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Le « baby blues » : quand les émotions se bousculent

24 octobre 2025

Dre Marie Farmer M.D., Ph. D.
Dre Marie Farmer M.D., Ph. D.
Consultante médicale

L’arrivée d’un bébé devrait être une période heureuse, un événement positif. Alors pourquoi certaines nouvelles mamans semblent ne pas bien vivre cette période?

Ce phénomène, désormais mieux reconnu et moins tabou, s’appelle le « baby blues ». Il survient entre le deuxième et le cinquième jour après l’accouchement, avec un pic au troisième jour. Il se manifeste par de l’anxiété, des changements brusques d’humeur, de l’irritabilité, des craintes inadaptées, telles que la peur de ne pas pouvoir s’occuper de son bébé ou encore de se sentir délaissée, ainsi que des troubles du sommeil et de la fatigue.

La bonne nouvelle est que cet état est transitoire. Il disparaît spontanément dans les deux semaines suivant l’accouchement. Selon les études, le « baby blues » touche entre 50 et 80 % des femmes ayant accouché.

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Qu’est-ce qui provoque le « baby blues »? 

Les causes du « baby blues » sont diverses. La fatigue, les changements hormonaux soudains après l’accouchement, liés notamment à la préparation de l’allaitement, ainsi que l’allaitement lui-même jouent un rôle important. À cela s’ajoute un amas d’émotions, souvent déclenché par le passage du statut de « femme enceinte » à celui de « mère », avec la responsabilité supplémentaire de prendre soin d’un être humain vulnérable et dépendant.

Le « baby blues » touche la majorité des femmes après un accouchement, même lorsque la grossesse et l’accouchement se déroulent bien. Cependant, certains facteurs peuvent favoriser ou déclencher ce phénomène, notamment : 

  • des antécédents de problèmes de santé mentale;
  • des conditions chroniques particulières;
  • un soutien insuffisant du partenaire ou de l’entourage;
  • des expériences difficiles durant l’enfance ou violences subies par le passé;
  • une faible estime de soi;
  • des conditions de vie difficiles, ou encore des événements récents marquants.

Au-delà du « baby blues » : reconnaître la dépression post-partum 

Le « baby blues » n’est pas un état pathologique, c’est-à-dire un état dû à une maladie. Celui-ci reflète l’adaptation de la mère à sa nouvelle vie. Il doit être différencié de deux autres situations pathologiques survenant après l’accouchement : la dépression post-partum et la psychose puerpérale.

La dépression post-partum est moins fréquente que le « baby blues », touchant environ 17 % des femmes dans les deux premiers mois après la naissance. Elle peut survenir jusqu’à un an après l’accouchement, mais le pic se situe entre la deuxième et huitième semaine. Chez ces femmes, plus d’un tiers ont moins de trois proches à qui se confier. La dépression post-partum peut se produire, sans aucun signe préalable, même après une grossesse et un accouchement sans complications, mais certains facteurs peuvent augmenter le risque :

  • un accouchement ou des conditions de vie difficiles;
  • des problèmes de santé maternels;
  • une séparation temporaire de la mère et du bébé qui survient pour des soins médicaux.

La dépression post-partum peut toucher n'importe quelle nouvelle maman, même sans antécédent de problème de santé mentale. Elle peut survenir :

  • après un « baby blues » qui ne disparaît pas ou qui s'aggrave;
  • à la suite d'un épisode dépressif pendant la grossesse.

Les symptômes sont marqués, parfois après une progression régulière ou survenir sous forme de décompensation brutale. On retrouve les mêmes symptômes que pendant le « baby blues », mais plus intenses et plus durables, au-delà de deux semaines après l’accouchement. D’autres symptômes s’ajoutent tels que :

  • la perte de poids;
  • la tristesse;
  • des idées noires, voire suicidaires;
  • un ralentissement physique et psychique.

Il s’agit d’une situation potentiellement grave, mais rassurez-vous : un suivi médical et psychologique adapté permet de s’en sortir.

Les études menées sur les pères révèlent que le partenaire peut, lui aussi, traverser un épisode dépressif après la naissance. Le soutien à la maison et un congé parental pour s’occuper du bébé peuvent aider à diminuer le stress et changer les choses.

La psychose puerpérale : une urgence rare mais grave

La psychose puerpérale est un événement rare, mais grave, aux pathologies en lien avec la grossesse et l’accouchement touchant une à deux femmes sur 1 000.

Les symptômes apparaissent dans les quatre semaines suivant l’accouchement, avec un pic au dixième jour et sont graves, avec un risque réel de suicide ou d’infanticide. Il s’agit d’une urgence psychiatrique nécessitant une prise en charge immédiate. Ce trouble peut correspondre généralement à un premier épisode de trouble bipolaire, et plus rarement à une schizophrénie. Les grossesses futures présentent un risque de récidive, ce qui rend la vigilance encore plus importante.

Bien que rare, la psychose puerpérale existe, et c’est pour cette raison qu’il est essentiel de prendre au sérieux le « baby blues », et, surtout, la dépression post-partum pour prévenir l’évolution vers cet état grave.

Parler, se reposer, se faire aider

Dans le cas d’un « baby blues », bien que les traitements médicaux ne soient pas indiqués, il est important d’adresser la situation et d’en parler avec des proches et avec des professionnel(le)s de l’accouchement, tels qu’une sage-femme ou un ou une médecin. Il est nécessaire d’avoir de l’aide à la maison pour permettre à la mère de dormir suffisamment et de manger équilibré. Le recours à une psychothérapie peut être envisagé d’autant plus qu’il existe un facteur facilitateur. Échanger avec d’autres personnes ayant vécu la même expérience peut également aider. Il est primordial que la mère fasse preuve de bienveillance envers elle-même, mais aussi qu’elle sache demander de l’aide.

Traverser le post-partum avec douceur et soutien

L’accouchement marque une période de grands changements dans la vie d’une femme. Selon la situation de chacune, celle-ci s’accompagne souvent d’un « baby blues », et reconnaître les symptômes permet une prise en charge adaptée. Il ne s’agit ni d’un échec ni d’une faiblesse : il s’agit de comprendre que la venue d’un enfant transforme durablement la dynamique du foyer, et a aussi un impact sur chacun des parents.

Prendre soin de soi, renforcer le lien avec l’enfant et favoriser son développement contribuent aussi à soutenir la santé et l’équilibre des parents. Des professionnel(le)s de l’accouchement, des groupes de parole locaux ou en ligne et des psychologues spécialisé(e)s offrent un soutien précieux pour traverser cette période de transition qu’est le post-partum.

Sources5
  1. Zhang, Yin-Ping, Lu-Lu Zhang, Huan-Huan Wei et al. « Post partum depression and the psychosocial predictors in first-time fathers from northwestern China ». Midwifery, vol. 35, avril 2016, p. 47-52. https://usherbrooke.on.worldcat.org/search/detail/5995215793. Consulté le 20 octobre 2025.
  2. Letourneau, N., Duffett-Leger, L., Dennis, C.-L., Stewart, M. et Tryphonopoulos, P. D. « Identifying the support needs of fathers affected by post-partum depression: a pilot study ». Journal of Psychiatric and Mental Health Nursing, vol. 18, no 1, février 2011, p. 41-47. https://usherbrooke.on.worldcat.org/search/detail/5155886124. Consulté le 20 octobre 2025.
  3. La Presse Médicale. « Volume 44, Issue 4, Part 1, April 2015, Pages 418-424 ». https://www.sciencedirect.com/journal/la-presse-medicale/vol/44/issue/4/part/P1. Consulté le 20 octobre 2025.
  4. Assurance Maladie. « Après l’accouchement : le retour à la maison — un suivi à domicile ». ameli.fr, 26 février 2025. https://www.ameli.fr/assure/sante/devenir-parent/accouchement-nouveau-ne-et-retour-la-maison/suivi-domicile. Consulté le 20 octobre 2025.
  5. Institut national de santé publique du Québec. « Baby blues ». inspq.qc.ca, 2025. https://www.inspq.qc.ca/mieux-vivre/accouchement/premiers-jours/baby-blues#:~:text=Beaucoup%20de%20nouvelles%20m%C3%A8res%20traversent,origine%20de%20cette%20d%C3%A9prime%20passag%C3%A8re. Consulté le 20 octobre 2025.
Dre Marie Farmer M.D., Ph. D.
Dre Marie Farmer M.D., Ph. D.
Consultante médicale