Parole de spécialiste — 8 minutes
Les clés d’une bonne santé osseuse
27 août 2025

Notre santé globale passe par la santé de nos os. Non seulement nos os protègent nos organes internes comme le crâne et la cage thoracique, mais ils nous permettent également de rester actifs, et comme nous le savons, l’activité physique est, elle aussi, essentielle à une bonne santé. Avec les années, nos os peuvent devenir plus fragiles et présenter un plus grand risque de fracture. L’ostéoporose est la principale cause de la perte de masse osseuse, mais elle n’est pas inévitable. En misant sur une alimentation équilibrée et sur l’exercice physique, nous pouvons réduire considérablement ce risque.
Pour garder nos os en santé, le calcium et les vitamines D et K sont essentiels. Heureusement, ces éléments se trouvent dans notre assiette! Le calcium se trouve dans tous les produits laitiers notamment dans le lait, le fromage et le yogourt et dans plusieurs légumes verts comme le chou frisé, l’artichaut, le bok choy et le brocoli. La vitamine D, quant à elle, est présente en grande quantité dans les œufs et les poissons gras tels que le saumon, l’omble chevalier et la truite arc-en-ciel. Quant à la vitamine K, une bonne ration de légumes verts à feuilles comme le chou vert frisé et le brocoli devrait suffire. Enfin, plusieurs boissons végétales sont enrichies en calcium, en vitamine D ou vitamine K, par exemple les laits végétaux à base d’amande ou de soja, le kéfir et d’autres boissons fermentées. On peut facilement confirmer leur teneur en calcium en consultant la liste des ingrédients ou le tableau de valeur nutritive sur les contenants.
Il est également possible de compléter l’apport de ces nutriments essentiels grâce aux nombreuses préparations offertes dans les pharmacies, les boutiques d’aliments naturels et même les épiceries de quartier. Santé Canada et Ostéoporose Canada publient régulièrement des recommandations concernant les quantités de calcium, et surtout de vitamine D et K, nécessaires pour maintenir une bonne santé osseuse, particulièrement après 50 ans [1-3].
Le remodelage osseux
Nous pourrions croire que notre squelette est une structure inerte, figée depuis la fin de notre croissance. C’est tout le contraire! Chaque jour, nos os s’adaptent en fonction des besoins immédiats de notre organisme, en ajustant leur masse et leur forme.
Tout au long de notre vie, nos os se renouvellent sans cesse. Deux types de cellules entrent en scène, l’une après l’autre. D’abord, les ostéoclastes grugent (ou résorbent) une petite partie des os à renouveler. Ensuite, les ostéoblastes viennent combler l’espace laissé vacant en formant du nouvel os. Cette succession de phénomènes – résorption suivie de formation osseuse – s’appelle le remodelage osseux.
Plusieurs protéines et autres composants sont essentiels à la composition de nos os. D’abord, il y a les acides aminés, qui fabriquent le collagène. Cette protéine représente un tiers de la structure osseuse et lui donne sa forme particulière, qu’il s’agisse d’un os plat ou d’une vertèbre, par exemple. Ensuite, le calcium, le phosphore et de petites quantités de magnésium composent les deux tiers restants de nos os. Ces minéraux leur confèrent leur grande solidité. La vitamine D est essentielle, car elle facilite l’absorption du calcium dans nos intestins et participe à la formation osseuse. D’autres protéines interviennent aussi, dont l’ostéocalcine, qui aide à déposer le calcium dans les os à l’aide de la vitamine K.
Les œstrogènes jouent un rôle important en freinant l’activité des ostéoclastes. C’est en grande partie pour cette raison que l’ostéoporose est si fréquente chez les femmes après la ménopause. Chez les hommes, une petite quantité d’œstrogènes est produite à partir de la testostérone. La chute progressive du taux de testostérone avec l’âge est beaucoup moins rapide chez l’homme, ce qui explique en partie pourquoi l’ostéoporose affecte moins souvent les hommes.
Le remodelage d’une portion précise de l’os est déclenché par la contrainte physique qu’il subit. Lorsque nous faisons de l’exercice physique, nous imposons à nos os de nouvelles charges qui stimulent la production d’un tissu osseux plus dense et plus fort.
Le remodelage osseux explique aussi pourquoi les astronautes en apesanteur perdent rapidement de la masse osseuse. Sur Terre, nos os doivent résister à la gravité pour supporter le poids du corps. Dans l’espace, cette contrainte disparaît : les ostéoclastes poursuivent leur travail de résorption, mais les ostéoblastes, moins sollicités, produisent moins de nouvel os. Résultat : les astronautes peuvent perdre de 1 à 2 % de leur masse osseuse chaque mois [4].
L’ostéoporose
L’ostéopénie est définie comme une perte légère à modérée de masse osseuse, tandis que l’ostéoporose désigne une perte plus sévère. Lorsque cette fragilité osseuse entraîne des fractures, on parle d’ostéoporose fracturaire. L’ostéoporose évolue sans symptôme pendant longtemps. Ce n’est que lorsqu’elle est bien avancée que l’on peut ressentir des douleurs dorsales, remarquer une perte de stature ou voir apparaître des fractures.
Le principal facteur de risque de l’ostéoporose est l’âge [5]. Au Canada, plus de 6 % de la population canadienne a reçu un diagnostic d’ostéoporose, dont 81 % sont des femmes.
Parmi les autres facteurs de risque [6], on note :
- la génétique, notamment avec certaines formes d’ostéoporose familiale;
- une faible masse osseuse au début de l’âge adulte;
- des traitements à long terme avec des corticoïdes à forte dose dont ceux utilisés pour la polyarthrite rhumatoïde et la maladie de Crohn, et des médicaments antiulcéreux et certains antidépresseurs;
- la ménopause et certains traitements qui abaissent le taux d’œstrogènes ou de testostérone, comme le traitement du cancer du sein ou de la prostate et l’ablation chirurgicale des ovaires ou des testicules;
- un hyperfonctionnement de la glande thyroïde ou des glandes parathyroïdes;
- une alimentation pauvre en calcium et en vitamine D ou une malabsorption de ces nutriments, ainsi qu’un manque d’exposition au soleil;
- une minceur excessive, l’absence d’activité physique ou une immobilisation prolongée;
- la consommation de tabac et d’alcool.
La radiologie et le diagnostic de l’ostéoporose
En l’absence de fractures causées par des os affaiblis (fractures de fragilité), le diagnostic d’ostéoporose repose principalement sur l’ostéodensitométrie. Cette technique utilise des rayons X à faible dose pour mesurer la densité minérale osseuse (DMO). Pour déterminer le stade de la maladie, on compare la DMO de la personne atteinte à celle d’une population de référence composée de jeunes adultes du même sexe.
Les résultats sont exprimés sous forme de score T.
- Un score T égal ou inférieur à -2,5 indique fortement la présence d’ostéoporose.
- Un score T entre moins 1,0 et -2,5 correspond à une ostéopénie.
- Un score T supérieur à -1,0 est considéré comme normal.
Par ailleurs, les radiographiques standards restent indispensables au diagnostic des fractures osseuses qui peuvent compliquer l’ostéoporose.
Prévention
Certains facteurs responsables de l’ostéoporose échappent à notre contrôle comme la génétique, le sexe, l’âge ou certains traitements médicamenteux. Cependant, plusieurs facteurs de risque, eux, dépendent de nos choix au quotidien :
- Adopter une alimentation équilibrée avec un apport suffisant en calcium, vitamine D et vitamine K;
- Éviter le tabac et limiter la consommation d’alcool;
- Pratiquer régulièrement de l’exercice physique;
- Prévenir les chutes, surtout chez les personnes âgées. En plus de ces mesures, il existe des traitements médicamenteux pour les formes les plus sévères d’ostéoporose dont les inhibiteurs de résorption osseuse comme les bisphosphates ou les agents de formation osseuse.
La perte de densité osseuse fait partie du processus naturel de vieillissement. Cependant, une bonne partie de la prévention se joue tôt dans notre vie. Pendant l’enfance et l’adolescence, nous bâtissons la plus grande partie de notre masse osseuse, celle qui nous accompagnera tout au long de notre existence.
Nous devons conserver ces bons réflexes le plus longtemps possible tout en limitant notre consommation d’alcool et en arrêtant le tabagisme. En cas de signes évocateurs – perte de taille, douleurs dorsales, fractures lors de chocs relativement légers – il ne faut pas hésiter à consulter une professionnelle ou un professionnel de la santé. Elle ou il prescrira une mesure de notre densité osseuse pour orienter la prévention ou le traitement [7].
Sources7
Collectif. « Vitamine D ». Santé Canada. https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/nutriments/vitamine-d.html. Consulté le 17 aoûut 2025.
Collectif. « Vitamine D ». Ostéoporose Canada. https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/nutriments/vitamine-d.html. Consulté le 17 août 2025.
Collectif. « Vitamine K ». Ostéoporose Canada. https://osteoporose.ca/vitamine-k/. Consulté le 17 août 2025.
Collectif. « Faites décoller votre santé osseuse ». International Osteoporosis Foundation. https://www.osteoporosis.foundation/esa-lift-off-for-bone-health/fr. Consulté le 29 juillet 2025.
Collectif. « L’ostéoporose et les fractures connexes au Canada, 2023 ». Agence de santé publique du Canada. https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/maladies-et-affections/osteoporose-fractures-connexes-canada-2021.html. Consulté le 29 juillet 2025.
Collectif. « Comprendre l’ostéoporose ». Ameli, 26 février 2025. https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/osteoporose/comprendre-osteoporose. Consulté le 29 juillet 2025.
Collectif. « Ostéoporose : stoppons cette voleuse silencieuse ». Parole de spécialiste, Biron Groupe Santé. https://www.biron.com/fr/centre-du-savoir/parole-de-specialiste/osteoporose-voleuse-silencieuse/. Consulté le 29 juillet 2025.
