits chimiques, lorsqu’ils sont appliqués généreusement sur la peau, peuvent se retrouver rapidement dans le sang. Une fois dans l’organisme, ces substances pourraient s’accumuler, agir comme perturbateurs endocriniens, voire présenter un risque cancérigène. [2]

Les agents comme l’oxybenzone, qui absorbent les rayons UV, réagissent à la lumière et forment des sous-produits chimiques – des radicaux libres – qui pourraient être nocifs pour la santé... et pour l’environnement.

Qu’en est-il de l’environnement?

Les écrans solaires soulèvent aussi des préoccupations environnementales, notamment en ce qui concerne les récifs coralliens, déjà fragilisés par le réchauffement des océans. Et c’est justement dans les eaux chaudes, celles où il fait bon se baigner, que ces coraux sont les plus présents.

Plusieurs études en laboratoire ont montré que des ingrédients comme l’oxybenzone peuvent être toxiques pour les coraux, mais à des doses très élevées et dans des conditions artificielles [4]. En milieu naturel, les effets sont plus difficiles à mesurer, compte tenu du taux de dilution élevé dans l’eau de mer, des courants, et de la faible solubilité de plusieurs produits.

Par précaution, des régions comme l’état d’Hawaï et Key West en Floride ont décidé d’interdire certains écrans solaires contenant des ingrédients jugés préoccupants tels que l’oxybenzone [5].

De la bonne utilisation des écrans solaires

Une chose est claire : les bienfaits des écrans solaires pour prévenir les cancers de la peau l’emportent largement sur leurs effets négatifs potentiels sur notre santé ou sur l’environnement – à condition de les utiliser correctement!

Et pourtant, avec plus de 80 000 nouveaux cas de cancer de la peau diagnostiqués chaque année au Canada, il semble que ce soit loin d’être le cas [6]. Selon le Dr Dawn Davis, dermatologue à la célèbre clinique Mayo, deux cuillerées à table (30 mL) de crème solaire suffisent pour protéger le visage, le cou et le dos des mains – et encore davantage lorsqu’on est en maillot de bain! Le produit doit également être réappliqué toutes les deux heures, et plus souvent après une baignade [7]. Et attention : l’essuyage avec une serviette peut retirer une partie de la protection.

Quel FPS faut-il privilégier?

La Société canadienne de dermatologie recommande un FPS d’au moins 30, car il bloque 96 % des rayons UVB [6]. Avec un FPS au-delà de 50, le gain en protection est minime [7]. Et n’oublions pas : les rayons UV traversent les nuages et sont réfléchis par l’eau, la neige et d’autres surfaces. Il est donc important de se protéger toute l’année, qu’il fasse soleil ou non!

Les écrans solaires dits « naturels »

Lorsqu’on soulève des préoccupations environnementales liées aux écrans solaires traditionnels, l’industrie, et plusieurs consommateurs et consommatrices, se tournent vers des options dites « naturelles ». Ces produits sont généralement des agents minéraux à base d’oxyde de cuivre ou de dioxyde de titane, parfois combinés à des huiles végétales, comme l’huile de coco.

Qui dit produits naturels dit souvent produits artisanaux, que l’on peut fabriquer soi-même à partir d’ingrédients relativement accessibles [10]. Mais attention : ces préparations sont rarement testées, et leur efficacité, surtout en contact avec l’eau, est difficile à garantir.

Qu’ils soient faits maison ou non, rappelons qu’au-delà des considérations écologiques ou économiques, le rôle premier d’un écran solaire est de protéger correctement contre les rayons UV.

Les protections... au-delà de la crème solaire

Même à la plage, des vêtements peuvent offrir une excellente protection. Chapeaux, casquettes, vêtements anti-UV, parasol ou tente de plage, les options sont nombreuses, efficaces et durables.

Le soleil est un allié précieux : il permet la production de vitamine D, favorise la croissance des plantes et a un effet remarquable sur le moral. Toutefois, il faut s’y exposer avec précaution. Au cours de sa vie, une personne nord-américaine sur cinq sera en effet touchée par un cancer de la peau, principalement causé par l’exposition aux rayons UV [7].

Que l’on choisisse un écran solaire minéral ou chimique, ou que l’on privilégie les endroits ombragés, les vêtements de protection et les parasols, plusieurs stratégies s’offrent à nous pour profiter du soleil en toute sécurité. Enfin, pensez à consulter l’indice UV du jour... et à porter votre crème solaire!

Cette version actualisée de l’article représente une révision de l’article initialement publié sur notre site web. Nous avons pris en compte les évolutions récentes pour vous offrir de l’information à jour et pertinente.

Sources8
  1. Collectif. « Rayonnement ultraviolet (UV) ». AIM at Melanoma Foundation. https://www.aimatmelanoma.org/fr/m%C3%A9lanome-101/pr%C3%A9vention/Qu%27est-ce-que-le-rayonnement-ultraviolet-%3F. Consulté le 19 juin 2025.
  2. M Sander, M Sander, T Burbidge, et J Beecker. « The efficacy and safety of sunscreen use for the prevention of skin cancer ». JAMC. 14 déc. 2020; 192(50): E1802–E1808. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7759112/
  3. Collectif. « Crème solaire et coraux ne font pas bon ménage ». Québec Science, 18 août 2022. https://www.quebecscience.qc.ca/14-17-ans/encyclo/creme-solaire-et-coraux-ne-font-pas-bon-menage/
  4. Scientifique en chef du Québec. « La crème solaire endommage les coraux? Incertain ». 18 juillet 2023. https://www.scientifique-en-chef.gouv.qc.ca/impact-recherche/la-creme-solaire-endommage-les-coraux-incertain/
  5. M. Sander, M. Sander, T. Burbidge et J. Beeker. « Efficacité et innocuité des écrans solaires pour la prévention du cancer de la peau ». JAMC. 8 mars 2021, 193(10): E348–E354. https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC8034319/.
  6. L Torborg. « Mayo Clinic Q & A: Sunscreen Best Practices ». Mayo Clinic. https://newsnetwork.mayoclinic.org/discussion/mayo-clinic-q-and-a-apply-sunscreen-generously-and-frequently-for-full-protection/
  7. Collectif. « Écrans solaires ». Association canadienne de dermatologie. https://dermatologue.ca/produits-homologues/ecrans-solaires/. Consulté le 18 juin 2025.
  8. Collectif. « Is it Possible to Make a Safe and Effective Sunscreen from Scratch? ». Healthline, 10 juillet 2019. https://www.healthline.com/health/homemade-sunscreen#diy-recipes.