Médicaments et produits essentiels à avoir chez soi
26 septembre 2025

Les pharmacies sont aujourd’hui plus accessibles que jamais : ouvertes tard, parfois même 24 h sur 24, et souvent situées à quelques minutes de la maison. Alors, faut-il vraiment garder des médicaments chez nous? La réponse n’est pas si simple. Trop de produits peuvent mener au gaspillage et même présenter certains risques.
- Conséquence environnementale : les médicaments jetés ont une influence importante sur la planète [1].
- Coûts inutiles : acheter et conserver trop de produits génèrent des dépenses superflues.
- Risques pour la santé : utiliser un médicament expiré ou prendre un produit par erreur peut être dangereux. Par exemple, l’acétaminophène est responsable du plus grand nombre d’intoxication au Québec [2].
La clé n’est donc pas d’avoir « une pharmacie complète » à la maison, mais plutôt un petit trousseau, regroupant uniquement les produits essentiels pour les situations les plus fréquentes et nécessitant une intervention rapide.
Les indispensables de notre armoire à pharmacie
Les analgésiques (contre la douleur) et les antipyrétiques (contre la fièvre) font partie des médicaments les plus utilisés au quotidien. Ils permettent de soulager rapidement la fièvre, les maux de tête, les douleurs musculaires ou encore les inconforts liés aux infections courantes. Ils permettent de traiter des conditions très fréquentes et ils méritent une place de choix dans notre trousse maison.
Acétaminophène et Ibuprofène
Ils sont offerts en format solide ou liquide selon les besoins de votre famille.
Comment calculer la dose chez les enfants?
Les doses inscrites sur la boîte sont basées sur l’âge moyen, mais le calcul le plus précis se fait selon le poids de l’enfant. Plusieurs ressources fiables sont disponibles en ligne pour vous aider dans le calcul. Attention de ne pas dépasser les doses maximales. N’hésitez pas à demander à votre pharmacienne ou pharmacien de vous aider à calculer la dose appropriée.
Une coupure en cuisine ou une chute à vélo demandent souvent une prise en charge immédiate afin de prévenir les infections microbiennes. L’important est de désinfecter la plaie le plus tôt possible, puis d’appliquer un pansement protecteur [3].
Pour les petits accidents du quotidien, il est utile de garder à portée de main quelques produits de base pour nettoyer, protéger et favoriser une bonne cicatrisation des plaies :
- Solution saline stérile 0.9 % pour le nettoyage des plaies
- Disponible en pharmacie ou à préparer soi-même en respectant rigoureusement recette maison possible en tenant compte de façon rigoureux les proportions.
- Pansements adhésifs variés
- Compresses stériles et rouleaux de gaze avec du ruban adhésif médical
- Pansements hydrocolloïdes pour les ampoules
- Crème antibiotique topique (ex. polymyxine B + bacitracine)
Les inconforts gastro-intestinaux sont fréquents, surtout chez les enfants, et peuvent survenir soudainement. Une prise en charge rapide peut prévenir la déshydratation et soulager l’inconfort.
Solutions recommandées :
- Solution de réhydratation orale (SRO)
Elle aide à prévenir la déshydratation en cas de diarrhée ou de vomissements. Disponible en sachets à reconstituer, qui offrent une longue durée de conservation, ou en solution liquide, prête à l’emploi. Il existe aussi une recette maison à base d’eau, de jus d’orange et de sel. Cependant, il est important de respecter les proportions de sucre, de sel et d’eau ainsi que le dosage selon l’âge et le poids de l’enfant. - Laxatif doux, tel que le polyéthylène glycol, souvent appelé Lax-A-Day®)
Il est utile pour soulager la constipation occasionnelle d’augmenter la quantité de liquides dans le système digestif. Il est nécessaire d’espacer la prise de ce produit d’au moins 30 minutes de tout autre médicament [4].
Important : en cas de vomissements répétés ou de signes de déshydratation, tels que la bouche sèche, des pleurs sans larmes ou peu d’urine, consultez rapidement u(e) professionnel(le) de la santé [5].
Les petites éruptions, les démangeaisons et les piqûres d’insectes sont fréquentes. Voici quelques essentiels à garder à la maison pour soulager les inconforts.
- Crème hydratante neutre, non parfumée, pour éviter les irritations
- Hydrocortisone topique 0,5 % ou 1 % pour soulager les démangeaisons, l’eczéma léger et les piqûres.
- Gel d’aloès pour apaiser les brûlures mineures ou les coups de soleil.
- Produits anti-moustiques [6] :
- Les produits contenant des ingrédients actifs tels que le DEET, l’icaridine (picaridine) ou l’IR3535 sont efficaces, mais la concentration doit être adaptée à l’âge :
- Moins de 2 ans : évitez le DEET ou choisissez une formule à très faible concentration, soit au plus 10 %. Mieux vaut ne rien appliquer sans avis médical.
- De 2 à 12 ans : le DEET de 10 à 30 % ou alternatives comme l’icaridine 20 %.
- Appliquez-les uniquement sur les zones exposées, et évitez les mains, les yeux et la bouche.
- Les produits contenant des ingrédients actifs tels que le DEET, l’icaridine (picaridine) ou l’IR3535 sont efficaces, mais la concentration doit être adaptée à l’âge :
Réagir rapidement à une allergie, même légère, permet de limiter l’inconfort et d’éviter que la situation s’aggrave.
Cétirizine (Réactine®), loratadine (Claritin®) ou desloratadine (Aerius®)
Les antihistaminiques de deuxième génération peuvent aider à soulager les symptômes des rhinites saisonnières ou l’urticaire. Ils causent moins de somnolence, mais sont également moins puissants.
Diphénhydramine (Bénadryl®)
Les antihistaminiques de première génération, comme la diphénhydramine, ont longtemps été utilisés pour soulager les réactions allergiques. Cependant, ils sont connus pour provoquer de la somnolence et d'autres effets secondaires indésirables. C'est pourquoi la communauté médicale recommande de privilégier les antihistaminiques de deuxième génération, plus sécuritaires et mieux tolérés [7]. Par conséquent, la diphénhydramine ne devrait être utilisée que sous recommandation d’un(e) professionnel(le) de la santé, notamment en cas de symptômes allergiques sévères, où une consultation demeure essentielle.
Auto-injecteur d’épinéphrine (EpiPen®)
Il est indispensable en cas d’allergie sévère, c’est-à-dire de type anaphylactique. Il est essentiel d’avoir au moins un ÉpiPen sur vous, et un à la maison. Idéalement, gardez-en deux au même endroit si vous êtes à plus de 15 minutes d’un centre d’urgence.
Des produits pharmaceutiques populaires à éviter!
- Gouttes oculaires hydratantes : leur durée de conservation est souvent très courte. Mieux vaut les acheter au besoin, sauf en cas de problème chronique confirmé et récurent.
- Désinfectants alcoolisés : généralement trop puissants, ils peuvent irriter la peau et ralentir la cicatrisation.
- Sirop pour le rhume : malgré leur teneur en sucre qui agit comme agent de conservation, ils se conservent rarement plus de deux mois après l’ouverture. Considérant que la période de rhume revient à chaque hiver, le sirop pourrait ne plus être adéquat l’année prochaine [8].
- Acide acétylsalicylique (Aspirine) n'est plus recommandée pour le traitement de la fièvre ou de la douleur en raison d'alternatives plus efficaces et présentant moins d'effets indésirables. En effet, l'aspirine exerce un effet antiplaquettaire, ce qui peut augmenter le risque de saignements, même à faibles doses [9]!
Note importante : l'expression « bébé aspirine » est à éviter, car elle peut induire en erreur en laissant penser qu'il existe une forme d'aspirine spécifique pour les enfants. En réalité, l'aspirine est contre-indiquée chez les tout-petits en raison du risque de syndrome de Reye, une affection rare, mais grave.
Les bons réflexes
- Vérifiez régulièrement les dates d’expiration et rapportez tout produit périmé à la pharmacie plutôt que de les jeter aux ordures. C’est plus sécuritaire et meilleur pour l’environnement. En effet, trop de médicaments se retrouvent encore dans le fleuve Saint-Laurent, contribuant au déséquilibre de l’écosystème [10].
- Rangez les produits hors de la portée des enfants. Une boîte fermée ou une armoire verrouillée est recommandée.
- Conservez les produits dans leur emballage original afin d’éviter les confusions et de lire les instructions au besoin.
- Évitez de conserver les produits dans la salle de bain. L’humidité et les variations de température réduisent la durée de conservation. Favorisez un endroit frais, sec et à l’abri de la lumière.
- Adaptez l’inventaire à votre réalité familiale. Par exemple, une famille avec de jeunes enfants privilégiera les solutions de réhydratation et les sirops dosés, alors qu’une personne âgée pourrait bénéficier d'outils de surveillance comme un tensiomètre.
- Tenez une liste à jour de vos médicaments et de vos allergies.
- Ajoutez une trousse de Naloxone intranasale permet de bloquer ou de renverser une surdose d’opioïde comme la morphine, l’oxycodone, l’héroïne et le fentanyl. Elle est maintenant offerte gratuitement en pharmacie [11].
La date indiquée par le fabricant correspond au moment jusqu’auquel il garantit l’efficacité du médicament, à condition qu’il soit conservé dans son emballage original et scellé. Une fois le contenant ouvert ou si le pharmacien transfère les comprimés dans un autre flacon, la durée de conservation peut être plus courte.
Le risque principal lié à un médicament expiré est la perte d’efficacité, ce qui peut retarder la guérison. En cas de doute, demandez conseil à votre pharmacien(ne).
L’essentiel suffit
Avoir une armoire à pharmacie bien organisée ne veut pas dire accumuler des dizaines de boîtes de médicaments. L’important est de conserver une sélection restreinte de produits adaptés à vos besoins ou à ceux de votre famille. Cela permet de réagir rapidement aux imprévus du quotidien, tout en diminuant le gaspillage et en respectant l’environnement.
N’oubliez pas : votre pharmacien(ne) est votre meilleur(e) allié(e) pour vous conseiller sur la sélection et l’utilisation sécuritaire de ces produits.
Sources11
- Therapeutics Initiative. « Reducing the adverse environmental impacts of prescribing », University of British Columbia, 2023. https://www.ti.ubc.ca/2023/06/20/143-reducing-the-adverse-environmental-impacts-of-prescribing/.
- Institut national de santé publique du Québec, Preventing Intentional OTC Drug Overdoses, 2018. Gouvernement du Québec. https://www.inspq.qc.ca/en/publications/2445.
- Worster B, Zawora M.Q, Hsieh, C. « Common Questions About Wound Care » American Family Physician 91, n°2 (2015): 86 - 92.
- Dabaja A, Dabaja A, Abbas M. Polyethylene Glycol. StatPearls. Treasure Island (FL): StatPearls Publishing, 2025. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK557652/.
- Mayo Clinic. « Dehydration ». 02 mai 2025. https://www.mayoclinic.org/diseases-conditions/dehydration/symptoms-causes/syc-20354086.
- Santé Canada. Personal Insect repellents [Internet]. Ottawa (ON): Gouvernement du Canada; 2021 [cité 2025 sept 18]. Disponible sur: https://www.canada.ca/en/health-canada/services/about-pesticides/insect-repellents.html
- Mayo Clinic. « Anaphylaxis: First aid ». 18 juin 2024. https://www.mayoclinic.org/first-aid/first-aid-anaphylaxis/basics/art-20056608
- Hôpitaux Universitaires Genève. « Conservation des liquides oraux après ouverture. ». 6 mars, 2025. https://www.hug.ch/pharmacie/recommandations/document/conservation_liquides_oraux
- Whitlock EP, Burda BU, Williams SB, et al. « Bleeding risks with aspirin use for primary prevention in Adults: A Systematic Review for the U.S. Preventive Services Task Force ». Ann Intern Med 164, n°12 (2016) : 826- 835. doi:10.7326/M15-2112.
- Vaudreuil MA, Munoz G, Duy SV, Sauvé S. « Tracking down pharmaceutical pollution in surface waters of the St. Lawrence River and its major tributaries ». Science of the total environment 912, (2024) : 168680. https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2023.168680.
- Santé Canada. Naloxone, 2024. Gouvernement du Canada. https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/opioides/naloxone.html