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Pourquoi ai-je tant sommeil à l’automne?

Maintenant que les longues journées d’été sont derrière nous et que les arbres ont perdu leurs feuilles, vous remarquerez peut-être que vos habitudes de sommeil commencent à changer. Bien que nous ayons tendance à surtout penser au trouble affectif saisonnier (TAS) pendant les jours les plus sombres de l’hiver, les variations de la quantité de lumière solaire à laquelle nous sommes exposés en automne et le changement d’heure peuvent nous perturber plus que nous le pensons, et produire des effets imprévus sur notre humeur, notre santé et notre sommeil.
Sortir du lit est une corvée
Le TAS est une dépression majeure à caractère saisonnier. Selon la définition la plus récente du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), il s’agit d’un trouble classé comme un sous-ensemble de la dépression. Mais même parmi ceux et celles qui ne souffrent pas des problèmes de santé mentale importants associés à un TAS diagnostiqué, l’automne peut quand même se révéler une période de torpeur.
Bien que la durée de notre sommeil augmente généralement à l’approche de l’hiver, la qualité de notre sommeil peut en souffrir, ce qui entraîne un état de torpeur et une difficulté à rester éveillé pendant la journée, une affection appelée hypersomnie [1]. Dans une étude menée auprès de 293 patients atteints de TAS et portant sur l’effet de la lumière et du changement des saisons, l’hypersomnie s’est avérée être un problème beaucoup plus répandu (80 %) que l’insomnie (10 %). Dans l’ensemble de la population, un échantillon aléatoire de 1 571 personnes a montré que, pendant l’automne, la durée du sommeil avait tendance à augmenter de jusqu’à deux heures comparativement à l’été [2]. Vous avez peut-être déjà remarqué que vous dormez davantage en octobre, qui est le mois de pointe du sommeil selon l’étude.
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Un rayon de lumière
Cette sensation de manque d’énergie qui se manifeste à l’automne est le résultat naturel de la diminution du nombre d’heures d’ensoleillement, ainsi que de l’apport réduit en vitamine D que nous recevons du soleil. Parallèlement, la diminution de l’exposition à la lumière naturelle perturbe aussi le rythme circadien du corps, c’est-à-dire le processus biologique interne qui régule notre cycle de sommeil indépendamment de nos horaires personnels. Une étude réalisée en 2012 par l’Université de Tromsø, en Norvège, a comparé les habitudes de sommeil de sujets à Accra (Ghana) et à Tromsø, deux endroits où l’exposition lumineuse et la durée du jour diffèrent fortement [3]. Elle a constaté que l’exposition à la lumière du jour le matin avait une incidence notable sur le rythme circadien. Les sujets du Ghana n’ont signalé presque aucune différence saisonnière par rapport à ceux de la Norvège.
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Une autre étude sur les habitudes de sommeil des employés de bureau a montré que les personnes qui n’avaient pas de fenêtre dans leur bureau, et qui n’étaient donc exposées qu’à une lumière du jour minimale, dormaient moins bien globalement et étaient moins actives physiquement que leurs collègues qui pouvaient voir au moins un peu de soleil à partir de leur poste de travail [4].
Une diminution de l’exposition à la lumière augmente la production de mélatonine, une hormone qui aide à réguler le rythme circadien. L’augmentation de la mélatonine dans le corps entraîne la léthargie et la fatigue – nous pouvons avoir l’impression d’avoir besoin de plus de sommeil simplement en raison de la concentration accrue de mélatonine. De manière plus globale, des études menées ces dernières années ont montré que notre corps a tendance à évacuer plus rapidement la sérotonine, précurseur de la mélatonine, de notre cerveau pendant les mois les plus froids [5] [6].
Il a été démontré que la luminothérapie aide certains patients souffrant d’hypersomnie et qu’elle est également efficace dans le traitement du TAS [7].
Bien sûr, la fin de l’heure avancée ne facilite pas les choses, car elle oblige notre corps à se recalibrer en fonction d’une nouvelle horloge. Mais une bonne hygiène du sommeil peut vous aider à surmonter rapidement cette difficulté d’adaptation. Il s’agit de choses simples comme d’éviter la caféine et l’alcool, de faire de l’exercice en début de soirée, de vous détendre de la manière qui vous convient le mieux. Les masques oculaires peuvent également vous aider, tout comme le fait de retirer les appareils électroniques munis de DEL luminescentes de la pièce où vous dormez. Éviter les écrans avant l’heure du coucher aide aussi à signaler à votre corps qu’il est l’heure d’aller au lit.
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Si vous avez des questions ou désirez obtenir plus d’information, n’hésitez pas à contacter le service à la clientèle de Biron Groupe Santé au 1 833 590-2713.
Sources7
- « Hypersomnia: What Are the Symptoms », MedicineNet. 22 février 2010. https://www.medicinenet.com/hypersomnia/article.htm#what_causes_hypersomnia.
- Anderson, Janis L., Leora N. Rosen, Wallace B. Mendelson, Frederick M. Jacobsen, Robert G. Skwerer, Jean R. Joseph-Vanderpool, Connie C. Duncan, Thomas A. Wehr et Norman E. Rosenthal. « Sleep in Fall/Winter Seasonal Affective Disorder: Effects of Light and Changing Seasons », Journal of Psychosomatic Research 38, no 4 (1994) : 323–37. https://doi.org/10.1016/0022-3999(94)90037-x.
- Friborg, Oddgeir, Bjørn Bjorvatn, Benjamin Amponsah et Ståle Pallesen. « Associations between Seasonal Variations in Day Length (Photoperiod), Sleep Timing, Sleep Quality and Mood: a Comparison between Ghana (5°) and Norway (69°) », Journal of Sleep Research 21, no 2 (octobre 2011) : 176–84. https://doi.org/10.1111/j.1365-2869.2011.00982.x.
- Boubekri, Mohamed, Ivy N. Cheung, Kathryn J. Reid, Chia-Hui Wang et Phyllis C. Zee. « Impact of Windows and Daylight Exposure on Overall Health and Sleep Quality of Office Workers: A Case-Control Pilot Study », Journal of Clinical Sleep Medicine, 2014. https://doi.org/10.5664/jcsm.3780.
- Deans, Emily. « Sunlight, Sugar, and Serotonin », Psychology Today, Sussex Publishers, (Consulté en novembre 2019). https://www.psychologytoday.com/ca/blog/evolutionary-psychiatry/201105/sunlight-sugar-and-serotonin.
- Praschak-Rieder, Nicole, Matthaeus Willeit, Alan A. Wilson, Sylvain Houle et Jeffrey H. Meyer. « Seasonal Variation in Human Brain Serotonin Transporter Binding », Archives of General Psychiatry 65, no 9 (janvier 2008) : 1072. https://doi.org/10.1001/archpsyc.65.9.1072.
- Levitt, Anthony J. et Raymond W. Lam. Canadian Consensus Guidelines for the Treatment of Seasonal Affective Disorder, Vancouver, Clinical and Academic Pub., 1999. https://mdsc.ca/documents/Consumer%20and%20Family%20Support/CCG_on_Seasonal_Affective_Disorder.pdf
