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Centre du savoir — 9 minutes

Statines, cholestérol et médecine personnalisée : trouver l’équilibre pour une meilleure santé cardiovasculaire

20 août 2025

Michel Cameron, Ph. D.
Michel Cameron, Ph. D.
Directeur adjoint, pharmacogénomique, liaison en sciences médicales
LinkedIn

Nous savons depuis près d’un siècle qu’un taux de cholestérol élevé peut nuire à la santé cardiovasculaire. En effet, le lien entre un taux élevé de cholestérol et les crises cardiaques a été établi pour la première fois vers la fin des années 1930 grâce à des études génétiques menées par Carl Müller, un médecin norvégien [1]. Cependant, le cholestérol n’est pas toujours néfaste : il existe sous deux formes aux effets très différents sur la santé. Le cholestérol à lipoprotéines de faible densité (LDL), parfois appelé « mauvais » cholestérol, constitue la majeure partie du cholestérol présent dans l’organisme. Un taux élevé de cholestérol LDL augmente le risque de maladies cardiaques et d’accident vasculaire cérébral (AVC) [2]. L’autre forme de cholestérol, le cholestérol à lipoprotéines de haute densité (LHD), représente le « bon » cholestérol. Il diminue le risque de maladies du cœur et d’AVC et il pourrait également réduire le risque de développer d’autres problèmes de santé, tels que le cancer [3].

sante-cardiovasculaire

À l’heure actuelle, les maladies cardiaques constituent un problème de santé majeur, puisqu’elles touchent environ 1 adulte sur 12 âgé de 20 ans et plus au Canada (Agence de la santé publique du Canada, en date de février 2021). Bien que le cholestérol ne soit pas le seul facteur en cause, d’autres facteurs bien connus comme la sédentarité, le tabagisme, la consommation d’alcool et une mauvaise alimentation sont fortement liés à un risque accru de maladies cardiaques, il demeure un élément sur lequel on peut agir facilement, car des médicaments efficaces permettant de réduire le taux de cholestérol LDL dans le sang existent déjà. Les statines, qui ont été utilisées pour la première fois dans les années 1980, constituent une classe de médicaments relativement sûrs qui réduisent efficacement le cholestérol LDL. Une réduction du taux de cholestérol LDL dans le sang (les statines abaissent généralement les taux de 30 à 50 %) est associée à une diminution de 20 à 25 % du risque d’événements cardiovasculaires. Dans l’ensemble, les statines peuvent réduire le taux de mortalité, toutes causes confondues, de 12 % [4,5].

À qui les statines conviennent-elles?

Les statines sont principalement prescrites aux personnes exposées à un risque de maladies cardiovasculaires, notamment celles présentant :

  • un taux de cholestérol élevé;
  • des antécédents de crise cardiaque, d’AVC ou de diabète;
  • d’autres facteurs de risque (p. ex., diabète, antécédents familiaux, hypertension et tabagisme).

Bien entendu, les statines ne remplacent pas un mode de vie sain, qui peut considérablement améliorer la santé cardiovasculaire et renforcer l’efficacité de cette classe de médicaments. Néanmoins, les bienfaits sont plutôt intéressants pour des pilules relativement inoffensives prises quotidiennement par environ 10 % des adultes au Canada (Statistique Canada). Alors, quel est le problème?

Effets secondaires des statines

Si la plupart des personnes qui en prennent n’ont rien à redire, environ 5 à 25 % des patients sous statines subissent des effets secondaires, les douleurs musculaires étant ceux le plus fréquemment signalés. Malheureusement, l’inconfort peut être suffisamment gênant pour que les patients cessent de prendre leur traitement, ramenant ainsi leur risque de maladies cardiaques au niveau initial [6, 7].

Le type de douleur musculaire le plus courant est la myalgie, décrite comme une gêne musculaire rappelant des symptômes « pseudo-grippaux », tels que des douleurs, des courbatures, des raideurs ou des crampes ressenties pendant ou peu après une activité physique. La myopathie, beaucoup plus rare, touche 1 patient sous statines sur 1000 et se manifeste par une faiblesse musculaire indépendante de la douleur. Un autre type de symptôme musculaire encore moins courant est la rhabdomyolyse, un effet secondaire grave observé chez seulement 1 patient sur 10 000. Elle se traduit par une lésion caractérisée par la dégradation des muscles. Comme pour tout traitement, l’évaluation des risques et des bienfaits est un élément essentiel de la prise de décision. Souvent, les bienfaits associés au traitement par statines l’emportent largement sur les risques, mais il arrive parfois que la douleur musculaire soit telle qu’elle entraîne l’arrêt complet du traitement, ce qui peut également fragiliser la relation entre le patient et le médecin.

Quoi qu’il en soit, il est essentiel de communiquer avec votre médecin en cas de douleur musculaire. Parfois, les statines ne sont même pas en cause. Votre médecin pourra essayer d’ajuster votre dose ou vous prescrire une autre statine ou un autre médicament efficace contre le cholestérol. Même si l’approche courante d’essais et erreurs permet souvent de trouver un traitement par statines bien toléré et efficace, la génétique peut constituer un outil puissant qui guidera votre médecin vers des options à faible risque.

Utiliser la médecine de précision pour guider votre traitement par statines

Récemment, la pharmacogénomique, un domaine de la médecine de précision, a gagné en popularité dans divers contextes cliniques, notamment en psychiatrie, en oncologie, en gestion de la douleur et en cardiologie. Cette science repose sur l’idée que notre code génétique, unique à chacun, peut nous faire réagir de façon différente à un même médicament. Dans le cas des statines, une dose standard qui convient bien à la plupart des gens pourrait être trop élevée pour certaines personnes présentant un variant génétique particulier. Plus précisément, le variant  5 du gène SLCO1B1 augmente la concentration des statines dans le sang, qui devient alors trop élevée et entraîne des symptômes musculaires [8]. En effectuant un test pharmacogénomique, une personne peut savoir si elle est porteuse du variant 5, ce qui aidera son médecin à choisir une statine et la dose appropriées. Avec un choix de sept statines, il peut être utile de s’en remettre à la génétique pour sélectionner le bon produit et la bonne dose, en déterminant le traitement le moins susceptible de provoquer des symptômes musculaires.

Bien que le fait d’en savoir plus sur l’état du gène SLCO1B1 ne suffise pas à garantir que les patients sous statines ne subiront aucun effet secondaire de type musculaire, ce renseignement permet de cerner plus précisément les personnes présentant un risque accru et de rassurer celles qui ne sont pas concernées. Des données récentes ont démontré que l’utilisation d’un test pharmacogénomique pour guider le traitement par statines améliorait l'adhésion au traitement et réduisait les symptômes musculaires associés aux statines. Il est également rassurant de constater que la recherche a démontré une absence d’effets négatifs sur la prévention des maladies cardiovasculaires [9,10].

Adopter une approche proactive de la santé

Il n’est pas toujours facile de s’y retrouver dans la masse de renseignements qui nous parviennent quotidiennement. Cependant, le principe « mieux vaut prévenir que guérir » résiste à l’épreuve du temps et demeure pertinent. Manger sainement et faire de l’activité physique ont toujours été considérés comme d’excellents moyens de favoriser le bien-être à long terme, et leur efficacité dans la prévention des maladies et le maintien d’une bonne santé est aujourd’hui scientifiquement prouvée [11,12]. Toujours dans un souci de prévention, les statines demeurent un outil puissant pour réduire le risque de maladies cardiovasculaires, mais les effets secondaires comme les douleurs musculaires peuvent inciter certains patients à arrêter le traitement, ce qui augmente à nouveau leur risque. C’est là que la pharmacogénomique peut entrer en scène, en aidant à instaurer un traitement par statines personnalisé, à réduire les effets secondaires et à favoriser une meilleure adhésion au traitement à long terme.

Sources12
  1. Müller C. Xanthomata, hypercholesterolemia, angina pectoris. Acta Med Scand 1938;89:75–84.
  2. Stanciulescu LA, Scafa-Udriste A, Dorobantu M. Exploring the Association between Low-Density Lipoprotein Subfractions and Major Adverse Cardiovascular Outcomes-A Comprehensive Review. Int J Mol Sci 2023;24.
  3. Jafri H, Alsheikh-Ali AA, Karas RH. Baseline and on-treatment high-density lipoprotein cholesterol and the risk of cancer in randomized controlled trials of lipid-altering therapy. J Am Coll Cardiol 2010;55:2846-54.
  4. Baigent C, Keech A, Kearney PM, et al. Efficacy and safety of cholesterol-lowering treatment: prospective meta-analysis of data from 90,056 participants in 14 randomised trials of statins. Lancet 2005;366:1267-78.
  5. Cholesterol Treatment Trialists C, Baigent C, Blackwell L, et al. Efficacy and safety of more intensive lowering of LDL cholesterol: a meta-analysis of data from 170,000 participants in 26 randomised trials. Lancet 2010;376:1670-81.
  6. Rosenson RS, Baker SK, Jacobson TA, Kopecky SL, Parker BA, The National Lipid Association's Muscle Safety Expert P. An assessment by the Statin Muscle Safety Task Force: 2014 update. J Clin Lipidol 2014;8:S58-71.
  7. Zhang H, Plutzky J, Shubina M, Turchin A. Continued Statin Prescriptions After Adverse Reactions and Patient Outcomes: A Cohort Study. Ann Intern Med 2017;167:221-7.
  8. Cooper-DeHoff RM, Niemi M, Ramsey LB, et al. The Clinical Pharmacogenetics Implementation Consortium Guideline for SLCO1B1, ABCG2, and CYP2C9 genotypes and Statin-Associated Musculoskeletal Symptoms. Clin Pharmacol Ther 2022;111:1007-21.
  9. Peyser B, Perry EP, Singh K, et al. Effects of Delivering SLCO1B1 Pharmacogenetic Information in Randomized Trial and Observational Settings. Circ Genom Precis Med 2018;11:e002228.
  10. Vassy JL, Gaziano JM, Green RC, et al. Effect of Pharmacogenetic Testing for Statin Myopathy Risk vs Usual Care on Blood Cholesterol: A Randomized Clinical Trial. JAMA Netw Open 2020;3:e2027092.
  11. Patterson R, McNamara E, Tainio M, et al. Sedentary behaviour and risk of all-cause, cardiovascular and cancer mortality, and incident type 2 diabetes: a systematic review and dose response meta-analysis. Eur J Epidemiol 2018;33:811-29.
  12. Katzmarzyk PT, Powell KE, Jakicic JM, et al. Sedentary Behavior and Health: Update from the 2018 Physical Activity Guidelines Advisory Committee. Med Sci Sports Exerc 2019;51:1227-41.
Michel Cameron, Ph. D.
Michel Cameron, Ph. D.
Directeur adjoint, pharmacogénomique, liaison en sciences médicales
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Souhaitant rendre la science de la génétique accessible à tous, Michel Cameron a cofondé BiogeniQ en 2014, une entreprise spécialisée en génétique où il a dirigé la conception et le développement de tests pharmacogénomiques qui est aujourd’hui détenue par Biron, Michel Cameron détient un doctorat en pharmacologie de l’Université de Montréal et a effectué des études postdoctorales en pharmacogénomique au Centre de pharmacogénomique de l’Institut de cardiologie de Montréal.