Skip to contentSkip to navigation

Parole de spécialiste — 8 minutes

Dépistage ou diagnostic du cancer colorectal?

22 octobre 2024

Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique

En 2024, il y aura près de 247 000 nouveaux diagnostics de cancer et 88 000 décès au Canada [1]. Le diagnostic d’un cancer doit obligatoirement être confirmé par un pathologiste, qui examine au microscope des prélèvements (biopsies) de tissu suspect. Le processus de diagnostic d’un cancer implique souvent des interventions médicales complexes, parfois risquées, telles que la biopsie chirurgicale et la coloscopie. En raison des risques et de la complexité de ces procédures dites « invasives », elles ne peuvent pas être appliquées à l’ensemble de la population générale ou à risque léger de développer un cancer; elles doivent être réservées aux personnes présentant les risques les plus élevés.

colorectal

Les autorités de santé des pays développés, comme le Canada, ont donc mis en place des programmes de dépistage au sein de la population visant à identifier les personnes les plus à risque. Ces programmes se fondent sur des techniques simples, peu coûteuses, facilement accessibles et, surtout, sans risque. Celles-ci doivent aussi être très sensibles, pour permettre de détecter un maximum de cas de cancer à un stade initial, où des traitements efficaces peuvent sauver des vies. Il est important de noter que ces programmes peuvent engendrer des résultats faussement positifs, mais ceux-ci seront éliminés lors des examens diagnostiques subséquents.

Des programmes de dépistage du cancer au Québec

Programme de dépistage du cancer colorectal

Avec plus de 25 000 nouveaux cas et 9 500 décès par année, le cancer colorectal (CRC) est le 3e cancer le plus fréquemment diagnostiqué au Canada. Au Québec, il représente la deuxième cause de décès par cancer, tant chez les hommes que chez les femmes.

Le test de dépistage est basé sur le fait que les gros polypes, les tumeurs, également appelées « adénomes », et les cancers laissent échapper de petites quantités de sang dans l’intestin, qui se retrouvent ensuite dans les selles. Ces quantités sont généralement trop faibles pour être détectées à l’œil nu, d’où le terme de sang « occulte ». Au Québec, le test de dépistage recommandé est la recherche de sang occulte dans les selles par technique immunochimique (RSOSi) [2].

En théorie, plus un polype, une tumeur ou un cancer est volumineux et avancé, plus la quantité de sang dans les selles devrait être élevée. Cependant, ce n’est pas toujours le cas : les écoulements de sang peuvent être irréguliers, et il est possible qu’une tumeur, même de bonne taille, n’ait pas suffisamment saigné au moment de la collecte des échantillons de selles pour que le test de dépistage soit positif.

Êtes-vous éligible au test de dépistage?
  1. Toute personne disposant d’une ordonnance émise par un professionnel de la santé à cet effet.
  2. Le test est également accessible sans ordonnance pour les personnes entre 50 et 74 ans, sans symptômes ni facteurs de risque particuliers, et dès 40 ans pour celles présentant un profil particulier [2]. Pour déterminer votre admissibilité, veuillez remplir ce court questionnaire.

Symptômes pouvant évoquer la présence d’un CRC

  • Changement récent et persistant des habitudes intestinales, tel que diarrhée, constipation ou douleurs lors de l’évacuation des selles
  • Présence de sang visible dans les selles, qu’elles soient noires ou rouge vif
  • Saignements après l’évacuation des selles
  • Anémie inexpliquée et documentée

Risques particuliers qui justifient de passer directement à la coloscopie

  • Antécédents personnels ou familiaux de cancer colorectal, de polypes ou de maladie inflammatoire chronique de l’intestin, telle que la maladie de Crohn ou la colique ulcéreuse
  • Antécédents familiaux de maladies génétiques augmentant le risque de CRC, comme le syndrome de Lynch ou les différentes formes de polypose adénomateuse familiale (AFP, AFAP)

Restrictions d’accès au programme québécois sans ordonnance médicale

  • Personnes âgées de plus de 75 ans
  • Personnes ayant réalisé un test de sang (RSOSi) dans les 2 dernières années
  • Personnes ayant réalisé une coloscopie virtuelle dans les 5 dernières années
  • Personnes ayant réalisé une coloscopie optique dans les 10 dernières années
Que révèle votre test RSOSi?

Résultat négatif : Il y a très probablement absence de cancer, adénome ou polype significatif. Il n’est pas recommandé de faire une coloscopie. Cependant, les tumeurs ne saignent pas en continu et un test négatif n’élimine pas entièrement la possibilité qu’une tumeur ou un cancer soit présent. C’est pourquoi le test doit être répété tous les deux ans.

Résultat positif : La recherche de sang occulte dans les selles n’est pas un test diagnostique : il peut y avoir du sang dans les selles pour d’autres raisons. Un test de RSOSi positif ne signifie pas nécessairement la présence d’un cancer, mais signale la nécessité d’un suivi médical. Des hémorroïdes, une fissure anale, de la constipation ou des maladies inflammatoires de l’intestin peuvent également être à l’origine du sang dans les selles. Au Québec, sur 1000 personnes qui effectuent le test de dépistage, entre 30 et 40 auront du sang dans les selles. Environ la moitié montreront des adénomes ou des gros polypes à la coloscopie alors qu’environ 1/10 auront un cancer en développement [3].

Et la coloscopie, en quoi ça consiste?

La coloscopie, ou colonoscopie, est un examen qui consiste à insérer dans le rectum un long tube appelé endoscope, muni d’une minicaméra et d’un outil servant à prélever de petits fragments de tissus. L’endoscope est ensuite avancé lentement dans le côlon, idéalement jusqu’à la jonction entre le gros et le petit intestin, connue sous le nom de cæcum.

La minicaméra transmet en temps réel des images de la paroi intestinale sur un écran vidéo, permettant ainsi au spécialiste qui réalise l’examen (le coloscopiste) de détecter la présence de tissus suspects, tels que des polypes ou des adénomes. Grâce à l’outil intégré, il est possible de réaliser des biopsies ou de retirer complètement les polypes (polypectomie). La coloscopie optique nécessite une préparation adéquate du côlon : il faut le vider complètement et il y a une sédation pendant la procédure.

Résultat de la coloscopie

Une coloscopie réussie repose sur une bonne préparation intestinale et une visualisation complète du gros intestin, jusqu’au cæcum. Un résultat négatif signifie qu’il n’y a aucun signe de cancer; il n’est alors pas nécessaire de faire un nouvel examen avant 10 ans. Le patient est encouragé à reprendre les tests de RSOSi tous les 2 ans [4]. En revanche, un examen positif révèle la présence de cancer ou de polypes « avancés » ou « non-avancés ». Selon le nombre, l’aspect et la taille des polypes, il faudra soit continuer les tests de RSOSi tous les deux ans (pour les petits polypes), soit planifier une nouvelle coloscopie de 3 à 10 ans plus tard.

La détection précoce, un allié précieux pour votre santé

Comme pour de nombreux autres cancers, la survie est très élevée lorsque le CRC est diagnostiqué à un stade peu avancé. Si le CRC est diagnostiqué au stade 1 (c’est-à-dire lorsque les cellules anormales sont encore dans leur tissu d’origine), la survie est de plus de 90 % 5 ans après le diagnostic. La simple recherche de sang dans les selles avec un test de RSOSi a donc le potentiel de sauver bien des vies. Désormais accessible sans ordonnance médicale, il est recommandé que toutes les personnes concernées en profitent pleinement [5].

Pour du soutien professionnel, nous sommes là.

Vous avez des inquiétudes à propos du cancer colorectal? Remplissez notre court questionnaire pour confirmer votre admissibilité au programme de dépistage et commander votre trousse de prélèvement à domicile.

Commandez une trousse de dépistage

Vous avez une ordonnance médicale en main pour ce test? Prenez rendez-vous en ligne ou joignez le service à la clientèle de Biron Groupe Santé au  1 833 590-2712.

Sources5
  1. Statistiques Canada. Cancer-statistiques spécifiques 2024. https://cdn.cancer.ca/-/media/files/research/cancer-statistics/2024-statistics/2024-cmaj/2024_cancer-specific-stats_fr.pdf? Consulté le 20 octobre 2024.
  2. Québec. Dépistage du cancer colorectal (côlon et rectum). https://www.quebec.ca/sante/problemes-de-sante/cancer/cancer-colorectal-colon-et-rectum/depistage-cancer-colorectal-colon-et-rectum. Consulté le 21 octobre 2024.
  3. INSPQ. Indicateurs pour l’Évaluation du programme québécois de dépistage du cancer colorectal. https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/publications/1712_indevalprogqcdepcancercolorec.pdf. Consulté le 21 octobre 2024.
  4. MSSS. Clientèle à risque de cancer colorectal. https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2022/22-902-15W.pdf. Consulté le 22 octobre 2024.
  5. Biron. Dépistage du cancer colorectal – Test RSOSi. https://www.biron.com/fr/laboratoire/depistage-cancer-colorectal/ Consulté le 22 octobre 2024.