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Centre du savoir — 8 minutes

Le printemps à l’épreuve des allergies saisonnières

28 février 2025

Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique

Le beau temps s’installe tranquillement, ce qui signifie que la saison des allergies arrive à grands pas. En effet, les allergies saisonnières, aussi appelées rhinite allergique, sont des réactions de notre corps causées par l’exposition à des allergènes comme le pollen qui refont surface à la suite de la fonte des neiges, au bourgeonnement des arbres et à la floraison des fleurs. Au Québec, environ une personne sur cinq en souffre, et c’est souvent le pollen de l’herbe à poux qui est le principal responsable. Ces allergies et leurs traitements peuvent vraiment affecter notre quotidien, nos loisirs, notre pratique sportive et notre fonctionnement. Allergies saisonnières

Mais d’où viennent ces allergènes?

Les allergies saisonnières dépendent majoritairement de deux facteurs, soit le type de végétation de la région et la saison. Voici un petit tour d’horizon des principaux allergènes selon ces facteurs : [2,3].

  • Printemps : les arbres (chêne, orme, aulne, bouleau, hêtre, peuplier, frêne) et les moisissures des feuilles mortes et du bois pourri (moisissures des neiges).
  • Été : les graminées (gazon, foin, pâturin, brome) et les herbes (armoise, plantain, etc.).
  • Automne : l’herbe à poux (ambroisie)

Les changements climatiques prolongent la saison pendant laquelle les plantes et les arbres produisent du pollen, ce qui peut rendre la période des allergies plus longue et intense au fil des ans. La pollution, elle aussi, aggrave les symptômes en provoquant un mauvais fonctionnement des muqueuses, notre défense naturelle contre les allergènes [4].

Distinguer les différents symptômes

Les allergies saisonnières touchent principalement notre nez, nos yeux, notre respiration et peuvent perturber notre sommeil [5]. Voici les symptômes les plus courants.

Rhinite allergique :

  • congestion nasale
  • écoulement nasal
  • picotements et démangeaisons du nez, de la gorge et des oreilles
  • éternuements à répétition
  • maux de tête...

Conjonctivite allergique :

  • démangeaisons des yeux
  • écoulement purulent des yeux
  • gonflement des paupières
  • larmoiement
  • rougeur des yeux... 

Toux et difficultés respiratoires

  • l’asthme peut aussi s’aggraver si vous en souffrez déjà.

Qui sont les personnes à risque?

Les allergies saisonnières ont une composante héréditaire : si l’un de nos parents en souffre, nos chances d’en avoir augmentent. Un historique familial d’allergie saisonnière demeure l’un des outils les plus importants dans le diagnostic et le pronostic [6]. De plus, les enfants atteints de dermatite atopique (eczéma) sont aussi plus susceptibles de développer d’autres allergies au cours de leur vie, notamment l’asthme, la rhinite allergique ou encore des allergies alimentaires. Plus l’eczéma est sévère et persistant, plus le risque est élevé. [7].

Mieux vaut prévenir que guérir

La meilleure façon de prévenir les allergies saisonnières est d’éviter, autant que possible, l’exposition aux pollens, surtout en matinée et en fin de journée, lorsque leur concentration dans l’air est plus élevée.

Voici quelques conseils proposés par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) pour limiter le contact avec les allergènes [8] :

  • éviter d’ouvrir les fenêtres à la maison et en voiture;
  • se doucher et changer de vêtements après une sortie à l’extérieur;
  • porter des lunettes de soleil et un masque pour diminuer l’exposition du visage aux allergènes présents dans l’air;
  • éviter de faire sécher les vêtements à l’extérieur afin d’éviter l’accumulation de pollen sur les tissus;
  • réduire l’exposition aux irritants respiratoires, comme la fumée de tabac;
  • éviter les activités physiques extérieures dans les endroits comportant beaucoup de pollen.

La prévention ne suffit-elle pas?

Lorsqu’éviter les allergènes ne suffit plus, plusieurs options permettent de soulager les symptômes des allergies saisonnières Cependant, certaines précautions s’imposent, notamment chez les femmes enceintes.

Douches nasales

Le rinçage des sinus avec de l’eau salée (saline) peut aider à dégager les sinus. On peut utiliser une poire nasale traditionnelle ou des appareils plus sophistiqués, disponibles en pharmacie. Des solutions salines prêtes à l’emploi sont également offertes, mais il est possible d’en préparer soi-même à la maison avec des recettes simples, facilement accessibles en ligne [9].

Médicaments antihistaminiques

Les antihistaminiques sont souvent le premier traitement à essayer en cas d’allergie saisonnière. Disponibles en vente libre en pharmacie, ils sont généralement efficaces et sécuritaires. Cependant, ceux dits de « première génération » comme la chlorphéniramine (Chlor-Tripolon®, p. ex.), et la diphénhydramine (Benadryl®, p. ex.) ont une durée d’action relativement courte et peuvent entraîner des effets secondaires tels que la somnolence, et la sécheresse de la bouche et des yeux. Les antihistaminiques les plus récents comme la cétirizine (Réactine®, p. ex.), la loratadine (Claritin®, p. ex.) et la desloratadine (Aerius®, p. ex.) ont une action prolongée et causent moins d’effets secondaires [10].

Décongestionnants

Des vaporisateurs nasaux contenant un décongestionnant sont également disponibles sans ordonnance médicale. Ces produits en induisant une vasoconstriction des vaisseaux sanguins permettent de soulager la congestion, sans toutefois agir directement sur l’allergie. Ces produits ne peuvent être utilisés plus de 3 jours, sous peine d’induire une congestion rebond.

Cortisones nasales

Également utilisé en vaporisateur, ces anti-inflammatoires viennent diminuer l’inflammation qui est la cause des symptômes de la rhinite allergique. Elles sont disponibles suite à une consultation avec un médecin ou un pharmacien.

Immunothérapie

La première étape de la désensibilisation consiste à identifier la source de l’allergie comme les arbres, les arbustes, les herbes et les graminées, un test cutané réalisé par un allergologue sera alors fait. La désensibilisation consiste en l’injection répétée de petites doses d’allergène. Ce traitement doit être suivi sur une période de plusieurs mois pour permettre au corps de s’habitué progressivement l’allergène. Il s’agit d’une solution pour les personnes présentant des symptômes plus importants comme l’asthme allergique, et qui n’ont pas répondu aux traitements standards.

Syndrome aliment-pollen

Les personnes qui réagissent aux molécules de pollen peuvent également réagir à certains aliments spécifiques. Cette réaction d’allergie croisée se produit lorsque les molécules des aliments s’apparentent trop à la protéine du pollen. Le système immunitaire surréagit, entrainant des symptômes d’allergie : démangeaison, légère enflure et éternuement. Ces symptômes restent habituellement légers et localisés, mais peuvent être plus graves. Mise-à-part éviter ces aliments, il peut être judicieux de les faire cuire, ce qui dénature la molécule et pourrait diminuer la réaction. [12]

Voici quelques associations aliment-pollen [13]

  • Bouleau : pomme, poire, pêche, cerise, carotte, noisette
  • Herbes à poux : Banane, cantaloup, melon d’eau, concombre
  • Armoise : Ail, céleri, carotte, anis, coriandre

Composer avec les allergies saisonnières durant la grossesse

La sensibilité aux allergènes saisonniers varie considérablement chez les femmes enceintes. Chez certaines, les symptômes s’aggravent, tandis que chez d’autres, ils semblent inchangés, voire améliorés. Si cela se poursuit, l’aggravation des symptômes de rhinite disparaît généralement après l’accouchement. Cependant, une allergie non contrôlée pendant la grossesse peut nuire au sommeil et au bien-être général de la mère. De plus, un asthme allergique mal maîtrisé peut diminuer l’apport en oxygène du fœtus, entraver son développement et augmenter le risque de prématurité. Aussi, il est important de discuter avec un spécialiste de la santé pour savoir quels médicaments sont sûrs pendant cette période [14].

Vivre sereinement avec les allergies saisonnières

Les allergies saisonnières sont un problème de santé publique répandu et de plus en plus préoccupant qui est exacerbé par les changements climatiques. Avec le réchauffement climatique, ce problème pourrait s’intensifier, en particulier chez les personnes à risque comme celles qui sont asthmatiques. Bien que les symptômes d’allergies saisonnières soient rarement graves, ils peuvent perturber la vie quotidienne. Heureusement, des stratégies d’évitement, de prévention ainsi que des traitements médicaux peuvent aider à mieux gérer les symptômes et à améliorer la qualité de vie des personnes affectées.

Sources14
  1. Santé Québec. « Rhinite saisonnière (rhume des foins) ». https://www.quebec.ca/sante/problemes-de-sante/a-z/rhinite-saisonniere-rhume-des-foins. Consulté le 26 février 2025.
  2. L’Association des Allergologues et Immunologues du Québec. « L’allergie aux pollens ». https://allerg.qc.ca/Information_allergique/2_3a_pollen.html. Consulté le 26 février 2025.
  3. MétéoMédia. « Hâte qu’elle fonde? Gare à la moisissure des neiges. » https://www.meteomedia.com/fr/nouvelles/meteo/previsions/vous-eternuez-beaucoup-ce-champignon-pourrait-etre-le-coupable. Consulté le 26 février 2025.
  4. M. Sung et coll. « How does pollution worsen allergies? ». Annals of Allergy, Asthma & Immunology, Volume 132, No 4, p. 407 – 408. Consulté le 26 février 2025.
  5. CIUSSS. « Allergies saisonnières ». https://ciusssmcq.ca/conseils-sante/sante-et-environnement/allergies-saisonnieres-rhinite-saisonniere/. Consulté le 26 février 2025.
  6. Ortiz RA, Barnes KC. « Genetics of allergic diseases ». Immunol Allergy Clin North Am. Févr. 2015;35(1):19-44. https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC4415518/. Consulté le 26 février 2025.
  7. Allergies Québec. « La marche atopique en survol ». https://allergies-alimentaires.org/la-marche-atopique-en-survol/. Consulté le 27 février 2025.
  8. INSPQ. « Mesures d’adaptation individuelles aux pollens allergènes ». https://www.inspq.qc.ca/changements-climatiques/menaces/pollens-allergenes/mesures-individuelles. Consulté le 27 février 2025.
  9. American Academy of Allergy Asthma & Immunology. « Saline Sinus Rinse Recipe ». https://www.aaaai.org/tools-for-the-public/conditions-library/allergies/saline-sinus-rinse-recipe. Consulté le 27 février 2025.
  10. WebMD. « What’s the difference Between First-Generation and Second-Generation Antihistamines? ». https://www.webmd.com/allergies/difference-between-first-generation-antihistamines-second-generation-antihistamines. Consulté le 27 février 2025.
  11. Institut Pasteur de Lille. « Allergies au pollen. Que faire pour soulager les symptômes ». https://pasteur-lille.fr/2022/04/27/allergies-pollen-traitement/. Consulté le 27 février 2025.
  12. L’association des allergologues et immunologues du Québec. « Le syndrome pollen-aliment ». https://allerg.qc.ca/Information_allergique/3_2_pollen_aliment.html?utm_source=chatgpt.com. Consulté le 26 mars 2025.
  13. Allergies alimentaires Canada. « Allergie au pollen et aux aliments ». https://foodallergycanada.ca/wp-content/uploads/Allergie-au-pollen-et-aux-aliments-resource.pdf?_gl=1*gblro2*_gcl_au*MjE0MTMyMjMzNy4xNzQzMDIxMDA5. Consulté le 26 mars 2025.
  14. Allergy & Asthma Network. « Pregnancy and Allergies ». https://allergyasthmanetwork.org/allergies/pregnancy-allergies/. Consulté le 28 février 2025.