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Parole de spécialiste — 7 minutes

L’allaitement : mythes et réalités autour de cette expérience unique

18 juillet 2025
Dre Marie Farmer M.D., Ph. D.
Dre Marie Farmer M.D., Ph. D.
Consultante médicale

L’allaitement, bien qu’il soit un geste naturel, reste entouré de nombreuses idées reçues qui peuvent semer le doute chez les mamans. Entre les conseils bien intentionnés de l’entourage, les récits partagés sur les réseaux sociaux et certaines croyances sociétales, il peut devenir difficile de démêler le vrai du faux.

Que vous attendiez un heureux événement ou que vous l’espériez, toutes sortes de questions surgissent naturellement sur la grossesse, sur l’accouchement... et bien sûr sur l’allaitement. Cette étape peut parfois sembler insurmontable, surtout lorsqu’il s’agit d’une première expérience, ou si la précédente ne s’est pas déroulée comme souhaité.

Les bénéfices pour votre bébé, et pour vous-même, sont nombreux : lien d’attachement mère-enfant renforcé, passage d’anticorps au bébé, bienfaits sur le neurodéveloppement, et plus encore. Cela dit, le choix d’allaiter ou pas vous appartient entièrement. Certaines personnes de notre entourage, ou parfois nous-mêmes, peuvent accorder foi à plusieurs mythes concernant l’allaitement. En voici quelques-uns, déconstruits et analysés, pour mieux vous accompagner dans votre réflexion.

allaitement

Mythe n°1 : « L’allaitement est instinctif et facile. »

C’est une idée que nous entendons souvent. En réalité, l’allaitement est un apprentissage, autant pour la mère que pour l’enfant.

Immédiatement après l’accouchement, et pendant les 48 à 72 premières heures, la production lactée se compose de colostrum : une substance épaisse et jaunâtre. Produit avant la « montée de lait », c’est-à-dire le volume définitif ou habituel tout au long de l’allaitement, le colostrum est riche en protéines, vitamines et minéraux, et il fournit au bébé des globules blancs et des anticorps qui l’aideront à lutter contre les infections.

Il est donc important de ne pas vous décourager si les quantités produites au départ vous semblent minimes : le colostrum est hautement nutritif.

Quand vient le moment d’allaiter, il est aussi primordial de prendre le temps de bien vous installer, ainsi que votre bébé, en utilisant, au besoin, un coussin d’allaitement. L’important est de se sentir à l’aise et détendue : votre bébé ressent vos émotions, surtout dans ce moment d’intimité, et tétera mieux dans une ambiance sereine.

Mythe n°2 : « Je n’ai pas assez de lait. »

Cette inquiétude est répandue chez les nouvelles mamans, et elle est tout à fait compréhensible. Dans les premiers jours après l’accouchement, avant la montée de lait, le colostrum fournit au bébé tout ce dont il a besoin, même si la quantité semble faible. Puis, survient la montée de lait, et la quantité de lait produite augmente significativement.

Pour vous rassurer, il suffit souvent d’observer la prise de poids de votre bébé, qui est en moyenne de 25 à 30 grammes par jour jusqu’à l’âge de 3 mois.

Si des doutes persistent malgré une bonne prise de poids, vous pouvez porter attention aux couches que vous changez : il devrait au moins y avoir de cinq à six couches « lourdes », c’est-à-dire imbibées d’urine, et deux à trois couches contenant des selles, dont la couleur variera entre le jaune moutarde et le jaune vert. De plus, les périodes d’éveil de votre bébé seront bien nettes, ce qui est aussi un bon indicateur.

Mythe n°3 : « Allaiter fait toujours mal. »

C’est une croyance bien ancrée. Il peut arriver que l’allaitement soit douloureux au début, et cela signale souvent qu’il y a des ajustements à faire, une fois la cause identifiée : fatigue ou stress trop importants, environnement peu calme, position inconfortable de la maman ou du bébé, présence d’un frein de langue trop court, mauvaise position de la langue du bébé, engorgement des seins, entre autres.

Si les douleurs persistent malgré les ajustements apportés, il existe des solutions. Il est par exemple possible de tirer votre lait et de le donner au biberon. Et si l’allaitement devient trop difficile à vivre, vous pouvez aussi l’interrompre. Ce qui compte, c’est de préserver votre bien-être émotionnel ainsi que le lien maman-bébé, qui peut être particulièrement vulnérable dans les premières semaines après la naissance. On estime que jusqu’à 20  % des femmes, soit une personne sur 5, vivent une dépression post-partum, aussi connue sous le nom de « baby blues ». Elle n’est pas causée uniquement par les difficultés liées à l’allaitement, mais il est essentiel de rappeler que cette période est sensible. Si vous décidez d’arrêter l’allaitement, vous n’avez pas à vous sentir coupable.

Mythe n°4 : « Si j’allaite, je ne peux pas travailler, prendre des médicaments, pratiquer un sport, boire du café... »

Toutes ces affirmations doivent être prises une par une et remises dans le contexte de la maman. Travailler tout en allaitant, c’est possible. Certaines femmes choisissent de tirer leur lait, en respectant les règles de conservation (comme le maintien de la chaîne du froid), pour que leur bébé puisse être nourri en leur absence. D’autres ont la possibilité d’allaiter sur place, ou encore de télétravailler. Rien n’est impossible : l’important, c’est de vous organiser selon ce qui vous convient.

Concernant la prise de médicaments pendant l’allaitement, le ou la spécialiste incontournable pour cette question est votre pharmacien(ne). Cette personne dispose des outils nécessaires pour vous renseigner de façon certaine et sécuritaire, et son accord est primordial pour préserver la santé de votre bébé.

Certaines substances, comme l’alcool, le cannabis ou les drogues illicites, traversent la barrière hémato-encéphalique (qui protège le cerveau) et nuisent au développement harmonieux du bébé. Elles causent des dommages parfois irréversibles directement au cerveau du bébé, encore en plein développement. Leur consommation est donc formellement contre-indiquée durant l’allaitement.

Concernant l’activité physique pendant l’allaitement, rien ne vous empêche de bouger. Il n’y a aucune contre-indication générale, à condition de rester à l’écoute de votre corps et d’éviter les excès. Obtenir l’avis d’un ou d’une spécialiste, comme une conseillère en allaitement, une sage-femme, un ou une médecin de famille ou une IPS, entre autres, pourrait vous rassurer.

Et le café? Il n’est pas interdit, mais comme pour plusieurs aliments, la clé est la modération. Pour toute question, l’avis d’une conseillère en allaitement ou encore d’un ou d’une nutritionniste vous aidera à vous sentir rassurée et sereine.

Mythe n°5 : « Si je suis malade, je dois arrêter l’allaitement. »

Il s’agit d’une croyance bien ancrée dans l’imaginaire collectif. Cependant, pour la plupart des maladies, il n’est ni nécessaire ni utile d’arrêter l’allaitement lorsqu’on est malade. Au contraire, il est plutôt conseillé de le poursuivre.

Encore une fois, pour valider la poursuite ou l’arrêt de l’allaitement, il est important de consulter un (une) professionnel(le) de la santé qui pourra vous informer avec justesse : une conseillère en allaitement, un ou une médecin de famille ou une IPS. Par exemple, en cas de rhume, la poursuite de l’allaitement, en respectant des règles d’hygiène comme le lavage des mains, permettra de transmettre des anticorps au bébé. Pour certaines infections, c’est le traitement, notamment certains antibiotiques, qui pourrait être incompatible avec l’allaitement.

Conclusion

Ces cinq mythes ne sont que quelques-uns des plus tenaces; plusieurs autres mériteraient d’être déboulonnés et analysés. Il est important de comprendre que tous ces mythes participent à l’augmentation du stress et de la culpabilité, et peuvent faire apparaître un sentiment d’échec chez la nouvelle maman, dont le moral est déjà vulnérable.

L’allaitement, pour bien se vivre, nécessite un climat rassurant, de confiance et de non-jugement. Le soutien de l’entourage, de spécialistes et de la communauté reste primordial pour sa réussite. Chaque femme qui allaite vit une expérience unique, qui mérite un accompagnement personnalisé et une écoute afin de rendre son choix d’allaiter une période magique pour elle et son bébé.

Dre Marie Farmer M.D., Ph. D.
Dre Marie Farmer M.D., Ph. D.
Consultante médicale