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Dysfonction érectile, diabète et troubles du sommeil : une combinaison explosive

On définit souvent la santé sexuelle de l’homme par sa capacité érectile. Malgré toute la publicité et la couverture médiatique entourant les médicaments pour y remédier, la dysfonction érectile demeure un sujet tabou, gênant à aborder. On la qualifie comme la difficulté persistante ou récurrente à obtenir ou maintenir une érection assez longue pour avoir une relation sexuelle satisfaisante [1].

Cette cause de déception et de frustration touche plus de gens que l’on pense. Selon une étude canadienne de 2006 réalisée auprès de plus de 3 000 hommes, 22 % de la population masculine de 40 à 49 ans souffrirait de dysfonction érectile légère à modérée. Ce pourcentage grimpe à 30 % chez les 50 à 59 ans et à plus de 50 % chez les 60 à 69 ans [2]. Souvent, cette incapacité ponctuelle ou chronique se manifeste sans que le principal concerné ne sache réellement pourquoi.

La mécanique de l’érection

L’érection résulte d’un afflux temporaire de sang dans les corps caverneux qui gonfle le pénis. Cet afflux nécessite que l’apport de sang soit suffisant et que son évacuation du pénis soit ralentie. Ces mécanismes sont contrôlés à la fois par le système vasculaire, le système nerveux et le taux de testostérone [3].
Or, il suffit qu’une cause externe vienne interférer avec l’un ou l’autre de ces systèmes pour causer la dysfonction érectile. Ces facteurs de risque [4] sont relativement nombreux :

  • maladie du cœur, athérosclérose, cholestérol élevé ou hypertension;
  • diabète, obésité ou syndrome métabolique;
  • maladie de Parkinson ou sclérose en plaques;
  • tabagisme, alcoolisme ou consommation de certains médicaments ou de drogues;
  • troubles du sommeil;
  • chirurgies de la prostate ou chirurgie ou blessures de la zone pelvienne;
  • maladie de La Peyronie (affection causant une courbure du pénis);
  • testostérone abaissée;
  • stress, dépression, anxiété ou autres désordres mentaux;
  • sentiment de gêne et piètre estime de soi;
  • vie sexuelle non satisfaisante;
  • problèmes de couple, autres problèmes relationnels ou difficultés à procréer.

Chacun de ces facteurs est suffisant, à lui seul, pour provoquer une dysfonction érectile. Mais lorsque deux ou trois d’entre eux se présentent en même temps, le pronostic est plutôt sombre. C’est particulièrement le cas lorsqu’on est atteint de diabète ou d’un trouble du sommeil. Pour en savoir plus à ce sujet, consultez la section intitulée Le triangle troubles du sommeil, diabète et dysfonction érectile.

Comment diagnostiquer la dysfonction érectile

Si différents facteurs de risque expliquent la baisse de vigueur sexuelle, comment peut- on cibler le ou les principaux responsables ?

Tout d’abord, il faut analyser les symptômes ressentis par le patient – parfois sous forme de questionnaire en ligne –, puis réaliser un examen physique du pénis et des organes voisins, comme la prostate. Le médecin traitant peut aussi prescrire des tests sanguins, dont un dosage de la testostérone et d’autres marqueurs (diabète, lipides, fonction thyroïdienne, etc.). Celui-ci peut également pratiquer une échographie Doppler de la circulation sanguine dans le pénis pendant une érection provoquée par l’injection d’un médicament. Par ailleurs, une évaluation psychologique est souvent nécessaire, surtout lorsqu’on ne peut identifier aucune cause physique.

Comment traiter la dysfonction érectile

Une fois que l’on sait pourquoi le patient souffre d’une dysfonction érectile, le traitement peut s’amorcer.

Le médecin veillera tout d’abord à résoudre le ou les problèmes de santé pouvant être en cause. Si le patient est diabétique, il faudra contrôler sa glycémie et ses dyslipidémies, que ce soit au moyen de médicaments oraux ou d’injections d’insuline. Si le patient est aux prises avec un trouble du sommeil, le médecin pourra intervenir de diverses façons, notamment en proposant un appareil de ventilation en pression positive continue (CPAP).

Très souvent, l’érection est retrouvée grâce à des médicaments oraux comme le sildénafil (Viagra), le tadalafil (Cialis) ou le vardénafil (Levitra) qui aident à relaxer les vaisseaux sanguins pour augmenter l’afflux de sang au pénis. Mais, contrairement à une certaine croyance populaire, ces médicaments ne sont pas des aphrodisiaques. Ils aident à maintenir l’érection, pas à la créer.

Faciliter les érections, c’est bien, mais pas à n’importe quel prix. Les médecins et pharmaciens sont donc à l’affût des nombreux effets secondaires de ces médicaments : bouffées vasomotrices, congestion nasale, maux de tête, troubles de vision, maux de dos et troubles digestifs. Ils doivent s’assurer que les précautions nécessaires soient respectées pour les individus qui souffrent d’hypotension, présentent des maladies cardiaques ou prennent des médicaments à base de nitrate (contre l’angine de poitrine).

Heureusement, en cas de contre-indication stricte, il existe d’autres solutions. Ils peuvent recevoir de l’alprostadil, que ce soit sous forme d’autoinjections (Caverject) ou de mini-suppositoires (Muse) à insérer dans l’urètre. Ils peuvent aussi utiliser une pompe à vide ou avoir recours à une chirurgie pour compenser un débit sanguin trop limité vers le pénis.

Le triangle troubles du sommeil, diabète et dysfonction érectile

Troubles du sommeil, diabète et dysfonction érectile font, à regret, très bon ménage. Ces éléments constituent les trois côtés d’un triangle pernicieux, qui porte atteinte à la santé physique et mentale de plusieurs hommes.

Apnée obstructive du sommeil et diabète

Le lien entre les troubles du sommeil et le diabète sont connus depuis plusieurs années. Près de la moitié des personnes diabétiques de type 2 souffre également d’un syndrome d’apnée obstructive du sommeil (SAOS). Cette proportion grimpe à 86 % chez les diabétiques de type 2 obèses [7].

Même si le lien entre les deux pathologies n’est pas encore complètement établi, il n’y a aucun doute qu’elles sont reliées. La baisse momentanée du taux d’oxygène à plusieurs reprises pendant la nuit peut causer de l’hypertension et altérer la réponse aux effets de l’insuline (résistance à l’insuline), des facteurs étroitement associés au diabète (8).

Diabète et dysfonction érectile

La dysfonction érectile intermittente ou permanente touche de 34 à 45 % des hommes diabétiques et près de la moitié de ceux qui sont atteints de diabète de type 2 depuis plus de 6 ans [5]. La dysfonction érectile se produit plus tôt chez les diabétiques, pouvant même parfois constituer le premier symptôme de la maladie [4].

Le diabète nuit à la production d’une érection satisfaisante de plusieurs façons:

  • il durcit les artères et compromet la circulation efficace du sang dans les corps caverneux du pénis;
  • il augmente les taux de glucose dans le sang, ce qui rétrécit les vaisseaux alimentant les nerfs. Ceux-ci fonctionnent moins bien, pouvant ainsi se traduire par une dysfonction érectile;
  • il abaisse les taux de testostérone, qui sont étroitement associés à la libido;
  • il diminue le nombre de cellules immunitaires capables de lutter contre les infections, notamment la douloureuse mycose du prépuce, qui est peu compatible avec l’érection.


Diabète Canada estime que 29 % de la population canadienne est diabétique ou prédiabétique. Le nombre de cas de diabète est en constante augmentation, essentiellement à cause de l’augmentation de l’obésité. À la lumière de ces données, on peut donc supposer que le nombre de cas de dysfonction érectile associé au diabète augmentera au cours des prochaines années [6].

Apnée obstructive du sommeil et dysfonction érectile

Plusieurs études montrent que, même sans diabète, moins le sommeil est de bonne qualité, plus les problèmes de dysfonction érectile sont fréquents. On observe une baisse des taux de testostérone chez les individus vivant avec un SAOS [9], ce qui n’est vraiment pas propice au développement d’une érection.

Nos professionnels sont là, pour vous

La toute première étape pour retrouver une qualité de vie satisfaisante et une vie sexuelle épanouie consiste à obtenir un diagnostic précis. Un professionnel de la santé peut vous accompagner dans cette démarche.

Sources9
  1. Association française d’urologie. Dysfonction érectile. Prog Urol, 2013, 9, 23, 629-637. Consulté le 24 octobre 2023.
  2. S.A. Grover, I. Lowensteyn, M. Kaouache et coll. The Prevalence of Erectile Dysfunction in the Primary Care Setting. Importance of Risk Factors for Diabetes and Vascular Disease. Arch Intern Med. Vol. 166, no 23. 23 janvier 2006. Consulté le 24 octobre 2023.
  3. H. Hirsch. Dysfonction érectile (DE). Le Manuel Merck. Consulté le 24 octobre 2023
  4. M. Ziegelmann. Erectile dysfunction. Mayo Clinic. 29 mars 2022. Consulté le 24 octobre 2023.
  5. R. Bebb, A. Millar, G Brock. Dysfonction sexuelle et hypogonadisme chez les hommes diabétiques. Canadian Journal of Diabetes. Can J Diabetes 42 (2018) S228-S233. Consulté le 24 octobre 2023.
  6. Diabète Canada. « Le diabète au Canada : Document d’information ». Ottawa, 2021. Consulté le 31 octobre 2023.
  7. Heinzer R., Vat S., Marques-Vidal P. Prevalence of sleep-disordered breathing in the general population: the HypnoLaus study. Lancet Respir Med. 2015;3(4):310–318. Consulté le 24 octobre 2023.
  8. Cleveland Clinic. Erectile dysfunction. https://my.clevelandclinic.org/health/diseases/10035-erectile-dysfunction. Consulté le 31 octobre 2023.
  9. J. Doumit, B. Prasad. Sleep Apnea in Type 2 Diabetes. Diabetes Spectr. Vol. 29, no 1. 2016 pp. 14-19. Consulté le 31 octobre 2023.