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Centre du savoir — 7 minutes

Travailleurs étrangers et SST: des lacunes à combler

Équipe santé au travail
Équipe santé au travail
info@biron.com

La pénibilité du travail, la baisse démographique et la pénurie de main-d’œuvre incitent les entreprises de certains secteurs d’activité à recruter de plus en plus de travailleurs étrangers temporaires. Leur nombre augmente significativement chaque année au Québec, et cette tendance n’est pas près de s’inverser. Pour les employeurs, cela implique une foule de démarches liées à la gestion des dossiers, à la formation des travailleurs et à leur intégration dans l’entreprise. Mais qu’en est-il des questions de santé et sécurité du travail (SST)?

Des chiffres inquiétants

Plus de lésions professionnelles chez les travailleurs étrangers

De 2015 à 2020, le nombre de lésions professionnelles de travailleurs étrangers temporaires que la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a accepté d’indemniser a plus que triplé alors que le nombre de travailleurs, lui, n’avait que doublé [1].

De plus, si l’on compare le taux de lésions professionnelles des travailleurs étrangers à celui de la population active générale, on s’aperçoit également qu’il est plus élevé. Ainsi, en 2020, le nombre de lésions professionnelles acceptées par la CNSST était de 2 176 pour 21 000 travailleurs étrangers temporaires, soit un taux de près de 10 %. Dans la population générale, il était de 2,75 %[1].

Des facteurs aggravants

Selon Sylvie Gravel, une professeure à l’UQAM qui s’est intéressée à cette question, les données recueillies au Québec ne sont pas suffisantes pour pouvoir expliquer cette disparité. Cependant, dans une étude exploratoire réalisée en 2003, elle a constaté que le taux d’accidents est plus élevé chez les travailleurs immigrants partout dans le monde [2].

Certaines caractéristiques les exposeraient à des risques de lésions, comme leur inexpérience sur le marché du travail dans le pays hôte, l’inexistence de lois et de pratiques de la santé et de la sécurité au travail dans leur pays d’origine et les problèmes de communication en raison de leur manque d’habiletés linguistiques dans la langue du pays d’accueil.

La prévalence des lésions professionnelles pourrait aussi être liée au type de tâches effectuées. Les entreprises qui recrutent à l’étranger proposent souvent des emplois plus pénibles, notamment dans les secteurs de la transformation alimentaire, des services ménagers, de la manutention et, surtout, de l’agriculture. C’est d’ailleurs le secteur agricole qui emploie la majorité des travailleurs temporaires étrangers au Québec, de 70 à 75 % selon les années [1].

Une fréquence et une gravité des lésions professionnelles probablement sous évaluées

Si la situation évoquée ci-dessus est loin d’être réjouissante, le bilan des accidents de travail pourrait bien être pire. La fréquence et la gravité des lésions professionnelles sont fort probablement sous-estimées, car la sous-déclaration des lésions est un problème récurrent chez les travailleurs en situation de précarité. Différentes raisons peuvent expliquer pourquoi les travailleurs étrangers omettent de déclarer un incident au travail.

Méconnaissance des lois québécoises

Les travailleurs temporaires ne connaissent pas toujours les lois qui régissent le travail au Québec, dont la Loi sur la santé et la sécurité du travail. Lorsque survient une lésion, ils ignorent très souvent qu’ils peuvent la déclarer. Selon leur pays d’origine, ils peuvent être habitués à ce que l’employeur s’occupe des déclarations d’accidents du travail.

Le Québec est d’ailleurs l’une des seules provinces du Canada où la déclaration d’un accident du travail est du ressort de l’employé. En Ontario, par exemple, cette responsabilité incombe à l’employeur qui peut être lourdement sanctionné en cas de manquement.

Il peut aussi arriver que des travailleurs cachent volontairement une lésion professionnelle par crainte de devoir payer des frais médicaux, de perdre du temps de travail ou de se faire licencier.

La barrière de la langue

En 2019, près de 80 % des travailleurs étrangers qui avaient un permis de travail au Québec ne parlaient ni français ni anglais [3]. Ce problème linguistique les empêche parfois de comprendre les consignes de sécurité de même que les procédures à suivre en cas d’incident.

Cette situation peut aussi créer des difficultés de communication lors d’un accident. La barrière linguistique peut retarder leur accès à des soins médicaux appropriés et aggraver leur situation. Trouver des interprètes ou se tourner vers des associations pour obtenir de l’aide peut aussi compliquer les soins aux travailleurs blessés.

Des solutions à envisager

Pour les entreprises, les lacunes en matière de santé et de sécurité du travail chez les travailleurs étrangers entraînent des conséquences sur leur fonctionnement et leur compétitivité.

L’absence ou la blessure d’un employé nuit inévitablement à la productivité de l’entreprise. De plus, la hausse du taux de prime d’assurance en raison de l’augmentation des accidents du travail peut avoir de lourdes répercussions financières.

L’importance de l’accompagnement

Pour se protéger de ces impacts et mieux protéger les travailleurs étrangers, les organisations concernées devraient offrir un encadrement plus serré en matière de SST en organisant des séances d’information sur les lois du travail, en les sensibilisant davantage aux pratiques préventives et en facilitant l’accès à des ressources adaptées en cas d’incident.

En connaissant leurs droits, les employés seront plus attentifs à ces questions et plus à l’aise de signaler des incidents. De plus, une meilleure compréhension des risques liés à leurs tâches leur permettra de mieux prévenir les blessures et les accidents.

Les travailleurs devraient aussi connaître les procédures à suivre en cas d’accident afin d’atténuer les risques de séquelles durables. Enfin, lors d’une lésion professionnelle, ils devraient pouvoir profiter d’un soutien adéquat de ressources internes ou externes, notamment sur le plan linguistique.

Les entreprises ont ainsi tout intérêt à accompagner leurs travailleurs de manière appropriée, car cela leur permet de:

  • Montrer leur souci du bien-être de leurs salariés;
  • Préserver leur marque employeur et leur image publique;
  • Réduire leurs cotisations d’assurance;
  • Éviter la perte de productivité associée aux accidents du travail.

Pour du soutien professionnel, on est là.

Le service de triage infirmier de Biron offre désormais une assistance d’interprètes grâce à son partenariat avec Voyce. Ce service de traduction offert dans plus de 240 langues et dialectes permet de surmonter les barrières linguistiques afin d’établir un diagnostic précis et de favoriser un retour au travail plus rapide. Demandez une soumission ou de l’information en ligne, ou communiquez avec notre personnel spécialisé en santé au travail au 1 833 590-2716.

Sources3
  1. Champagne, Sarah R. « De plus en plus de travailleurs étrangers se blessent à l’ouvrage au Québec », Le Devoir, 17 septembre 2021, https://www.ledevoir.com/societe/632961/de-plus-en-plus-de-travailleurs-etrangers-se-blessent-a-l-ouvrage-au-quebec
  2. Gravel, S., L. Boucheron, M. Kane. « La santé et la sécurité au travail des travailleurs immigrants à Montréal : résultats d’une enquête exploratoire », Perspectives interdisciplinaires sur le travail et la santé, vol. 5, no 1, mai 2003, http://journals.openedition.org/pistes/3347
  3. Ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration. L’immigration temporaire au Québec – 2014-2019, Service de la recherche, de la statistique et de la veille, MIFI, novembre 2020, 49 p., http://www.mifi.gouv.qc.ca/publications/fr/recherches-statistiques/Portraits_Immigration_Temporaire_2014_2019.pdf
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